Par

Paul-Emile Bouchy

Publié le

23 juil. 2025 à 12h00

Le 20 septembre 2024, la pâtisserie Cadici, située en Vieille-Ville à Nancy avait été contrainte de baisser le rideau. À cause de son immeuble insalubre et fissuré, un arrêté municipal avait été pris obligeant tous les locataires à évacuer le bâtiment. Si l’arrêté a été levé le 28 novembre, le commerce reste porte close et le gérant dénonce la gestion de la situation par le bailleur Batigère.

Une réouverture de la pâtisserie « impossible » pour le gérant

Installée depuis une vingtaine d’années au 82 Grande Rue, la pâtisserie Cadici est une adresse bien connue des Nancéiens. Fermée depuis près d’un an, elle n’accueillera plus ses fidèles clients.

Selon son gérant Jean-Jacques Cadici, les travaux n’ont pas été menés pour sécuriser le bâtiment : « Lorsque l’arrêté a été levé en fin d’année, on nous a demandé de réintégrer l’immeuble alors que les travaux n’avaient pas été faits. Ce n’est pas acceptable. Le service d’hygiène ne nous aurait pas permis de rouvrir. »

Au mois de mars, il décide de mandater un huissier pour venir inspecter l’immeuble : « Il a constaté les nombreuses fissures présentes dans la cour intérieure, mais aussi dans le local qu’on a au premier étage. Selon lui, c’est un problème structurel qui nécessite d’importants travaux. »

« Ils ont maquillé tous les murs »

Au mois de mai, Batigère a mandaté une entreprise pour venir effectuer des travaux dans la cour. Selon le gérant et un des locataires, cela n’est que superficiel : « Ils ont simplement rebouché les fissures et maquillé tous les murs », affirme M. Cadici.

Contacté par Lorraine Actu, Batigère affirme que les « enduits des façades intérieures, incluant finitions et peintures » ont été réalisés « selon les préconisations des architectes » et que « les interventions de révision en toiture ont également été réalisées ».

Si les fissures ne sont plus visibles dans les communs et la cour intérieure, certaines sont toujours bien visibles dans des appartements.
Si les fissures ne sont plus visibles dans les communs et la cour intérieure, certaines sont toujours bien visibles dans des appartements. (©Paul-Emile Bouchy / Lorraine Actu)Batigère réclame près de 6 000 euros à la pâtisserie

Outre l’aspect sécuritaire, Jean-Jacques Cadici regrette le manque de coopération de Batigère : « Quand on a pu pénétrer à nouveau dans le bâtiment, ils ne nous ont pas demandé si on avait besoin d’aide pour vider notre chambre froide, ni pour autre chose. En revanche, ils n’ont pas manqué de nous envoyer une mise en demeure fin juin pour nous demander de payer les 5 959 euros de loyers impayés. »

On a alerté Batigère au sujet des fissures en janvier 2024 mais ils n’ont pas suffisamment réagi. J’ai aussi sollicité depuis plusieurs mois le maire de Nancy pour qu’il vienne constater de lui-même mais il n’est pas venu. On estime le préjudice perdu à près d’un million d’euros. Ils ont détruit notre vie.

Jean-Jacques Cadici
Gérant de la pâtisserie Cadici à Nancy

Désormais, même si le commerce ne va pas rouvrir, le gérant n’abdique pas : « On veut que Batigère nous donne de l’argent et que son assurance prenne en charge ce qu’on a perdu. Vous avez l’impression de vous battre contre des titans : vous avez une arbalète et eux, ils ont des canons. »

Batigère assure que le commerce va recevoir des indemnités

Interrogé sur ces différents points, Batigère indique que la levée de l’interdiction d’accès par la Ville de Nancy a été faite après des « diagnostics de vérification structurelle et les interventions techniques finalisées ».

Concernant la situation de la pâtisserie, Batigère affirme avoir mené « les actions nécessaires pour permettre la reprise de l’activité du commerce » : « Par ailleurs, des indemnités pour perte d’exploitation, encadrées par les compagnies d’assurances, lui seront versées. Conformément à ses obligations de bailleur, et en l’absence de réaction du locataire, une procédure a été engagée afin de faire respecter les termes du bail commercial. Ses experts lui ont rappelé qu’il pouvait reprendre son activité malgré les travaux sur les communs ayant un accès direct sur la rue. »

De son côté, la Ville de Nancy indique que ses « services n’ont reçu aucune sollicitation de la part des locataires de l’immeuble concernant une quelconque problématique au sein des logements » et que « le maire a suivi le sujet de façon resserrée et des échanges ont eu lieu avec les différentes parties prenantes ».

Le dossier est donc loin d’être terminé. La pâtisserie a d’ailleurs contacté l’émission de Julien Courbet « Ça peut vous arriver », diffusée sur RTL et M6, pour régler au plus vite ce contentieux.

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