Les députés ukrainiens privent les instances anticorruption de leur indépendance
Les députés ukrainiens ont adopté mardi une loi qui prive les deux institutions chargées de la lutte anticorruption de leur indépendance, au lendemain de l’arrestation, très critiquée, d’un responsable travaillant dans l’une de ces structures.
Malgré les critiques, le Parlement a voté mardi à 263 voix pour, 13 contre et 13 abstentions, pour subordonner les activités du Bureau national de lutte contre la corruption (NABU) et du parquet spécialisé (SAP) au procureur général, lui-même subordonné au président, Volodymyr Zelensky.
Semen Kryvonos, directeur du NABU, a exhorté le chef de l’Etat à ne pas promulguer le texte qui, selon lui, « détruit » l’infrastructure anticorruption et permettra à certains de devenir « intouchables ». Le texte « ruine effectivement l’indépendance de ces deux institutions vis-à-vis de toute influence politique et pression sur nos enquêtes », a abondé le directeur du SAP, Oleksandr Klymenko.
« Aujourd’hui est un jour de honte pour le Parlement ukrainien. Les autorités ont introduit des amendements à la loi visant à détruire l’organe de lutte contre la corruption », s’est, lui aussi, indigné sur Telegram le député indépendant Oleksiï Gontcharenko, disant y voir un « pas vers un régime autoritaire ».
Selon le député Roman Lozinsky, ce texte accorde au procureur général le pouvoir de gérer le SAP, de donner des « instructions écrites obligatoires » au NABU, d’accéder aux détails de n’importe quelle affaire et de les déléguer au procureur de son choix ou à d’autres agences.
Quelques heures avant le vote, l’Union européenne s’est dite, par la voix de son porte-parole, Guillaume Mercier, « préoccupée », rappelant que ces deux instances étaient « essentielles au programme de réforme » que l’Ukraine s’est engagée à mener pour pouvoir adhérer à l’UE.
Lundi, les services de sécurité ukrainiens (SBU) avaient annoncé l’arrestation d’un responsable du NABU soupçonné d’espionnage au profit de Moscou et ont perquisitionné les locaux de l’organisation, qui rejette ces accusations.
Jean-Noël Barrot en déplacement à Kharkiv 
Le ministre des affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot, à Kharkiv, mardi 22 juillet 2025. IVAN SAMOILOV / AFP
Le ministre des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, vient de quitter Kharkiv, où il s’était rendu ce matin par le train de nuit avec son homologue ukrainien, Andrii Sybiha.
Pour la deuxième fois après son déplacement à Soumy, en octobre 2024, ville où les Ukrainiens avaient lancé leur offensive dans l’oblast russe de Koursk, il a souhaité se rendre sur une position militaire et s’entretenir des avancées du front oriental avec le général Mykhaïlo Drapaty, commandant des forces terrestres ukrainiennes.
Il a ensuite partagé un borchtch dans un abri militaire avec les chefs d’une brigade postée à une vingtaine de kilomètres à l’est de Kharkiv. « Le front russe n’a avancé que de 0,25 % depuis le début de l’année », soutient le patron du Quai d’Orsay.
Le matin, à Kharkiv, distante de seulement 30 kilomètres de la frontière russe, il était monté sur le toit du siège de la BNP Paribas « pris pour cible par les missiles de Vladimir Poutine, car la guerre d’agression ne se joue pas seulement sur le front », et a pu constater les dégâts très visibles dans le centre-ville, avant de visiter le Musée de la littérature de Kharkiv, « car la guerre ne se mène pas seulement avec les canons et les tanks, mais avec les armes de l’esprit ».
Ariane Chemin Les faits essentiels (1) Afficher
- Ce qu’il faut retenir, mardi 22 juillet à 21 heures
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