Crédit photo : Girondins de Bordeaux
Après avoir pas mal bourlingué en National 2 (FC Annecy, Rumilly Vallières, La Roche Vendée, GOAL FC, Saint-Priest) et être resté quelques mois aux Émirats Arabes Unis, le milieu de terrain Guillaume Odru a posé ses valises chez les Girondins de Bordeaux cet été. Le Grenoblois de 28 ans, actuellement en stage à Cap-Breton avec son équipe, est revenu pour Foot Amateur sur son arrivée en Aquitaine et sur les ambitions qu’il nourrit.
Après avoir disputé plus de 130 matchs de N2, tu es parti pour Fujairah SC, club des Émirats Arabes Unis, l’hiver dernier. Peux-tu nous expliquer ce choix et nous dire comment s’est passée cette expérience de quelques mois ?
« En fait, j’étais déjà en contact avec le club l’été dernier. Mon agent connaissait bien l’entraîneur, Alexandre Torres (notamment passé par Lège Cap Ferret, le Stade Bordelais ou encore Borgo, ndlr). Mais cela ne s’est pas fait et j’ai signé à Saint-Priest en fin de mercato. Je sortais d’une très bonne saison avec La Roche, où on avait fini premier à égalité avec Paris 13 et j’espérais pouvoir rejoindre un club de National. Cela ne s’est pas fait et je voulais me rapprocher de chez moi (il est de Grenoble, ndlr), d’où Saint-Priest.
L’opportunité des Émirats est revenue en décembre et j’ai décidé de tenter ma chance de vivre une nouvelle expérience. Cela s’est super bien passé, j’ai joué tous les matchs sauf trois que j’ai manqués pour une petite blessure à la cheville. »
Comment qualifierais-tu le niveau par rapport au National 2 en France par exemple ?
« C’est compliqué à dire parce que c’est vraiment très hétérogène ! Il y a un quota d’étrangers dans les équipes donc on est obligé de jouer avec cinq émiratis, qui ne sont pas passés par un centre de formation comme on peut avoir en Europe et dont le niveau est plus faible. A côté de ça on a des joueurs comme Quincy Promes qui a le niveau Ligue des Champions. C’est difficile à juger, c’est un autre football. De plus, il fait vraiment très chaud et en seconde période les matchs ont tendance à devenir beaucoup plus ouverts, avec la fatigue. Je ne peux même pas le comparer avec le football français en fait. »
Comment s’est passé ton rapprochement avec les Girondins ?
« A la base, je devais prolonger comme cela se passait très bien. Mais mon agent a eu un contact avec le directeur sportif des Girondins John Williams qui cherchait un peu des profils avec de l’expérience en N2. Ca a collé et derrière ça a été très vite. »
Guillaume Odru : « Quelque chose d’énorme qui se présentait »
J’allais justement te poser la question : quand on peut rejoindre les Girondins de Bordeaux, on ne réfléchit pas trop longtemps ?
« C’est sûr ! J’ai aussi eu des contacts avec des clubs de National mais dès que l’intérêt des Girondins est arrivé j’ai pris ma décision rapidement. C’était l’opportunité de jouer dans un club… je ne vais même pas le décrire je pense qu’il parle de lui-même. Et l’opportunité de pouvoir écrire une part de l’histoire des Girondins de Bordeaux, ça ne se refuse pas. Peu importe le niveau, pour moi c’était quelque chose d’énorme qui se présentait donc le choix a été rapide. »
Tu es passé en jeunes par Grenoble puis Annecy, est-ce que malgré le statut « N2 » de Bordeaux tu as le sentiment d’être dans un autre monde en terme d’infrastructures, de conditions d’entraînement… ?
« C’est incomparable. Annecy était encore un très bon club amateur qui se développait et Grenoble était en Ligue 1 mais n’était pas très structuré. Avec les Girondins on s’entraîne encore dans le centre des pro’, il y a du monde dans l’administratif et dans le médical qui est resté, on a un coach qui a connu le monde professionnel. Et je n’ai pas encore mis les pieds dans notre stade mais je n’attends que ça. Tout est vraiment mis en place pour qu’on soit performant de mon point de vue. Et puis l’engouement… »
Je voulais garder la question pour la fin mais puisque tu abordes la question des supporters… Le nombre de followers sur tes réseaux sociaux a augmenté ?
