Par

Nicolas Zaugra

Publié le

22 juil. 2025 à 16h46

Des riverains soulagés, des associations et des militants remontés, ainsi que des autorités qui passent à l’action après des années d’une situation qui s’est encore aggravée ces dernières semaines : le campement de fortune de Jean-Macé et Yves-Farge, installé sous des ponts ferroviaires du 7e arrondissement, ont été évacués par la police ce mardi 22 juillet 2025. La Métropole écologiste de Lyon, avec le soutien de la Ville, ont demandé à la préfecture du Rhône le démantèlement de ces « campements de la honte », véritables bidonvilles à ciel ouvert en pleine rue.
Plusieurs occupants des tentes sont pris en charge tandis que certains sans-abris, parfois en situation irrégulière, restent à la rue sans solution. La police a aussi procédé à des interpellations. La Ville de Lyon défend cette évacuation tandis que LFI dénonce la méthode tout comme des associations et des militants.

Un campement présent depuis des années

Il est 6h du matin ce mardi quand un important dispositif de police, avec CRS, se positionne au niveau des deux campements de fortune situés sous le pont SNCF. En plein trottoir, depuis au moins quatre ans, une centaine de tentes s’est installée au milieu du passage.

L’évacuation s’est passée dans le calme. Une manifestation avec environ 50 participants a eu lieu, où certains militants, notamment d’Intersquat ou de LFI, ont dénoncé l’intervention des forces de l’ordre, criant des slogans comme « Un toit c’est un droit, pas d’expulsion sans relogement ». Le 7 juillet dernier, face à l’inquiétude de riverains, la police avait effectué un recensement.

13 relogements, d’autres sans solutions

Ce mardi, la préfecture annonce 98 tentes recensées, cinq personnes interpellées par la police aux frontières (PAF) ce matin plus trois interpellés en amont du démantèlement.

Après un « diagnostic social réalisé par les services de l’État et leurs partenaires, 11 adultes et 2 enfants ont été pris en charge, au regard de vulnérabilité, en amont au titre de l’hébergement d’urgence. »

Selon nos informations, une partie des personnes évacuées (sur 35 au total) se retrouve sans solution d’hébergement et va rester à la rue. Du côté des services de l’Etat, on rappelle que les hébergements d’urgence sont saturés et que certaines personnes contrôlées n’ont pas vocation à rester sur le territoire national. 

De plus en plus de tentes se trouvent sous le pont de la gare Jean Macé à Lyon.
De plus en plus de tentes se trouvaient sous le pont de la gare Jean Macé à Lyon. (©actu Lyon/TB)

« La municipalité en appelle de nouveau à la préfecture du Rhône pour qu’elle trouve des solutions d’hébergement pour les personnes relevant de sa compétence », demande d’ailleurs la Ville. Les deux entités sont engagées depuis des années dans un interminable bras de fer sur ce sujet brûlant. 

Les tentes ont été détruites et le secteur nettoyé pour redonner aux passants l’ensemble de l’espace public. Une caméra de vidéoprotection a aussi été installée.

La Ville de Lyon défend le démantèlement du camp

Dans un communiqué, la mairie écologiste de Lyon (la Métropole qui est propriétaire de la voirie n’a pas pris la parole), défend la demande d’évacuation du campement. 

Ces deux évacuations ont été rendues nécessaires en raison de problèmes récurrents de
sécurité envers certaines personnes au sein du campement, mais aussi des passants, de
salariés d’entreprises à proximité, de professionnels du travail social et du personnel des
collectivités. Depuis plusieurs semaines, le nombre de personnes présentes augmente et le
profil des personnes est de plus en plus varié (âge, statut, typologie familiale), renforçant les problèmes de sécurité et de salubrité au sein du campement.

Ville de Lyon

Les autorités évoquent la présence de trafic de drogues dures, de l’exploitation humaine via des réseaux illégaux et « depuis le début 2025, des tensions et une dégradation des conditions sanitaires, engendrant notamment des problèmes de salubrité publique, et donc des troubles à l’ordre public. »

Le maire Grégory Doucet, critiqué sur sa gauche à la suite de cette expulsion (comme pour d’autres squats), répète régulièrement ces dernières semaines que le « budget alloué à l’hébergement d’urgence a été multiplié par 67 depuis le début du mandat, passant de 35 000 € à 2,5 millions d’euros. »

« C’est un scandale. Que vont devenir ces gens ? », s’insurge LFI

Ce dossier électrise encore un peu plus les relations entre écologistes et insoumis de la majorité municipale. La France insoumise Lyon s’agace : « C’est un scandale. Que vont devenir ces gens ? », écrit le parti sur X ce matin.

« À la France Insoumise, notre position est claire : pas d’expulsion sans solution de relogement ! (…) C’est une atteinte à la dignité. C’est un coup de communication de la préfecture », dénonce Sophie Charrier sur BFM Lyon. « On a écrit à propos de ce campement à la préfecture, à la Ville et à la Métropole sur ce qu’ils comptaient faire, on n’a eu aucune réponse (…) Il faut du concret, des hébergements, des logements pour ces gens ».

Pendant la campagne de 2020, Grégory Doucet et Bruno Bernard promettaient de résorber totalement les bidonvilles et les campements. « Nous augmenterons l’effort collectif pour résoudre ces situations indignes : en fixant un objectif de résorption totale des bidonvilles et campements, par l’occupation temporaire dans des espaces publics vacants et en renforçant l’accompagnement social des personnes », promettait un document électoral des Verts. Une promesse globalement non tenue. 

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