Le XV de France s’apprête à tourner une page de son histoire. À l’été 2026, il disputera donc dans le Pacifique ses premiers matchs dans le cadre de la toute nouvelle Ligue des Nations, une compétition internationale qui rebattra les cartes du rugby mondial. Mais avec quels joueurs ?
La tournée estivale en Nouvelle-Zélande s’est récemment terminée sans surprise mais non sans heurts pour les Bleus. À Dunedin, Wellington puis Hamilton, une équipe de France profondément remaniée n’a pu éviter trois défaites face à des All Blacks lestés de la plupart de leurs meilleurs joueurs. Un revers attendu, qui marquait aussi la fin d’une époque : celle des tournées traditionnelles de juillet, remplacées dès l’été prochain par un nouveau format de compétition mondiale.
La Ligue des Nations, organisée tous les deux ans, regroupera douze des meilleures sélections de la planète. Six nations du Nord (France, Angleterre, Irlande, Écosse, Pays de Galles et Italie) et six du « Sud » (Nouvelle-Zélande, Australie, Afrique du Sud, Argentine, Fidji et Japon). Le but affiché : clarifier le calendrier international aux yeux du grand public, offrir davantage de matchs de haut niveau, accroître les revenus globaux voire sauver de la banqueroute plusieurs fédérations en difficulté chronique. Selon nos informations, le XV de France de Fabien Galthié lancera donc sa campagne sur les routes du Pacifique : trois rencontres sont prévues, d’abord en Nouvelle-Zélande, puis en Australie et enfin au Japon.
Florian Grill : « Une réflexion à mener avec la Ligue »
Et contrairement à certaines rumeurs, aucun aménagement n’est envisagé pour alléger le programme des Bleus, comme nous l’a confirmé Florian Grill, président de la FFR : « J’ai lu que nous avions essayé de négocier avec le Japon afin de disputer ce match en Océanie et nous éviter un voyage supplémentaire. C’est faux. Dans l’ordre, nous aurons donc à jouer Nouvelle-Zélande, Australie et Japon. Pour autant, le modèle de cette Ligue des Nations doit être repensé. » Car derrière les enjeux de compétitivité, se pose une autre question centrale : celle de la gestion des joueurs. Enchaîner Top 14, Champions Cup, Tournoi des 6 Nations et Ligue des Nations sera pour eux évidemment difficile, pour ne pas dire totalement dangereux. « Un international français s’apprête à disputer l’an prochain quatre compétitions dans l’année, poursuit le patron fédéral. On a donc toute une réflexion à mener avec la Ligue nationale de rugby pour mettre sur pied une planification des matchs plus annualisée. L’équipe de France, ce n’est plus vingt-cinq individus ; c’est une quarantaine de joueurs et les concernant, on doit penser à une stratégie d’utilisation qui respecte leur santé et leur permette de jouer toutes les compétitions de front. Cela nécessitera de nouvelles discussions avec la LNR et Provale, car la Ligue des Nations est une vraie compétition dans laquelle la France ne voudra pas faire de la figuration. »
La question des libérations de joueurs par les clubs reste donc centrale. Lors de la tournée précédente, Fabien Galthié avait dû composer avec un groupe privé de la plupart des vainqueurs du dernier Tournoi des 6 Nations. Une concession avait bien permis in extremis à cinq finalistes de rejoindre la sélection en cours de route mais qu’en sera-t-il en 2026 ? Le sélectionneur pourra-t-il embarquer une équipe « premium » en plein été ou devra-t-il à nouveau bâtir avec les forces disponibles ? Si l’on en croit le président de la FFR, rien n’est encore tranché. Mais une certitude demeure : cette nouvelle Ligue des Nations bouleverse les équilibres, autant sportifs qu’économiques. Pour la FFR et les clubs, qui estiment de leurs côtés s’être déjà saignés à blanc pour le bien-être du XV de France, il s’agit déjà de penser au rugby de demain.