Candace Owens passe à l’international. Celle que le Washington Post a décrite comme « le nouveau visage du conservatisme noir » est déjà une vedette aux États-Unis. Sa chaîne YouTube compte quatre millions et demi d’abonnés. Être attaquée en diffamation par le couple Macron lui donne encore plus de visibilité.

Comme Benny Johnson, Tim Pool ou Charlie Kirk – d’autres influenceurs de la droite tout sauf modérée -, Candace Owens commente, avec éloquence et certitudes, les affaires du monde dans un décor minimaliste, filmée face à un micro. C’est aussi une femme noire, deux caractéristiques plus rares dans la galaxie des commentateurs conservateurs.

Une conservatrice qui s’ignorait

« J’ai toujours été conservatrice, c’est juste que je ne le savais pas », a-t-elle expliqué récemment dans l’émission « The Breakfast Club ». L’enfant du Connecticut, près de New York, qui n’a pas pu finir ses études de journalisme faute d’argent, adoptait effectivement un discours plus libéral quand elle écrivait pour le blog de Degree180, en 2015. Les critiques subies après le lancement de son site Socialautopsy.com, qui dénonçait le harcèlement en ligne, ont été un tournant, en 2016.

La nouvelle convertie au conservatisme lance, en 2018, la fondation Blexit – mélange de black et Brexit – pour inviter les noirs, traditionnellement démocrates, à changer de camp. Elle fait entendre ses positions extrêmes chez Turning Point, PragerU ou le Daily Wire, des organisations plébiscitées par le mouvement Maga de Donald Trump, avant de lancer son propre média.

« J’emmerde l’Ukraine »

Le covid ? « L’arnaque la plus ridicule du monde. » Le mouvement Black Lives Matter ? « Des gamins pleurnicheurs en quête d’attention. » Le racisme ? Elle porte un T-shirt « White lives matter » (tous les blancs comptent) à un défilé. L’avortement ? « Un outil pour exterminer les bébés noirs. » Volodymyr Zelensky ? « Un acteur homosexuel, j’emmerde l’Ukraine. » Le réchauffement climatique ? « Un mensonge pour soutirer des dollars. » Les élections de 2020 ? « Clairement truquées. » Le féminisme ? Elle sort un livre titré « Fais-lui un sandwich ».

Parallèlement, ses accrochages avec des célébrités lui font de la publicité. « Elle a récupéré deux millions de followers grâce à moi », déplore la rappeuse Cardi B.

Donald Trump apprécie cette « très intelligente penseuse ». L’influenceuse de 36 ans ne le soutient pas pour autant aveuglément. « J’ai honte d’avoir dit aux gens de voter pour lui », a-t-elle confié après les bombardements américains sur l’Iran. Son isolationnisme ne l’avait pas empêchée d’appeler, sérieusement ou pas, à l’invasion de l’Australie en 2021, trop stricte, à ses yeux, durant le covid (le pays lui a refusé un visa l’an dernier).

Les transgenres, son obsession

Mais évoquer l’Iran, c’est surtout parler d’Israël qui, affirme-t-elle, « dicte notre politique étrangère », assurant que « notre pays est occupé ». Dans une vidéo, Candace Owens a suggéré qu’un lobby israélien serait derrière la mort de John F. Kennedy et prévenu : « Si je suis assassinée, vous pouvez blâmer les sionistes. À 100 % ». L’Américaine a aussi relativisé l’Holocauste et fait scandale en décrivant Adolf Hitler comme un « globaliste plutôt qu’un nationaliste ». L’association StopAntisemitism l’a nommée « antisémite de l’année 2024 ».

Les personnes transgenres ressemblent à son autre obsession. « Quand on joue à Frankenstein avec le corps des gens, il ne faut pas s’étonner qu’ils se comportent comme des monstres », a-t-elle clamé. Elle a diffusé, en début d’année, « Becoming Brigitte », un documentaire en six épisodes, développé avec le journaliste français Xavier Poussard, censé démontrer que la première dame française est un homme. Michelle Obama avait été visée par des allégations du même genre.

Le couple Macron a donc choisi d’attaquer. Candace Owens a répondu sur un ton offensif, trait de caractère qu’elle partage avec le président américain, dont les mensonges sont régulièrement pointés du doigt. Le passé la rend peut-être confiante. Fin 2022, une élue du Maryland qui la poursuivait pour diffamation a dû lui verser 115 000 dollars.