Rachida Dati interrompt Guillaume Roquette en pleine chronique, sur LCI, le 22 juillet 2025
POLITIQUE – Même TF1, qui fait pourtant partie du même groupe média, y a consacré une chronique dans sa matinale ce mercredi matin. Dans la soirée du mardi 22 juillet, LCI avait invité Rachida Dati, renvoyée un peu plus tôt dans la journée en procès avec Carlos Ghosn pour corruption dans l’affaire Renault Nissan.
Sauf qu’une fois son interview – au cours de laquelle elle s’en est prise aux magistrats – terminée, la ministre de la Culture est revenue en plateau, quelques minutes plus tard, pour corriger Guillaume Roquette, directeur de la rédaction du Figaro, qui venait de consacrer une chronique au dossier judiciaire. Une séquence lunaire comme vous pouvez le voir ci-dessous dans la vidéo de TF1.
Déroulant à nouveau tout son argumentaire et touchant même de la main le journaliste à plusieurs reprises, face au reste du plateau médusé, l’édile du VIIe arrondissement de Paris a finalement conclu en promettant : « je reste en régie ».
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Ces quelques minutes mardi soir n’auraient pu être qu’un nouvel épisode du « Dati Show », la ministre étant connue pour ses punchlines, aussi bien à l’égard d’Anne Hidalgo que de ses autres adversaires politiques. Elles touchent désormais aux limites d’une politique spectacle, parfois si savoureuse que même ses détracteurs ont parfois du mal à s’en détacher.
« C’est une voyou ! J’assume mes mots »
L’édile se voit ainsi comparée par le sénateur communiste Pierre Ouzoulias, à un « Tony Montana », personnage mafieux de Scarface joué par Al Pacino, dirigeant « L’ORTF ». Évoquant la séquence de LCI, le socialiste Pierre Jouvet lui tempêtait ce mercredi au micro de Sud Radio contre une Donald Trump à la française : « Elle utilise des méthodes trumpistes. C’est une voyou ! J’assume mes mots ».
Joint par Le HuffPost, le spécialiste de la communication politique Philippe Moreau Chevrolet abonde : « Face aux affaires judiciaires, c’est une gestion de crise 100 % populiste, d’abord le déni puis l’attaque. Que ce soit sur la vie privée quand elle s’en prend à Patrick Cohen, ou en revenant physiquement pour se placer à côté du journaliste comme sur LCI. C’est la première fois qu’on voit une telle intensité de ce mode populiste en France ».
Pour la ministre, c’est une manière de reprendre la main sur le narratif et le dispositif journalistique du plateau télé, pour créer l’événement, et imposer son message « de combattante » auprès du public. « C’est vous qui avez pris le contrôle de ce plateau », n’a pu d’ailleurs que constater le présentateur de LCI, Thomas Misrachi. « Elle joue le spectacle et le sait. Une manière de garder sa popularité quitte à perdre en respectabilité. Le coût est n’est pas sans risque, car contrairement à Donald Trump qui bénéficiait d’un électorat populiste organisé, elle n’est pas en position de force », met en garde Philippe Moreau Chevrolet, qui évoque notamment le manque de consensus dont souffre sa candidature à la mairie de Paris ou à la députation dans la 2e circonscription de la capitale.
Des attaques aussi contre les magistrats
Le calendrier judiciaire n’est certainement pas étranger à l’ampleur prise par le « Dati Show » tant l’étau se resserre. Dans l’affaire Renault-Nissan, Rachida Dati est soupçonnée d’avoir perçu 900 000 euros entre 2010 et 2012 pour des prestations de conseil, sans avoir réellement travaillé, alors qu’elle était avocate et députée européenne.
Elle est également visée par une information judiciaire en lien avec la détention au Qatar, en 2020, d’un lobbyiste franco-algérien. Libération l’accuse de ne pas avoir déclaré plus de 400 000 euros de bijoux à la HATVP, et d’autres enquêtes de presse la soupçonnent d’avoir perçu 299 000 euros de GDF Suez quand elle était eurodéputée, sans en déclarer la provenance au Parlement européen. Des sommes considérables qui percutent aussi la « mythologie Dati », celle d’une femme venue d’un milieu populaire qui s’est faite toute seule.
De passage à la fondation Luma à Arles début juillet, la ministre avait arpenté l’imposante exposition de l’artiste Wael Shawky, offrant une réinterprétation de la mythologie grecque, dans un décor inspiré des rues Pompéi. De quoi rappeler que les dieux comme ceux qui les vénèrent peuvent disparaître, et qu’elle n’est de toute façon pas assise sur l’Olympe, elle.
« Elle est là parce qu’elle est utile, avec sa stratégie populiste, à Emmanuel Macron qui a besoin de son côté voix forte et porte-flingue. On va la voir continuer à montée en puissance sur ce registre spectacle mais à un moment ça ne sera plus tenable, et il faudra rééquilibrer, car le populisme isole et ça peut avoir un coût judiciaire », analyse encore Philippe Moreau Chevrolet. En attendant, « Dati show must go on ».