La statue aux belles bacchantes serait-elle descendue de son socle ? Aurait-elle en double ? Un effet de la chaleur ? Un passant regarde la fontaine, regarde Jo avec qui nous parlons. Re-regarde la fontaine, s’approche et lance un « c’est bien vous ! » Zéro hésitation pour Luce, dame d’un âge très respectable, qui fonce demander une photo : Jo Landron, vigneron à La Haie-Fouassiere avec lequel nous parlons est bien l’homme à la moustache sur la fontaine.

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Alors Jo, ça fait quoi d’avoir sa bobine sur la statue ? « Le choc a été dans l’atelier, quand je me suis découvert. C’est bizarre et fort. C’est bien moi, en un peu plus grand, à l’échelle 1,35 et une moustache en poil de yacks comme au musée Grévin. Mais la statue ne cause pas ! » Jo Landron, si. Et pouvoir parler, c’est l’occasion pour lui de remettre la bouteille au milieu de la table. Comme l’église au milieu du village. « Je suis quelqu’un de modeste. Je ne vais pas prendre pour autant le melon, le gag pour un vigneron. Je ne suis que le porte-drapeau d’une activité que l’artiste a voulu représenter. Mais comme cette statue correspond à mon année de départ en retraite, c’est une petite fierté. Je la vois comme un point d’orgue sur mon parcours professionnel.  », raconte Jo qui, à 65 ans, laisse le domaine et ses 40 hectares à sa fille Hélène et son compagnon, Nicolas Chaurois.

Vingt-cinq ans sans pesticide

Causer, c’est aussi l’occasion pour lui de faire une explication de texte de la hotte à dos, cet objet en cuivre que porte sa statue en résine. Et couper net à un contre-sens qui lui fait mal au bide : « Ce n’est pas un appareil à sulfater comme j’entends dire. Ça fait vingt-cinq ans que je n’utilise plus de pesticides. Je me suis converti en culture biologique en 1998 et j’ai adopté la philosophie de la biodynamie pour apporter les meilleurs soins à la vigne dans l’équilibre et dans le vivant. Cette hotte me sert à épandre des préparations en biodynamie. La lance est tournée vers le ciel car il s’agit de silice de corne, préparation qui permet d’amener plus de la lumière sur le végétal. »

Comme celui d’un metalleux avec son groupe favori, le tee-shirt de Jo annonce la couleur : « Chasser le naturel, il revient goulot ». Jo le porte dans les vignes et tenait à ce que la statue le porte sur sa fontaine. « C’est le tee-shirt que fait un copain, Michel Tomer. Le message nous rappelle qu’il faut laisser le vigneron travailler de façon libre. Sans trop de technique derrière. »

L’autre détail qui n’en n’est pas un pour lui, c’est à côté de sa statue, une bouteille d’Amphibolite. A deux consonnes d’Amphitrite, l’allégorie de Nantes, mais en fait, le nom d’une roche et de sa cuvée signature depuis 1993. « Le vin doit être le reflet de nos terroirs. Ça ancre nos métiers. » Alors statue ou pas, « quarante-cinq ans sur les mêmes terres et 45 millésimes, j’ai bien les pieds sur terre ».