Par

Gabriel Kenedi

Publié le

15 avr. 2025 à 21h00

À 56 ans et après 30 ans de carrière, Philippe Katerine entame en ce printemps 2025 la toute première tournée des Zéniths de sa carrière. Le chanteur de « Louxor j’adore », ou de « Nu », sera d’ailleurs en concert au Zénith de Toulouse, mercredi 16 avril 2025 (et il reste des places !). Avant son show, qu’il promet spectaculaire, Philippe Katerine a accepté de répondre aux questions d’Actu Toulouse. Entretien forcément un peu barré (mais pas trop !), avec un artiste totalement inclassable ! 

« Je pleurais comme un petit ouin-ouin ! »

Actu : Vous avez entamé il y a quelques jours votre tournée des Zéniths. Comment s’est déroulé ce premier concert à Rouen ? 

Philippe Katerine : « C’était spectaculaire ! C’est ce que j’espérais. J’ai une équipe assez fournie et très performante, donc ça s’est très bien passé. Après, j’étais un peu submergé par l’émotion parce qu’il y a des moments très fragiles. Donc j’ai pleuré à plusieurs reprises pendant mes chansons, ce qui ne m’est jamais arrivé sur scène. Je pleurais comme un petit ouin-ouin ! »

Vous avez sorti 18 albums et c’est la première fois que vous faites une tournée dans les plus grandes salles de France. Comment le vivez-vous ?

Philippe Katerine : J’avais fait un Zénith en 2010 mais c’est la première fois qu’il y a une tournée des Zéniths. Auguri, mon tourneur depuis le début, m’a proposé cette tournée après avoir entendu le disque. C’était avant les JO. Ils voyaient que ça pouvait fonctionner. Je me suis dis : ‘allez hop, pourquoi pas ! ». Au moins, je l’aurais fait une fois dans ma vie !

« Je peux réaliser mes fantasmes de scène ! »

Organiser de si grands concerts, ça se prépare différemment qu’un concert dans une plus petite salle ?

Philippe Katerine : Il y a d’autres contraintes, mais quand il y a des contraintes, c’est toujours plus amusant, quelque part ! On a réfléchi à une mise en scène qui utilise la hauteur, la largeur de la scène, et qui va vers le spectaculaire. Auguri a mis des moyens, et c’est une chance folle pour moi. Je peux réaliser mes fantasmes de scène, et mettre en place des choses que je rêvais de voir en tant que spectateur.

Vidéos : en ce moment sur Actu

Vous nous annoncez un show spectaculaire. Quelle expérience va vivre le public ?

Philippe Katerine : C’est très contrasté ! Il y a à la fois du rire et des larmes, c’est très étrange ! Il y a du rêve aussi. Tout d’un coup, des choses se passent dans cette salle qui ne pourraient pas arriver dans la vie. Tout d’un coup, ça devient magique. Je ne vais pas vendre mon affaire mais en tout cas, l’idée, c’est qu’on sorte les yeux écarquillés et qu’on se demande : ‘mais qu’est-ce qu’on vient de voir, là ? ». C’est donc une expérience, que je propose…

  »Je suis un explorateur ! »

Vous aimez bien cette idée d’être un marchand de rêves ?

Philippe Katerine : Oh, vous savez, je ne suis pas un marchand de rêves. Je suis plutôt genre CNRS, moi. 

Un explorateur, plutôt ?

Philippe Katerine : Oui, un explorateur, c’est pas mal du tout ! La première fois qu’on a fait ce show un Zénith, il y avait une stupéfaction qui était assez jouissive.

« J’ai grandi à Toulouse ! »
Peu de gens le savent, mais le bonhomme rose présent au Rose Festival est une œuvre de Philippe Katerine.
Peu de gens le savent, mais le bonhomme rose présent au Rose Festival 2024 est une œuvre de Philippe Katerine. (©Gabriel Kenedi /Actu Toulouse)

Vous allez rencontrer votre public toulousain mercredi. Qu’est-ce que Toulouse vous évoque, vous le Vendéen ?

Philippe Katerine : C’est la Ville rose ! Le rose, c’est une couleur que j’affectionne particulièrement. Ce mélange de sang et de lait… J’ai passé quelques séjours et j’ai même grandi à Toulouse.

C’est vrai ? Expliquez-nous !

Philippe Katerine : J’ai grandi pendant 15 jours à Toulouse. C’était en 2007. J’en avais marre, j’étais pas loin d’un burn-out et je me suis retiré quelque part à Toulouse. Et je m’y suis trouvé très très bien. C’est donc une ville qui m’a régénéré.

Vous étiez déjà un grand enfant en 2007 !

Philippe Katerine : Oui, quand même ! Mais j’ai grandi. Et je grandis encore aujourd’hui. Comme vous aussi !

Et y a-t-il des artistes toulousains qui vous ont marqué ?

