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Berceau du street art à Toulouse, au début des années 90, le quartier Arnaud Bernard est un passage obligé pour le Graff Tour de l’Office de tourisme. Prochaine visite guidée, le 11 août.

Signé Mosquito, le premier graff toulousain référencé a été réalisé à la gare Matabiau en 1987. Il s’agit d’une inscription de Toulouse, sobre et dessinée en lettres arrondies. Mais c’est dans le fougueux quartier Arnaud Bernard que le street art est né et s’est développé à Toulouse, au début des années 90. Un espace de liberté créative, symbolisé par la rue Gramat, véritable musée du graff à ciel ouvert. « Le street art s’y exprime sous toutes ses formes », observe Emmanuelle, l’une des guides-conférencières de l’office de tourisme, notamment, préposée au Graff Tour. « On y trouve du pochoir mais aussi du collage, de la mosaïque, du sticker et même du macramé. Tout cela est en évolution permanente car le graff est un art éphémère fait pour être recouvert même si les artistes se respectent ».

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Si la très bariolée rue Gramat est le temple de cette activité tolérée mais illégale, elle a aussi officialisé cette discipline artistique. Des festivals de graff y ont, un temps, élu domicile avec la bénédiction des riverains. « Je suis inquiet car trois maisons doivent être détruites à l’angle de la rue de la Chaîne », commente Hervé, un habitant du quartier. « J’ai peur que les graffs fassent les frais des promoteurs immobiliers qui vont construire une résidence… »

30 ans de street art

À quelques pas, sur l’un des murs d’enceinte du jardin d’Embarthe, un graff historique de 1994 vient d’être réhabilité et dégagé du lierre qui le recouvrait. Grâce à sa couverture végétale, il est en parfait état et conserve les tags de ses illustres auteurs. Tilt, Soone et Miss Van composent cette fresque imaginative, conçue au sein du collectif Truskool. « À l’époque, ils ont créé Truskool en référence à la Old School de New York et à la New School parisienne », complète la guide de l’office de tourisme. « C’est un clin d’œil de cette génération qui a marqué le graff à Toulouse et qui est toujours présente même si Miss Van vit désormais entre Barcelone et les Baléares ».

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Si la place Arnaud Bernard, en constante évolution, ne porte plus les stigmates de l’heure de gloire du graff dans le quartier, l’immeuble qui la domine, à l’angle du boulevard Lascrosses, rappelle son goût pour le street art et l’adhésion de la population. L’assemblée générale des copropriétaires de l’immeuble a voté, en 2017, la réalisation d’un graff mural de 30 m. Constitué en sept strates, il a été réalisé en sept jours et sept nuits par sept graffeurs dont certains ont leur petite notoriété à Toulouse. On y retrouve les pionniers Tilt et Soone mais aussi C. Tee à qui l’on doit les désormais célèbres poulets que l’on voit un peu partout des bords de la rocade à Empalot.

Certaines œuvres disparaissent

Parfois aussi, certaines œuvres disparaissent, recouvertes, détruites ou volées. Depuis quelques jours, les petits monstres en mosaïques d’Invader ne sont plus sur le mur d’une des maisons de la place Saint-Julien. « Je suis choquée de ne plus les voir », n’en revient pas Emmanuelle. « Cela fait des années que je les montre à des groupes lors du Tour Graff. Tout est possible. Ils ont pu être volés. Nous n’avons pas de Banksy à Toulouse mais Invader est mondialement connu. Grâce à Thomas Pesquet, ses petits monstres ont même été dans l’espace ».

Petit montre en mosaïques signé Invader.

Petit montre en mosaïques signé Invader.
DDM archives – Chantal Longo

Le Graff Tour de l’office de tourisme se poursuit jusqu’aux Carmes, lors des visites collectives, dont la prochaine aura lieu le 11 août. En individuel, il est possible d’aller jusqu’à Bellefontaine pour admirer l’exposition « Femmes dans l’espace public », visible sur plusieurs bâtiments du quartier.

Tarif : 15 €. Réservation, tél. 05 17 42 31 31. www.toulouse-tourisme.com