La série humoristique « Murderbot, journal d’un AssaSynth » sur Apple TV+, adaptée des romans de Martha Wells, déploie une intrigue originale autour d’un androïde dépressif, blasé par son travail d’agent de sécurité et qui se demande s’il ne va pas tuer tous ces humains inutiles. Très drôle!
Les frères Weitz qui, depuis « American Pie » en 1999, ont su tracer leur sillon principalement sur grand écran, goûtant au tout-venant comme au film à gros budget pour Chris avec « La boussole d’or » ou encore le chapitre II de « Twilight », s’associent pour réaliser les dix épisodes de « Murderbot ».
Après « Afraid », thriller horrifique avec une IA qui disjoncte, Chris Weitz reste donc dans le domaine des robots incontrôlables, mais cette fois, la comédie prend le dessus. Il invite son frère Paul à lui donner un coup de main. Il faut dire que la série en héberge une autre: « Sanctuary Moon », un improbable Star Trek à l’eau de rose dont l’AssaSynth est un fan absolu.
Un robot sociopathe fan de soap spatial
En fait, l’androïde Sec-Unit, autobaptisé AssaSynth, disjoncte à cause des humains qu’il doit protéger. Il les déteste, car ils sont bêtes, mus par l’appât du gain, passent leur temps à manger, boire, vomir, déféquer, échanger leurs fluides corporels dégoûtants, se chamailler, discuter, s’épancher, pleurer, paniquer en cas de danger, bref ils sont nuls et inutiles! Ainsi, après avoir trucidé une tripotée de mineurs à la fin d’une mission de surveillance, AssaSynth est placé au rebut des robots avec un reboot à la clé pour le reconditionner.
A peine réinitialisé, Sec-Unit refait sauter le verrou informatique et se libère de l’emprise de ses concepteurs. Capable de libre arbitre, il doit éviter d’être démasqué sous peine de finir au recyclage. Ce premier élément de suspens capte immédiatement l’attention du spectateur. Combien de temps va-t-il conserver son secret? Comment agir pour passer inaperçu? Et s’il venait à être découvert, serait-il prêt à un nouveau carnage pour sauver sa carcasse et continuer à se délecter pénard des nombreuses séries qu’il adule comme « Sanctuary Moon »?
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Un thriller SF qui cache un récit d’émancipation
L’autre intérêt du scénario est de lui confier une mission de sécurité auprès d’un sympathique groupe de scientifiques baba hippie partis en exploration sur une exoplanète a priori tranquille, un voyage dans une autre galaxie qui sera très chahuté. Avec sa tête d’humain recyclé, AssaSynth est source de méfiance et d’angoisse pour l’équipage, surtout l’humanoïde, une version inférieure à l’androïde qui sent bien que quelque chose cloche avec ce Sec-Unit.
Un peu d’action, du complot, des bestioles menaçantes, des personnages tous plus attachants les uns que les autres font de ce « Murderbot, journal d’un AssaSynth » une pépite, dix épisodes de vingt-cinq minutes chacun à consommer sans modération.
Un casting solide au service d’un robot inoubliable
Attention toutefois au pitch trompeur. La série est vendue comme un thriller à l’humour noir avec un robot sociopathe hors de tout contrôle. En réalité, ce journal intime raconté en voix off déroule plutôt l’histoire d’un esclave qui se rebelle, gagne sa liberté et revoit son jugement sur les humains.
Derrière ce vernis SF, la série ne parle que de tolérance, de respect des différences, qu’il s’agisse d’un trouple un peu barré dans l’équipage ou d’un robot que la capitaine se plaît à humaniser au prétexte qu’il est composé en partie de tissus humains et qu’il réfléchit par lui-même. Au passage, Alexander Skarsgård (« Tarzan », « Big Little Lies ») donne du corps et de l’épaisseur à cet AssaSynth d’un flegme redoutable, le rendant tour à tour menaçant ou sympathique. Le reste du casting est également à la hauteur de ce divertissement.
Note: 5/5
Philippe Congiusti
« Murderbot, journal d’un AssaSynth », de Chris et Paul Weitz, avec Alexander Skarsgård, Noma Dumezweni, David Dastmalchian. Disponible sur Apple TV+ depuis le 16 mai 2025.