Est-ce une provocation de narcobandits face à la politique pénitentiaire de Gérald Darmanin ? Le fait de membres de l’ultragauche ? Dans la nuit de lundi à mardi, une vague d’attaques a frappé les prisons de Toulon (Var), Aix-en-Provence-Luynes et Marseille (Bouches-du-Rhône), Valence (Drôme) et Nîmes (Gard), Villepinte (Seine-Saint-Denis) et Nanterre (Hauts-de-Seine), selon nos informations confirmées par le ministère de la Justice.

Que s’est-il passé ?

« Plusieurs établissements pénitentiaires ont fait l’objet d’incendies de véhicules, le centre pénitentiaire de Toulon a quant à lui fait l’objet de tirs à l’arme automatique cette nuit », annonce la Chancellerie ce mardi matin.

Selon nos informations, vers 1 heure du matin, le sas d’entrée de la prison a en effet été visé par des tirs d’arme automatique : le ou les tireurs se trouvaient à bord d’une voiture avec plusieurs individus. Ils ont pris la fuite. Les gendarmes ont découvert sur place sept impacts sur la porte et plusieurs étuis de munitions au sol. Personne n’a été blessé.

La prison de Toulon (Var) a essuyé des tirs d'armes automatiques dans la nuit de lundi à mardi. DRLa prison de Toulon (Var) a essuyé des tirs d’armes automatiques dans la nuit de lundi à mardi. DR

À Nanterre, lundi soir, deux individus ont été vus mettre le feu à une voiture appartenant à un personnel de la maison d’arrêt et stationné sur le parking de l’établissement. Un bidon d’essence a été retrouvé à proximité. Un peu plus tard, vers 22h30 à Villepinte, deux hommes ont été vus incendier trois véhicules stationnés sur le parking de la maison d’arrêt, dont deux appartiennent à des personnels de l’établissement pénitentiaire. Là aussi, un bidon d’essence a été retrouvé sur les lieux.

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À Valence, ce sont deux voitures de membres du personnel de la prison qui ont été brûlées sur le parking. Tout comme à Marseille : toujours selon nos informations, cette fois c’est une résidence connue pour abriter les logements de surveillants pénitentiaires, dans le nord de la ville qui a été visée. Deux voitures ont été brûlées et neuf ont été taguées avec la mention « DDPF », Droit des prisonniers français.

Cette mention DDPF a également été retrouvée sur des véhicules dégradés à Luynes-Aix et à Nîmes.

Lundi, c’est la prison de Réau qui avait été attaquée, et la nuit précédente le centre de formation des surveillants de prison, l’Enap, à Agen (Lot-et-Garonne).

Le Parquet national antiterroriste s’est saisi

S’agit-il d’attaques menées par des narcobandits agacés par les projets du garde des Sceaux, qui souhaite notamment isoler les trafiquants de drogue les plus dangereux dans un établissement dédié ou créer une police pénitentiaire ?

Ou de raids perpétrés par des groupes d’ultragauche, ce que laissent penser les inscriptions « DDPF » retrouvées sur certaines scènes d’attaques ? Des sites anarchistes avaient en effet diffusé des appels à s’en prendre à des prisons, vues comme symbole d’oppression de l’État. Le parquet national antiterroriste (Pnat) s’est en tout cas saisi du dossier qu’il a confié « à la sous-direction antiterroriste de la DCPJ, les directions zonales de la police nationale concernées et à la DGSI », indique-t-il ce mardi à la mi-journée.

« La République est confrontée au narcotrafic et prend des mesures qui vont déranger profondément les réseaux criminels. Elle est défiée et saura être ferme et courageuse », écrit Gérald Darmanin sur X. Selon une source judiciaire au Parisien, ces attaques pourraient aussi avoir été coordonnées par des détenus dangereux depuis des quartiers d’isolement (QI) d’établissements pénitentiaires.

Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a demandé mardi aux préfets de « renforcer sans délai la protection des agents et des établissements » après les attaques qui ont visé plusieurs établissements pénitentiaires. « La réponse de l’État devra être implacable. Ceux qui s’en prennent aux prisons et aux agents ont vocation à être enfermés dans ces prisons et surveillés par ces agents », poursuit sur X le ministre de l’Intérieur, condamnant « des attaques inacceptables ».

Gérald Darmanin se rend à Toulon

Le ministre de la Justice Gérald Darmanin se rendra à Toulon dans l’après-midi pour apporter son soutien aux agents. Il devrait s’exprimer sur place.

Une visioconférence avec « l’ensemble des directeurs interrégionaux des services pénitentiaires et des chefs d’établissements pénitentiaires » est également prévue à 18 heures, à la préfecture du Var.