Le gouvernement allemand a validé une loi pour simplifier et accélérer les acquisitions d’armement.
Simplifier pour réarmer. Le gouvernement allemand a approuvé une loi mercredi visant à faciliter l’approvisionnement d’équipements pour son armée, sommée de se moderniser dans un contexte géopolitique tendu, un objectif clé du chancelier conservateur Friedrich Merz.
Ce projet de loi vise à « rendre l’Allemagne plus sûre », a déclaré le ministre de la Défense Boris Pistorius, en conférence de presse avec la ministre de l’Économie Katherina Reiche. Le texte prévoit des dérogations afin de simplifier l’attribution de marchés publics pour les besoins de la Bundeswehr.
Boris Pistorius compte relever de 15.000 à 443.000 euros le seuil en-dessous duquel un contrat peut être attribué sans appel d’offres formel.
Ainsi, « les attributions directes de contrats seront plus rapides et plus fréquentes », a assuré le social-démocrate, « par exemple lorsque nous acquérons des systèmes interopérables » avec les partenaires de l’Allemagne. Dans l’immédiat, cela concernerait près de 8.000 contrats selon lui.
Ces dérogations toucheraient non seulement les équipements militaires mais aussi les besoins civils, comme le matériel médical et la construction de casernes, en grande partie délabrées.
Dans le secteur de la construction, le seuil serait relevé à un million d’euros, ce qui toucherait 4.000 contrats.
Des exemptions aux normes environnementales sont aussi prévues par le texte.
Le gouvernement cible également le tissu de production, en offrant davantage de possibilités de financement aux jeunes start-ups du secteur.
Lancer le réarmement industriel
Avec ce texte, Berlin prépare le terrain à l’utilisation des milliards débloqués en mars pour doper les dépenses militaires du pays.
Si l’armée allemande souffre d’un manque criant de matériel, elle est aussi victime de ses lourdeurs administratives, selon de nombreux rapports officiels qui ont appelé à réformer l’office qui centralise les achats, basé à Coblence et qui emploie près de 10.000 personnes.
Les procédures d’achat complexes ralentissent les projets: la commissaire parlementaire à la défense décrit « une bureaucratie débordante » tandis que la numérisation « ne progresse pas ». Résultat: les moindres travaux peuvent prendre des années.
Ces mesures vont dans le sens de la volonté du chancelier Friedrich Merz, qui a déclaré à plusieurs reprises depuis sa prise de fonction vouloir accélérer le réarmement de la Bundeswehr et débloquer des budgets en conséquence – plus de 100 milliards d’euros.
Une volonté politique qui fait les affaires des industriels du secteur, et notamment le conglomérat Rheinmetall, qui poursuit par ailleurs une logique de partenariats avec des industriels américains pour agrandir son portefeuille de produits et ainsi se positionner comme acteur clé sur ce segment de marché.