Le Café des sports est une vieille institution de la place Carnot. Au moment où la Manufacture d’armes tournait à plein régime, les « Manuchards » venaient dépenser leur paie à la sortie des ateliers. Ils pouvaient aussi faire une partie de billard.
C’est en 1997 que Jean-Yves Clairet a repris cet établissement. Originaire de Verrières-en-Forez, il avait travaillé jusque-là comme maître d’hôtel à Cannes, et souhaitait revenir dans la région pour se rapprocher de sa famille.
Un fonctionnement familial
Avec son épouse Simone, ils assistent aux derniers souffles du Giat, avant de rebondir avec la Coupe du Monde en 1998. Leur fils Frédéric les rejoint à ce moment-là. La piétonnisation devant le café, réalisée par la Ville en 2011, permettra d’étendre une grande terrasse sous les arbres, très appréciée en été par la clientèle.
À 77 ans, Jean-Yves Clairet est toujours aux manettes de cette maison. Ce café est sa vie, et il apprécie d’en avoir gardé un fonctionnement familial. Son épouse se tient derrière le bar, préparant les commandes et veillant à ne pas se laisser déborder par la vaisselle à laver. Leur fils, lui, assure le service, courant de table en table.
Riverains, commerçants, visiteurs de la Cité du design…
Les gros « coups de feu » sont les jours de marché, le mardi, le vendredi et surtout le dimanche. Le café proposé ici avec un verre d’eau est la boisson la plus servie. La clientèle est très variée et se renouvelle au cours de la journée : des habitués du quartier, les commerçants du marché qui trouvent le temps de venir échanger, des familles ou des anciens collègues pour qui ce lieu est devenu un point de repère pour se retrouver, ou encore des visiteurs de la Cité du design.
Au hasard des journées, on croise Coralie, qui va entrer à la fac de médecine, venue de La Réunion avec son père pour préparer son installation dans le secteur, ces deux personnes sourdes et muettes discutant en langue des signes, ou encore ces pensionnaires d’une maison de retraite voisine venus faire une sortie accompagnée. Tous apprécient la qualité du cadre et la bonne ambiance des lieux.
Annick et Jean-Pierre viennent boire leur café tous les jours
Chaque matin, Annick et Jean Pierre Dessens viennent prendre leur petit noir au Café des sports. Arrivés à Saint-Étienne il y a deux ans, ils se sont installés dans les nouveaux immeubles de la Cité du design. Le Café des sports est pour eux le parfait endroit pour s’intégrer dans ce quartier et appréhender la ville.
Tous deux font régulièrement des treks dans l’Himalaya. Ils sont aussi auteurs de livres et de films, conférenciers, et engagés dans une association humanitaire pour le Népal. Entre deux voyages sur les sommets de la planète, ils aiment bien venir déguster ce plaisir simple.
Le rendez-vous des deux frangines
Catherine et Éliane se retrouvent au Café des sports chaque mardi et chaque vendredi, jours de marché. Ces deux sœurs, retraitées, ne manqueraient en aucun cas ce rendez-vous, incontournable dans leur emploi du temps hebdomadaire.
Elles habitent toutes deux à proximité depuis longtemps. Leur tante avait elle-même tenu un bar à quelques mètres de la place. Autour de leurs cafés, elles échangent des nouvelles : « On traîne parfois jusqu’à 10 h 30, expliquent-elles. L’hiver, on s’installe dedans et on écoute la musique. »
La lecture du matin de Jean-Baptiste
Jean-Baptiste habite dans le quartier de Centre-Deux. Chaque vendredi matin, il vient en tram sur le marché de Carnot pour s’approvisionner. Il en profite pour prendre un verre au Café des sports et lire notre quotidien.
« La lecture du journal est la prière du matin de l’homme moderne », annonce Jean-Baptiste, reprenant une citation d’Hegel. Mi-poète, mi-philosophe, il observe aussi le ballet des martinets qui volent au-dessus des arbres de la place Carnot.