Ils sont devenus des rendez-vous incontournables de l’été, tant pour le public que pour les artistes, qui y trouvent une exposition et – disons-le – une manne financière non négligeable. Le succès populaire des festivals ne fait que grandir, et avec lui, les potentielles émissions de gaz à effet de serre générées. Un aspect primordial dans l’optique de l’objectif mondial zéro émission net d’ici 2050, que tendent à prendre au sérieux un nombre croissant d’organisateurs.

Une préoccupation majeure qui exige des adaptations pour les événements au fonctionnement déjà bien rodé, moins pour les nouveaux, qui peuvent se construire autour de ces enjeux. C’est le cas du festival « Le Son by Toulon », lancé l’année dernière sur le parvis du Zénith, et dont la seconde édition, débutée le 12 juillet, s’est achevée vendredi soir. Après avoir reçu 35 000 spectateurs en 2024, la barre des 40 000 a été franchie, confirmant sa montée en puissance. En s’échinant à garder son essence : une empreinte carbone tant que possible limitée. « Ça fait 20 ans que je pense ce festival. Je voulais qu’il soit vraiment écoresponsable, contrairement à d’autres qui prétendent l’être et qui s’alimentent via des groupes électrogènes », affirme sans détour Robert Albergucci, directeur du Zénith et du festival.

Pour ce faire, « l’idée était d’avoir des partenaires principaux comme Enedis, pour avoir une électricité décarbonée. On n’a aucun groupe électrogène, si ça coupe, j’en assume la responsabilité, on s’arrêtera en plein milieu du concert », tranche dans le vif le directeur du festival, en rappelant que ces pratiques sont issues de la longue expérience événementielle de la ville : « À l’époque de l’America’s cup, en 2016, l’organisation avait demandé à mettre des groupes électrogènes sur les plages du Mourillon. Monsieur Falco, maire et président de la Métropole de l’époque, avait refusé, donc on s’était tourné vers Enedis pour avoir de l’énergie propre, et des réseaux qui tiennent la route. J’ai donc maintenu cela pour les événements que j’ai organisés, y compris pour ce festival. » Le principe : utiliser l’ampérage du Zénith, qui dispose de son propre réseau électrique, pour alimenter le festival, ce qui permet d’avoir une traçabilité et un réseau viable. La puissance consommée atteint, au maximum, 75% de celle du Zénith lorsque nécessaire (les soirs, notamment), mais est largement ajustée à la baisse pendant la journée. « Cela permet de récupérer de la puissance, en délestant le Zénith, qui n’en a pas besoin, sans mettre à mal les réseaux de la ville ou des usagers particuliers », explique Robert Albergucci.

Une tonne de gaz vert produite grâce au festival

L’alimentation électrique n’est qu’une menue partie des engagements écologiques de Son by Toulon, qui bénéficie, depuis sa création de la mention « événement engagé gaz vert ». Un label lancé par GRDF en 2024, au sein duquel sont impliqués huit festivals du quart sud-est de la France, avec pour leitmotiv la sensibilisation du public à la collecte des biodéchets et leur transformation en gaz vert, une pratique mise en place sur chacun des événements partenaires. « GRDF utilise les déchets alimentaires pour alimenter des usines de méthanisation afin de produire du gaz vert. Nous récupérons les déchets des food trucks, mais aussi ceux des loges des artistes, ce qui représente 200 à 300 personnes par jour. Les mégots sont aussi recyclés grâce à des bacs de collecte pour produire du mobilier urbain », détaille Robert Albergucci. Pour favoriser l’efficience de cette démarche, « on fournit des bio-seaux aux food trucks, pour éviter aux commerçants de se déplacer, et des conteneurs pour récupérer l’huile de friture. On est obligé de mettre ça en place, sinon le tri n’est pas fait. Les artistes sont eux aussi généralement parties prenantes », poursuit-il.

Sont également triés les déchets recyclables, bien entendu. Et pas d’excuse : des agents de GRDF et de la Métropole sont engagés pour aider les festivaliers à réaliser leur tri correctement, dans une démarche qui se veut pédagogique. Un second tri est opéré par des sociétés de traitement des déchets, avant la valorisation. « On est à 1,2 tonne de déchets alimentaires recyclés sur 5 jours de festival, 40 conteneurs de 660 litres de plastique, autant de papiers et autant de déchets ménagers, soit 80m³ par concert. Au niveau du recyclable, y compris alimentaire, on arrive à récolter 96 à 98% des déchets, en essayant de tendre vers 100% », se félicite le directeur, qui reçoit chaque année le bilan de l’énergie produite grâce à sa contribution. L’an dernier, la contribution du festival a permis de produire une tonne de gaz vert. Cette énergie pourra-t-elle être utilisée pour fournir le festival ? « Malheureusement non, car on n’a pas droit au gaz. Mais on peut imaginer que l’énergie soit utilisée dans la ville ou le département. »

Dans le futur, Robert Albergucci imagine s’appuyer sur une société lui permettant de tracer de manière plus pointue ce que génère le festival grâce à ses actions, afin de pouvoir communiquer ses résultats de manière plus globale. Ont également été mises en place des solutions pour réduire l’impact des transports (lire par ailleurs), qui représentent 58% du bilan carbone d’un festival moyen selon une étude de l’organisme A Greener Future : deux parkings covoiturage aux extrémités est et ouest de la ville, et des transports en commun prolongés les soirs de concert. Les spectateurs sont aussi encouragés à rentrer à pied. Bon pour leur santé et pour celle de la planète.