Par
Rédaction Lille
Publié le
26 juil. 2025 à 17h36
Situé sur la place du Théâtre, en face de la Vieille Bourse et à côté de la Chambre de commerce et de l’industrie, l’Opéra de Lille (Nord) fait partie d’un tout sans lequel on n’imaginerait pas notre chère ville. Les touristes s’émerveillent encore et toujours devant cet impressionnant opéra à l’italienne du XXème siècle, mais connaissez-vous réellement son histoire ? La voici.
Des théâtres en proie aux flammes
En 1700, le Palais Rihour, théâtre où se déroulaient tous les spectacles lillois à l’époque, est détruit par un incendie. La Comédie est inaugurée juste à côté, en 1702, mais est trop petite pour accueillir les représentations. En 1788, un nouveau projet prend forme : le Grand Théâtre de Michel Lequeux, ancêtre de l’Opéra de Lille, est inauguré, sans être réellement satisfaisant. « L’ensemble laisse perplexe, tant ce théâtre parait mal fini, pas assez grand, mal décoré. Les odeurs des urinoirs remontent dans la salle. Bref, rien ne va », lit-on sur le site du Département du Nord. En 1903, le Grand Théâtre aussi finit par prendre feu. C’est à ce moment qu’en 100 jours, le Théâtre Sébastopol est construit, à titre provisoire.
Un Grand Théâtre au cœur de Lille
Cependant, le maire de Lille de l’époque, Charles Delesalle, n’abandonne pas l’idée d’un grand théâtre lillois. Alors qu’en 1905, la mairie accorde des crédits pour la construction du Grand boulevard, large de 50 mètres, reliant Roubaix, Tourcoing, et Lille, débouchant sur la place du Théâtre, la nécessité d’aménager cette place se fait sentir.
En 1907, Charles Delesalle lance ainsi un concours qui distinguera l’architecte du nouveau théâtre. Louis-Marie Cordonnier, créateur de la Porte de Paris, se démarque des 16 autres candidats par son ambition de réaliser un opéra à l’italienne.
L’architecte doit respecter un certain nombre de contraintes : le bâtiment doit résister au feu, accueillir une soixantaine de musiciens, et 1600 spectateurs. C’est Louis Cordonnier qui aura également la charge de la construction de la Nouvelle Bourse et son beffroi, créant ainsi de véritables symboles de l’identité lilloise*.
Un Opéra à l’épreuve des Guerres mondiales
L’inauguration du bâtiment est prévue en 1914, mais est retardée du fait de l’occupation des Allemands. Ces derniers investissent l’Opéra jusqu’en 1918 et y organisent des spectacles et concerts. « Le 11 septembre 1915, le Général Von Graevenitz, chef de la Kommandantur, dans une lettre, expose au maire de Lille que le Grand théâtre doit être mis en exploitation. Et il précise ‘que les travaux seront exécutés aux frais de la Ville, par un directeur allemand », lit-on dans un article de Nord Matin publié en 1961, trouvé aux archives municipales de Lille (section 4M6/64bis). Le Deutsche Theater est inauguré à Noel, en 1915.
Après la guerre, la ville met 5 ans à le remettre en état, avant la « première française » qui a lieu le 7 octobre 1923, face à des milliers de Lillois.
L’édifice est à nouveau réquisitionné pendant la Seconde Guerre mondiale pour les artistes et spectateurs Allemands, mais est restitué aux Lillois en 1944.
La modernisation de l’Opéra
En 1998, la Ville de Lille ferme l’Opéra pour le moderniser et proposer des spectacles de meilleure qualité, avec de meilleurs outils, dans des locaux rénovés et plus technologiques. Les travaux, menés par Pierre-Louis Carlier et Patrick Neirinck, commencent en 2002. Un an plus tard, et dans le cadre du lancement de Lille 2004 Capitale européenne de la Culture, l’Opéra rouvre ses portes aux spectateurs, avec une programmation plus ambitieuse.
La nouvelle scène est inaugurée le 9 décembre 2003 par la compagnie de danse contemporaine du chorégraphe américain Bill T.Jones. En 2017, il est labellisé Théâtre lyrique d’intérêt national.
Une architecture néoclassique exceptionnelle
L’Opéra de Lille se distingue aussi par son architecture rappelant celle de l’Opéra Garnier à Paris. Long de 75 mètres, large de 40 mètres, l’édifice est d’inspiration néoclassique, et sa grande salle se calque sur les grands théâtres italiens.
L’histoire de l’opéra de Lille (Nord), trésor patrimonial de la capitale des Flandres, a été mouvementée. ©Carte postale de la Ville de Lille, Archives municipales de Lille, Cotée 7Fi/244/2
Sa façade en pierre est constituée d’un fronton illustrant la glorification des arts, réalisé par Hippolyte Jules-Lefebvre. On y voit Apollon, Zéphyr, et les muses antiques, comme Calliope, représentant la poésie épique et l’éloquence, Euterpe pour la musique, ou encore Melpomène pour la tragédie (brochure sur l’Opéra de Lille disponible aux archives municipales de Lille).
On distingue des parties majeures de l’Opéra énumérées sur le site Finoreille : le vestibule et les grands escaliers qui instaurent dès l’entrée du visiteur l’ambiance unique de l’Opéra ; le grand foyer qui porte bien son nom, de par sa longueur impressionnante, où les spectateurs peuvent consommer une boisson pendant l’entracte ; la grande salle de spectacle à l’italienne ; le plateau de 450 m² ; le studio et le foyer de la danse, pour les répétitions et petits spectacles ; et enfin la rotonde, ancien fumoir, où se déroulent les extras des saisons.
L’Opéra de Lille est actuellement fermé pour sa pause estivale, mais vous pourrez le visiter comme tous les ans lors des Journées européennes du Patrimoine, en septembre.
*site de l’Opéra de Lille et archives municipales de Lille, section 4M6
Par Lina Melhem
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