L’administration du président américain Donald Trump se prépare à accorder de nouvelles autorisations à des partenaires clés de la société pétrolière nationale vénézuélienne PDVSA, en débutant par Chevron. Ces autorisations permettraient à ces entreprises d’opérer avec des restrictions dans ce pays membre de l’OPEP sous sanctions, et d’effectuer des échanges de pétrole, ont indiqué jeudi cinq sources proches du dossier.

Si elles sont accordées, ces autorisations pour la major américaine, et possiblement pour les partenaires européens de PDVSA, marqueraient un changement de stratégie par rapport à la politique de pression adoptée plus tôt cette année par Washington envers l’industrie énergétique vénézuélienne, sous sanctions américaines depuis 2019.

Les États-Unis pourraient désormais permettre aux compagnies énergétiques de régler les factures de leurs sous-traitants sur les champs pétroliers et d’importer les fournitures nécessaires à la continuité de leurs opérations. Certaines importations pourraient être échangées contre du pétrole vénézuélien, comme cela était prévu dans des licences antérieures, selon trois des sources.

Un haut responsable du Département d’État a déclaré dans un communiqué qu’il ne pouvait pas commenter de licences spécifiques accordées aux partenaires de PDVSA, tout en ajoutant que les États-Unis n’autoriseraient pas le gouvernement du président Nicolas Maduro à tirer profit de la vente de pétrole.

« Chevron exerce ses activités dans le monde entier en conformité avec les lois et réglementations applicables à son secteur, ainsi qu’avec les cadres de sanctions prévus par le gouvernement américain, y compris au Venezuela », a déclaré un porte-parole de l’entreprise.

Jeudi, l’action Chevron a atteint 155,93 $, son plus haut niveau depuis le 3 avril, selon les données de LSEG.

Bien que le Venezuela et les États-Unis aient procédé à un échange de prisonniers ce mois-ci, les relations entre les deux pays restent tendues depuis des années. L’administration Trump a publiquement soutenu des dirigeants de l’opposition qui affirment que leur candidat a remporté l’élection de l’an dernier, et non Maduro.

En février, Donald Trump avait annoncé l’annulation de plusieurs licences énergétiques au Venezuela, dont celle de Chevron, et avait accordé jusqu’à la fin mai pour cesser l’ensemble des transactions.

Cette mesure a placé toutes les opérations, dans les coentreprises pétrolières et gazières, sous le contrôle de PDVSA et de ses partenaires, mais les entreprises ont été autorisées à conserver leurs parts et la production est restée quasiment inchangée.

Le Département d’État américain, qui avait bloqué en mai une tentative de l’envoyé présidentiel spécial Richard Grenell d’allonger les licences, impose cette fois des conditions à toute modification d’autorisation, afin qu’aucun flux financier n’atteigne les caisses de Maduro, selon trois sources.

Le Secrétaire d’État Marco Rubio ne devrait pas, cette fois, interdire les autorisations, mais il en négocie la portée, ajoutent-elles.

Il n’était pas immédiatement clair si les termes de la licence qui pourrait être accordée à Chevron seraient reproduits pour d’autres entreprises étrangères présentes au Venezuela, notamment l’italienne Eni ou l’espagnole Repsol, qui demandent à Washington de les autoriser à échanger des fournitures de carburant contre du pétrole vénézuélien.

Les autorisations pourraient rester confidentielles, selon l’une des sources.

L’Office of Foreign Assets Control (OFAC) du Trésor américain et PDVSA n’ont pas répondu immédiatement aux demandes de commentaire.

OÜ IRA LE PÉTROLE ?

Après l’annulation de la licence de Chevron plus tôt cette année, Donald Trump avait annoncé l’imposition de droits de douane secondaires aux acheteurs de pétrole vénézuélien.

Cependant, cette mesure, censée frapper durement le principal acheteur de brut du Venezuela, la Chine, n’a pas été appliquée, permettant au pays sud-américain de détourner vers l’Asie des qualités de brut auparavant vendues aux raffineurs américains et européens via les partenaires de coentreprise de PDVSA.

Cette redistribution, qui a permis de maintenir la production et les exportations de pétrole du Venezuela à des niveaux proches de ceux d’avant les annulations de licences, a été critiquée par des responsables politiques à Washington et a fait l’objet de discussions lors des négociations sur les nouvelles autorisations, selon les sources.

Sous l’administration de l’ancien président Joe Biden, des licences ciblées accordées aux partenaires de PDVSA avaient permis aux raffineurs occidentaux de retrouver l’accès au pétrole vénézuélien, mais elles avaient aussi assuré une source stable de liquidités au gouvernement de Maduro, les entreprises étant tenues par le Venezuela de payer des redevances et des taxes.