Le Temps des offrandes, de Patrick Leigh Fermor

Décembre 1933. À l’âge de 18 ans, Patrick Leigh Fermor part seul pour traverser l’Europe à pied, de Rotterdam à Constantinople. Quarante ans plus tard, l’écrivain désormais confirmé, auréolé du statut de héros de guerre, plonge dans ses mémoires et alterne souvenirs de jeune marcheur avide de découvertes et réflexions érudites, donnant à cette longue marche une ampleur d’épopée. Son but : faire ressentir comment l’Europe d’avant la Seconde Guerre mondiale a pu être balayée par les totalitarismes. « Je m’étais engagé dans cette marche sans autre raison que le goût de l’aventure, écrit l’adolescent instable, orphelin de père, dans le premier volume, mais très vite la solitude et le rythme des pas avaient pris une autre signification : c’était un apprentissage de la liberté et de l’attention au monde. » Dans le second volume, Entre fleuve et forêt (1986), il approfondit sa démarche : « Marcher seul, c’est entrer dans une conversation continue avec soi-même et avec ce qui nous entoure. Chaque pas est une prière silencieuse, un accord tacite avec le monde. » Il précise encore la dimension verticale de son périple dans La Route interrompue (2013), dernier volume de cette trilogie : « Il y a quelque chose dans la régularité des pas qui apaise l’âme et ouvre la porte aux pensées les plus profondes. Peut-être est-ce là la vraie raison de mon départ. » Le souffle de la langue de Leigh Fermor, l’ampleur de son récit et la joie d’une érudition toujours à propos imposent cette trilogie au sommet de la littérature de marche du XXe siècle.

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