Philippe Katerine : Il y a Julien Gasc, que j’aime beaucoup. Il fait des disques passionnants. Et il y a Bigflo et Oli, avec qui j’ai affaire, puisqu’ils m’avaient demandé un grand bonhomme rose (un bonhomme rose gonflable de 7 mètres de haut, qui est devenue la mascotte du festival, ndlr), pour le Rose Festival. Je connais leur travail, ils sont très créatifs. J’ai eu la joie aussi de rencontrer Jean-Pierre Mader, qui est un homme charmant !

Aux JO, « j’étais dans la tenue de Léon Marchand… peut-être pas avec le même corps ! »

Il y a un an, vous êtes apparu aux yeux du monde entier légèrement vêtu, on va dire, lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques. Quel souvenir gardez-vous de tout ça ?

Philippe Katerine : Ça restera un événement marquant pour moi. Et complexe, car c’est rentré dans une symbolique très étrange et politique, presque incontrôlable. Mais c’est un rêve, pour un artiste, de vivre ça. La proposition était engagée, sans que je le sache vraiment ! Pourtant, ma chanson était très innocente. Effectivement, j’étais dans la tenue de Léon Marchand… peut-être pas avec le même corps ! C’était une performance que je sentais qu’il fallait que je fasse. Je suis très heureux de l’avoir fait, surtout.

Il y a eu des retombées parfois inattendues, notamment en Chine, ou vous êtes devenu un véritable phénomène.

Philippe Katerine : Ils ont fait des gâteaux (représentant le tableau de Philippe Katerine aux JO, ndlr) ! Je me suis goûté, c’était très comestible ! Un peu sucré à mon goût, cela dit ! Et depuis, les Chinois m’ont demandé pas mal de choses. Je fais des expositions là-bas, à droite, à gauche.

« Autant vivre le côté marrant ! »

On imagine que vous ne vous attendiez pas ! C’est assez amusant, le hasard de la vie, parfois…

Philippe Katerine : Ah bah la vie, il n’y a rien de plus marrant ! Et rien de plus tragique aussi bien sûr. C’est les deux.

Vous préférez le côté marrant de la vie, on a l’impression !

Philippe Katerine : Je préfère le côté marrant. Le tragique est là en permanence… donc autant vivre le côté marrant !

« La plupart de mes chansons vont à la poubelle »
Philippe Katerine a entamé une tournée des Zéniths dans toute la France.
Philippe Katerine a entamé une tournée des Zéniths dans toute la France. (©Philippe Jarrigeon )

Votre façon de travailler a-t-elle évoluée en 30 ans de carrière ?

Philippe Katerine : Je change toujours de méthode ! Il y a plein de possibilités de faire de la musique. En ce moment, pour cette tournée, on la fait en groupe et c’est très agréable. Mais la composition reste une activité très solitaire, dont je jouis énormément. J’adore écrire des chansons depuis l’âge de 14 ans. Je n’en fais pas tous les jours mais c’est très gratifiant, d’écrire des chansons. Qu’elles soient écoutées ou pas, d’ailleurs. La plupart de mes chansons ne sont pas écoutées parce qu’elles vont à la poubelle. C’est une activité très intéressante, ça calme, ça ordonne ses pensées. Et c’est gratifiant, car on se prend un peu pour Dieu, l’espace de cinq secondes, en inventant quelque chose qui n’existait pas auparavant. Ça dure cinq secondes, mais ces cinq secondes sont extraordinaires à vivre. Je ne me suis donc pas trompé d’orientation !

Beaucoup de chansons vont à la poubelle, vous nous dîtes… mais comment faire le tri ?

Philippe Katerine : Heureusement que la poubelle existe ! Mais je remarque aussi que beaucoup de chansons sont recyclables. Elles peuvent ressurgir de manière inattendue, parfois !

« Je vais me tourner vers la peinture ! »

Quels seront vos projets après cette tournée ?

Philippe Katerine : On va faire la tournée des festivals, cet été. Et j’ai un livre de dessins qui va sortir. Des dessins au feutre, en noir et blanc. Et après les festivals, je vais me reposer, et je vais me tourner vers la peinture. C’est ce que j’ai envie de faire.

Pourquoi la peinture ?

Philippe Katerine : J’en ai déjà fait et exposé, et j’ai adoré faire ça. Je continue en amateur. Je suis un peintre du dimanche, mais je n’exclus pas d’être un peintre du lundi un jour !

« Si j’étais spectateur, j’irais direct ! »

Avez-vous conscience d’être inspirant pour certaines personnes ?

Philippe Katerine : Je n’y pense jamais. Il y a un jeune Toulousain, d’ailleurs, qui s’appelle Khénoah, qui a repris une de mes chansons dans The Voice. Il est très charmant. Et de voir un jeune garçon, je ne sais pas quel âge il a, reprendre de façon très gracieuse ma chanson, c’est un énorme honneur qu’il m’a fait. C’est quelque chose à vivre !

Un dernier mot, Philippe Katerine ?

Philippe Katerine : Venez au spectacle ! Franchement, moi si j’étais spectateur, j’irais direct ! Mais malheureusement, je ne peux pas le voir.

Infos pratiques
Philippe Katerine en concert au Zénith de Toulouse, mercredi 16 avril 2025. Tarifs : dès 20 euros. 

Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.