« (rires) Oui j’en ai eu quelques-uns. En vrai, c’est incroyable. J’ai reçu aussi beaucoup de messages en privé. J’ai pris le temps de répondre parce que pour moi c’est énorme de pouvoir vivre ça en tant que joueur et c’est important de « rendre » aux gens le soutien qu’ils nous apportent. Bien sûr ça sera avec les victoires et la montée en fin de saison qu’on leur fera plaisir ! »
« A nous de remettre le club où il doit être »
Ca met une bonne pression ?
« Oui, on va la ressentir quand il y aura 10-15000 supporters qui vont nous pousser au stade ou dans les moments un peu durs. Quand on accepte de signer dans un projet comme ça, il faut assumer ce genre de pression. On sait que c’est à nous de remettre le club où il doit être. »
Comment se passe ta reprise ? Visiblement tes tests physiques ont été très bons…
« Je me sens bien. Les tests physiques, c’est toujours quelque chose où j’ai toujours plutôt bien performé dans chaque club où je suis passé. Je suis très bien mentalement, très bien physiquement, on est très bien encadré. On nous pousse vraiment même s’il ne faut pas non plus être trop tôt à son maximum. C’est au cœur du championnat, en septembre, octobre, qu’il faudra être à 100% mais quand on a des bonnes sensations, on ne va pas se freiner. »
Quel est ton profil de milieu ?
« Je peux être sur un peu tous les postes du milieu de terrain dans l’axe. J’ai une préférence pour jouer plus bas, donc un milieu défensif devant la défense, pour vraiment avoir cet aspect de première relance, de dicter le jeu, aussi dicter le tempo défensif, quand il faut déclencher le pressing, faire monter mon équipe, parler… Être vraiment au cœur du système en fait. »
Sur le plan plus défensif tu aimes aller au contact pour gratter des ballons ou tu t’appuies davantage sur du placement et de l’anticipation ?
« J’aime bien aller au contact, beaucoup harceler et je n’hésite pas à essayer d’aller gratter tous les ballons. Je ne compte pas mes efforts, pour être au service de mes partenaires. C’est comme ça que je vois la beauté de ce sport. Il faut faire les efforts pour les autres, les mettre en valeur aussi une fois qu’on a le ballon. »
Les Girondins pourraient chercher à avoir un peu plus de construction dans leur jeu cette année, là où un jeu plus direct était privilégié l’an passé. D’après ta présentation, tu sembles coller à cette volonté. C’est le projet que l’on t’a présenté et ce qu’on va attendre de toi ?
« Oui, d’ailleurs aux entraînements je suis déjà beaucoup dans le rôle un peu de « joker », c’est à dire en étant des deux côtés, en étant présent dans le cœur du jeu pour toucher un maximum de ballon, orienter le jeu et mettre mes qualités de passe au service de l’équipe. »
Le groupe « Ouest », une poule sous-estimée
Quel est l’objectif de Bordeaux cette saison ?
« Le directeur sportif m’avait dit qu’il y avait trois objectifs cette saison : le premier c’était la montée, le deuxième la montée et le troisième la montée et que je pouvais choisir un des trois (rires). Je pense que c’est clair. »
A titre personnel, après ta très grosse saison à la Roche il y a deux saisons et tes années en N2, la future Ligue 3 est un objectif ?
« C’est sûr ! Après comme je te l’ai dit j’avais la possibilité d’intégrer un groupe de N1 cet été mais si le National me fait rêver, je pense que le National 2 à Bordeaux me fait encore plus rêver. Mais ce n’est pas une fin en soi ! Cette poule Ouest je le connais bien, je reste sur deux premières places avec GOAL FC puis la Roche donc jamais deux sans trois comme on dit ! Ca ne sera pas facile, je trouve que c’est une poule sous-estimée parce qu’elle n’a pas les mêmes « noms » que la poule Sud par exemple mais ce sont des équipes qui jouent très bien au football, qui sont bien organisées. A nous d’être meilleur et de trouver des solutions à tous les problèmes qui se présenteront sur notre route ! »
Journaliste chez Sports Média
Elevé au cœur des Alpes, Fred quitte (temporairement) son Grenoble adoré pour prêter sa plume et son regard au monde amateur et plus particulièrement au Championnat National dont il est un assidu observateur. Fan de tartiflette, de Karim Mokeddem et de Mulholland Drive. Les bonnes choses de la vie, en somme.
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