Les livres de Peter Heller sont comme le feu. On ne sait jamais s’ils vont rugir ou couver, tout brûler sur leur passage ou nous offrir la chaleur enveloppante des braises. Son tout premier roman traduit en français, La Constellation du chien, est ravageur comme l’apocalypse. La Rivière, qui raconte justement l’histoire d’un grand incendie poursuivant deux hommes dans les forêts canadiennes, porte les flammes du désastre. D’autres sont tièdes, enveloppants comme des caresses : le somptueux Céline, le mélancolique Peindre, pêcher et laisser mourir. Chacun est un spectacle, une contemplation. Voici La Pommeraie, dans la catégorie des brasiers doux.

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Sa narratrice, Frith, professeure d’université, célibataire, ouvre un coffre. Elle est enceinte de dix semaines. À l’intérieur du coffre, un carnet. Celui que tenait sa mère, Hayley, grande traductrice de poésie chinoise, spécialisée dans la dynastie Tang, et particulièrement de la princesse (fictionnelle) Li Xue, ayant vécu seule avec sa fille dans l’ouest du Sichuan au début du VIIIe siècle. Frith et Hayley vivent seules elles aussi, en compagnie de leur chien Ours, dans le Vermont sauvage. Le roman déroule les souvenirs d’enfance de Frith, rythmés par la lecture des poèmes, tellement proches du quotidien de la femme et de la petite fille que la voix de la mère s’est dissoute dans celle de la poétesse. De sorte que Frith les lit aujourd’hui comme un journal in […] Lire la suite