YASIN AKGUL / AFP
La troisième session de négociations entre la Russie et l’Ukraine débouche sur un accord minime
(photo du ministre ukrainien Rustem Umerov)
INTERNATIONAL – Une petite heure, et c’est tout. Russes et Ukrainiens ont conclu mercredi 23 juillet au soir une troisième session de négociations directes à Istanbul en constatant l’« éloignement » de leurs positions pour mettre fin à la guerre déclenchée en 2022 et ne s’accordant au final que sur un nouvel échange de prisonniers.
Après 60 minutes de discussion au palais de Çiragan, les négociateurs ont constaté que leurs « positions » respectives étaient « assez éloignées les unes des autres », a dit Vladimir Medinski, le chef de la délégation russe, lors d’une déclaration à la presse. Plus tôt, le Kremlin avait déjà douché les espoirs d’avancées pour mettre fin au conflit lancé en février 2022 par Moscou chez son voisin et qui a fait des dizaines de milliers de morts et de blessés.
« Personne ne s’attend à un chemin facile. Bien entendu, ce sera une discussion très compliquée », avait ainsi indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, répétant que les propositions des belligérants pour arrêter le conflit étaient « diamétralement opposées ». Pas de surprise, donc.
Nouvel échange de prisonniers à venir
Seule mesure concrète actée mercredi : les négociateurs se sont mis d’accord pour un nouvel échange de 1.200 prisonniers de chaque côté, selon Vladimir Medinski, comme cela a déjà été le cas à plusieurs reprises. Moscou a également proposé à Kiev de lui remettre 3.000 corps de soldats ukrainiens, ainsi que des trêves de « 24 à 48 heures » sur le front pour que les deux armées puissent récupérer leurs tués et leurs blessés, a également indiqué le négociateur.
L’Ukraine a de son côté suggéré une rencontre entre Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky d’ici la fin du mois d’août, potentiellement en présence des présidents américain et turc, selon le négociateur de Kiev Roustem Oumerov.
En préambule à ces négociations, une source au sein de la délégation envoyée par Kiev avait dit à l’AFP espérer une « position constructive » de la Russie et qu’elle renonce à « ses ultimatums ». Ces pourparlers directs intervenaient une nouvelle fois à la suite de pressions exercées par le président américain Donald Trump qui a donné à Moscou, mi-juillet, 50 jours pour parvenir à un accord avec l’Ukraine, sous peine de sanctions sévères.
Kiev et ses alliés occidentaux accusent le Kremlin de bloquer les négociations en maintenant des demandes maximalistes, tandis que l’armée russe, plus nombreuse et mieux équipée, poursuit ses attaques sur le front, où elle grignote chaque jour du terrain. Mercredi, le ministère russe de la Défense a ainsi revendiqué la conquête d’un nouveau village, Varatchyné, dans la région ukrainienne de Soumy (nord-est) où, au cours de la nuit, des frappes de drones russes ont entraîné des coupures d’électricité chez plus de 220.000 clients, selon M. Zelensky.
Les États-Unis approuvent les ventes d’armes à Kiev
Les positions des deux camps semblent actuellement irréconciliables. Comme mercredi soir, les discussions à Istanbul de mai et juin n’avaient débouché que sur des accords d’échanges de prisonniers et de corps de soldats tués.
Selon le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov, les pourparlers devaient porter principalement sur les « mémorandums » échangés en juin par les deux camps et comprenant leurs propositions de paix. Kiev voulait de son côté se focaliser sur un nouvel échange de prisonniers, le rapatriement des enfants ukrainiens emmenés en Russie et la préparation d’une rencontre Poutine-Zelensky.
Moscou réclame que l’Ukraine lui cède quatre régions partiellement occupées de l’est et du sud de son territoire, en plus de la Crimée annexée en 2014, renonce aux livraisons d’armes occidentales et à toute adhésion à l’Otan. Des conditions inacceptables pour Kiev, qui veut le retrait des troupes russes et des garanties de sécurité occidentales dont la poursuite des livraisons d’armes et le déploiement d’un contingent européen, ce à quoi s’oppose la Russie.
L’Ukraine réclame aussi, de concert avec ses alliés européens, un cessez-le-feu de 30 jours, auquel se refusent les Russes, dont les forces ont l’avantage sur le terrain.
C’est dans ce contexte que le président américain a exprimé sa frustration ces dernières semaines à l’égard de la Russie et a affirmé que des équipements militaires américains, payés par des États européens membres de l’Otan, seraient envoyés à l’Ukraine. Washington a justement annoncé mercredi soir (en Europe) avoir approuvé une vente d’armements à l’Ukraine visant notamment à renforcer sa défense antiaérienne, pour un montant de 322 millions de dollars.