Par
Laure Gentil
Publié le
26 juil. 2025 à 11h02
Simple malentendu ou mécompréhension sur le fonctionnement d’attribution des logements sociaux, le résultat ne change pas : Aminata Touré, 28 ans, mère de deux filles et d’un garçon, enceinte d’un quatrième enfant, va être expulsée du logement social qu’elle occupe rue Gambetta à Nantes.
Le 19 août, cette femme qui vit à Nantes depuis environ 12 ans, risque de se retrouver à la rue.
Un premier logement près d’un point de deal
Aminata a longtemps vécu avec ses enfants, au 15 rue d’Angleterre. Cette rue est aussi connue que la rue Watteau. Il s’agit d’un des hauts lieux du trafic de drogue à Nantes. Cette mère de famille a tout subi : coups de feu qui traversent les appartements des voisins, dealers qui proposent des « bonbons » à son fils, voiture brûlée, agressions, insultes… Aminata contacte alors à plusieurs reprises Nantes Métropole Habitat (NMH), qui lui loue son logement social, dans l’espoir de déménager, en vain.
En 2023, l’agente de service hospitalier apprend que son compagnon, avec lequel elle souhaite vivre, pourrait avoir une solution. L’homme vivait alors avec sa tante dans un logement social, plus grand, rue Gambetta, mais celle-ci s’apprêtait à quitter son appartement.
L’adresse de mon conjoint est rue Gambetta depuis trois ans. Nous avons contacté Nantes Métropole Habitat qui est aussi le bailleur du logement rue Gambetta pour savoir s’il était possible de s’y installer. Au téléphone, la personne a dit que c’était faisable car mon conjoint était domicilié là-bas.
Aminata Touré
Aminata s’est donc installée en septembre 2023 auprès de son conjoint et a envoyé un courrier à NMH pour signaler le changement. « J’ai libéré l’appartement de Malakoff parce que je ne pouvais pas payer deux loyers, nous a-t-elle expliqué. C’est là que Nantes Métropole Habitat nous a dit que la tante de mon conjoint ne pouvait pas nous laisser son logement, que ça ne se passe pas comme ça. »
« Il y a des règles qui s’appliquent à tous »
Aminata assure avoir agi de bonne foi et face à la situation, le déménagement étant fait, elle a cru pouvoir trouver une solution avec le bailleur.
Contacté par actu Nantes, Nantes Métropole Habitat explique qu’il y a une procédure spécifique à suivre : « en aucun cas on ne procède comme cela ».
Le logement est occupé sans droit ni bail. Nous n’avons pas beaucoup de grands logements à Nantes, qui est un marché locatif en tension. Il y a des règles qui s’appliquent à tous, et là la règle n’est pas respectée.
Nantes Métropole Habitat
Le bailleur a par ailleurs proposé, dès décembre 2023, à Aminata de reprendre le logement toujours libre rue d’Angleterre, ce que confirme aussi de son côté l’intéressée. « Je n’étais pas en sécurité là-bas, j’étais traumatisée, je leur ai dit que c’était hors de question, je n’ai pas cette force-là », soupire-t-elle.
« Jamais il n’a été question de transfert de bail »
Pour sa part, NMH insiste avoir suivi le cadre légal. « Il n’a jamais été question de transfert de bail ». Le bailleur social a fini par demander au tribunal de Nantes de trancher. En juin 2025, deux ans après le changement de logement, le tribunal ordonne l’expulsion.
Aminata et sa famille ont jusqu’au 19 août pour quitter les lieux et risquent une amende de 40 euros par jour de retard. Aminata ne désespère pas que NMH « change d’avis » ou lui propose un autre logement similaire à celui de la rue Gambetta.
C’est compliqué et fatiguant. Ce n’est pas facile de trouver une autre solution. Je me couche tard pour envoyer des dossiers. Je croise toujours les doigts pour trouver quelque chose avant le 19 août. Autrement, je ne sais pas quoi faire.
Aminata
« Ça ne va pas être évident de les reprendre », commente pour sa part NMH qui n’écarte toutefois pas la possibilité de trouver un appartement à Aminata.
En attendant, la mère de famille enchaîne les visites pour trouver un endroit où loger, sans succès. Elle lance aujourd’hui un appel dans l’espoir de trouver une solution.
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