Une enquête judiciaire pour entrave à la liberté des enchères a été ouverte après des pressions exercées autour de la vente d’une ferme en liquidation près de Marmande dans le Lot-et-Garonne. En toile de fond, une mobilisation musclée de la Coordination rurale 47 (CR47), bien décidée à faire revenir la propriété dans le giron familial du petit-fils des anciens exploitants.
Le parquet d’Agen a confirmé mercredi à l’AFP l’ouverture de cette enquête « contre X », à la suite de propos relayés dans la presse. Le procureur Olivier Naboulet a précisé qu’elle faisait suite aux « déclarations faites par voie de presse », confirmant une information révélée par Sud Ouest.
Coup de pression de la CR47
Le terrain en question : 37 hectares de terres agricoles et une maison, initialement proposés aux enchères le 19 juin pour 140.000 euros. Rapidement, la CR47, syndicat agricole aux actions coup de poing bien connues et dont plusieurs membres ont déjà été condamnés en justice, a lancé une campagne intense pour faire chuter le prix et décourager toute concurrence. Objectif affiché : permettre à Lucas, le petit-fils des anciens propriétaires, de racheter la ferme familiale à bas prix.
Début juin, la CR47 revendiquait ouvertement « mettre la pression » dans « tout le département » afin que « personne ne fasse d’offre ». Le message semblait avoir été entendu : le montant des enchères s’étant effondré pour atteindre seulement 10.000 euros, avant qu’un retraité de 79 ans ne vienne déposer une offre tardive, bloquant temporairement la cession. L’homme s’est ensuite rétracté, selon son avocat, après avoir été pris pour cible sur les réseaux sociaux, qualifié de « rapace » et de « vil opportuniste ».
Nouvelle vente aux enchères à l’automne
Face à cette escalade, la Cour d’appel d’Agen a tenu à rappeler, le 4 juillet, que les procédures de vente judiciaire doivent être respectées. Dans un communiqué, elle a dénoncé les appels « à faire obstacle » à la vente, soulignant que toute tentative d’« entraver ou troubler la liberté des enchères », notamment par « violences » ou « menaces », est passible de six mois d’emprisonnement et de 22.500 euros d’amende.
Notre dossier sur l’agriculture
Mais du côté de la Coordination rurale, le ton ne faiblit pas. « Il faudra continuer la pression pour que la ferme, qui aurait dû appartenir à Lucas, lui revienne, et pas à un prix exorbitant », a averti début juillet José Pérez, coprésident de la CR47. La saga est loin d’être terminée. Une nouvelle audience est prévue à l’automne, avec une mise à prix fixée à 11.000 euros.