Par euronews
Publié le
23/07/2025 – 13:48 UTC+2
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Réunis mardi à Copenhague, les ministres de l’intérieur de l’UE ont largement approuvé deux récentes propositions de la Commission européenne visant à réduire l’immigration irrégulière.
Ces propositions, qualifiées de « solutions innovantes » par la Commission, impliquent l’externalisation vers des pays tiers des demandeurs d’asile et des migrants dont les demandes ont été rejetées.
« Nous devons trouver des solutions innovantes et conclure de nouveaux accords avec des pays extérieurs à l’Union européenne », a déclaré Kaare Dybvad Bek, ministre de l’Immigration et de l’Intégration du Danemark, pays qui préside actuellement l’UE. « J’ai eu de bonnes discussions avec mes collègues, beaucoup d’opinions similaires autour de la table, et j’espère que nous pourrons faire des progrès dans les six mois à venir. »
L’accord entre le Royaume-Uni et le Rwanda pris en exemple
En modifiant la définition européenne des « pays tiers sûrs », les États membres seraient autorisés à rejeter les demandes d’asile sans examen et à transférer les demandeurs à l’étranger, même si le migrant n’a aucun lien avec l’endroit en question.
Un « pays tiers sûr » est un pays non membre de l’UE où une personne demandant une protection internationale est traitée conformément aux « normes internationales ». Les garanties comprennent la protection des demandeurs d’asile contre les persécutions et les atteintes graves, le respect du principe de non-refoulement et la possibilité d’avoir accès à un système d’asile opérationnel.
La proposition de la Commission n’exige aucune forme de lien entre le pays tiers et le demandeur censé y être transféré. Cette modification pourrait donc déboucher sur un partenariat avec des pays non membres de l’UE, à l’instar de la politique d’expulsion du Royaume-Uni vers le Rwanda, jugée illégale par la Cour suprême britannique.
Selon le ministre danois de l’Immigration, de nombreux pays se sont ralliés à l’idée, alors qu’elle était auparavant considérée comme controversée.
« Beaucoup d’États membres ont changé de position dans ces domaines. Je me souviens que lorsque j’étais nouveau ministre au sein de ce Conseil il y a trois ans, il était un peu difficile, je pense, d’essayer d’introduire des solutions innovantes. [Aujourd’hui, nous constatons que de nombreux pays ont changé de position, soit parce qu’ils ont changé d’avis, soit parce qu’il y a un nouveau gouvernement », a déclaré Kaare Dybvad Bek.
Alors que la plupart des pays semblent être d’accord avec la proposition, l’opposition des socialistes et démocrates et des Verts/ALE au Parlement européen est prévisible.
Les centres de retour gagnent du terrain
Les États membres seraient également autorisés à transférer les demandeurs d’asile déboutés vers des « centres de retour » en dehors de l’UE, tout en remplissant les formalités administratives nécessaires pour les renvoyer dans leur pays d’origine.
La proposition de la Commission ne prévoit pas de programme européen de construction de ces centres d’expulsion, mais elle jette les bases juridiques nécessaires pour permettre aux gouvernements de conclure des accords avec des pays extérieurs à l’Union qui pourraient être disposés à accueillir des migrants en échange d’incitations financières.
Deux centres construits en Albanie par le gouvernement italien, initialement destinés à accueillir des demandeurs d’asile, ont été transformés en centres de retour et pourraient servir de modèle.
D’autres pays pourraient faire de même, comme l’a suggéré le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau. « La France a des obstacles constitutionnels [sur certaines mesures], mais nous n’en avons pas sur les centres de retour. Et je suis favorable à tout ce qui peut rendre les retours plus efficaces ».
La migration est une priorité pour le Danemark, qui ferait probablement avancer les propositions de la Commission, en particulier le règlement sur le retour : « Nous espérons parvenir à un accord général sur la politique de retour au cours de notre présidence », a déclaré le ministre danois.
Le commissaire aux Affaires intérieures et à la Migration, Magnus Brunner, a estimé que le Danemark était « très aligné » sur l’agenda de la Commission pour les six prochains mois. Il a refusé de fixer un objectif concret concernant le taux de retour effectif des migrants rejetés par les pays de l’UE, à atteindre après l’approbation du règlement sur le retour.
De nombreux pays semblent approuver les propositions de la Commission. L’Autriche, l’Allemagne, la France, la République tchèque et la Pologne ont récemment signé une déclaration commune visant à améliorer le retour des migrants, à renforcer les frontières extérieures et à établir des partenariats avec les pays tiers.