Publié le
22/07/2025 – 22:15 UTC+2
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C’est un bâtiment administratif comme en compte beaucoup la ville de Bruxelles. C’est dans l’un des douze étages de l’immeuble construit dans les années 1960 que se trouve l’Office des étrangers. C’est ici que se décide le sort des migrants et celui de leur famille.
Le service est au centre de l’attention politique. Les députés ont adopté la semaine dernière le projet de loi du gouvernement qui restreint l’accès au regroupement familial. Ce dispositif permet à une personne étrangère en situation régulière de faire venir un ou plusieurs proches.
Selon les nouvelles directives, les réfugiés n’auront plus que six mois au lieux de 12 pour déposer leur demande. Les bénéficiaires de la protection subsidiaire, autrement dit ceux qui n’ont pas le statut de réfugié, devront eux attendre deux ans avant de pouvoir présenter leur dossier.
Le texte exige aussi des ressources financières plus importantes. Le revenu minimum pour déposer une demande est revu à la hausse. Il faut désormais disposer d’un salaire d’environ 2 300 euros, contre 2 100 euros selon la réglementation précédente. Ce montant est augmenté de 10 % pour chaque membre supplémentaire de la famille.
« Si quelqu’un veut faire venir son partenaire et ses deux enfants, il doit gagner 2 700 euros nets par mois « , précise Thomas Willekens, chargé de politique pour l’ONG Vluchtelingenwerk Vlaanderen, basée à Bruxelles.
Cette somme « est énorme et je dirais que le salarié moyen en Belgique ne gagne même pas cette somme « , ajoute-t-il.
Une quasi-impossibilité qui ne dit pas son nom
La ministre belge en charge de l’Asile et de la Migration, la nationaliste flamande Anneleen Van Bossuyt, défend ces mesures. Pour celle qui a porté le projet « il faut réduire les flux entrants. Notre société n’est pas plus en mesure de supporter cette charge « .
Le gouvernement veut réduire les arrivées de migrants par la voie du regroupement familial. Selon les chiffres de l’Office des étrangers, 20 724 personnes originaires de pays hors de l’Union européenne ont obtenu l’année dernière un visa pour la Belgique dans le cadre de ce dispositif.
Les autorités belges ont par ailleurs décidé d’augmenter aussi les frais de dossier pour déposer une procédure de naturalisation. Ils passent de 150 euros à 1 000 euros.
Pour Thomas Willekens, ces nouvelles règles sont surtout une façon déguisée de rendre impossible le regroupement familial au risque de plonger ces familles dans une situation plus dangereuse encore.
« Les conséquences pour les réfugiés en Belgique seront une séparation prolongée de leurs familles, ce qui aura un impact sur leur intégration et leur inclusion dans la société belge. Il est difficile d’apprendre la langue si l’on est préoccupé par son partenaire en Afghanistan, par exemple « , explique-t-il.
« Quant aux réfugiés et aux pays d’origine, alors qu’ils pouvaient auparavant utiliser cette voie sûre et légale pour venir en Belgique, ils n’y ont plus accès. Ils se tourneront donc vers les passeurs pour venir en Europe « , poursuit-il.
Une tendance européenne
Le cas de la Belgique n’est pas isolé en Europe. Le Portugal a adopté, lui aussi la semaine dernière, des mesures plus exigeantes pour accorder le regroupement familial. En Allemagne, les députés ont approuvé le mois dernier la suspension du dispositif pour les personnes qui relèvent d’une « protection subsidiaire », autrement dit ceux qui n’ont pas le statut de réfugié. Enfin, l’Autriche a suspendu le rapprochement familial pour une période de six mois. Concrètement, les demandes peuvent être déposées auprès des autorités autrichiennes, mais elles ne seront pas traitées.