Publié le
27 juil. 2025 à 18h04
Claire, 15 ans, a déjà des idées bien arrêtées. Cette jeune fille originaire d’un village du pays d’Alençon (Orne) voulait : « vivre une année de lycée aux États-Unis, en immersion complète ».
Ce qu’elle va faire ? « Je pars le 8 août pour rejoindre un petit lycée du centre des États-Unis, dans l’Illinois. »
Un déclic californien
Ce projet, la collégienne de Saint-Exupéry, le porte depuis 2023. « Lors d’un voyage avec ma famille, en Californie, il y a trois ans, on a visité un établissement de la Silicon Valley. J’ai adoré ! Je croyais que les campus étaient réservés aux étudiants. »
Puis elle est tombée sur une vidéo TikTok d’une lycéenne française partie dès l’âge de 15 ans : « J’ai compris alors que c’était possible pour moi aussi. »
À son retour, Claire explore les programmes d’échange. Elle contacte elle-même plusieurs organismes, compare, et choisit finalement World Education Program (WEP), une structure belge spécialisée dans les immersions scolaires. « Ils étaient beaucoup plus accessibles que les autres. Plus à l’écoute. »
Un parcours du combattant
Pour être sélectionnée, Claire a dû passer plusieurs étapes au printemps 2024 : un long questionnaire écrit sur ses habitudes, ses goûts, ses points forts et faibles, des tests d’anglais (compréhension orale, écrite, grammaire), un test de maths en anglais, une vidéo de présentation, et un entretien de 30 minutes (25 minutes en français et 5 en anglais) avec une responsable WEP. Puis encore un autre avec un psychologue. « Elle m’a posé des questions vraiment bizarres, très personnelles. » Forcément un peu déstabilisant à son âge.
Parmi les poules et les cochons
Enfin, elle a échangé par visio avec la famille d’accueil, qui a l’habitude de recevoir des étudiants étrangers. « La mère m’a dit que mon sourire leur rappelait celui de l’Espagnole qu’ils ont accueillie l’an dernier. Ils ont plein d’animaux chez eux, des chats, des chiens, mais aussi des poules, des cochons domestiques, et j’aime les animaux. C’est ce qui a fait pencher la balance pour me choisir. » Car c’est la famille d’accueil qui sélectionne et non l’inverse.
Les parents de Claire ont dû aussi remplir un dossier très complet. « C’est un projet qu’on soutient à 100 %, mais il faut que ce soit un vrai désir. L’enfant ne doit pas vouloir partir pour de mauvaises raisons, pour fuir une réalité qui le poursuivrait assurément là-bas », estime sa mère.
Dix mois en immersion
La famille a dû également mettre la main à la poche. Le coût du programme est d’environ 12 000 €, vols, scolarité, hébergement, nourriture et assurances compris. Les parents de Claire ont décidé d’ajouter une assurance annulation de 700 €, pour laisser à Claire la possibilité de changer d’idée. Ce qui, à un moins d’un mois de son départ, est loin d’être le cas.
En retour, la famille ornaise a accueilli, pendant six mois, une lycéenne australienne, Mathilda. « C’est un système très cadré (pas de cigarette, pas d’alcool, pas de petit copain, etc.). Et il n’y a pas de retour possible pendant l’année, pas de possibilité de visite des parents, sauf en cas d’urgence. »
Pas de visite
Claire et ses parents pourront bien sûr échanger par visio, mais pas questions de se rendre visite pendant les dix mois de la scolarité. C’est la meilleure façon que l’expérience se passe au mieux, selon l’organisme de placement.
WEP travaille avec un partenaire américain, qui attribue les familles d’accueil en fonction du profil de l’élève. Claire n’a donc choisi ni l’État ni le lycée ni sa famille. Mais elle est ravie de tout !
Une vie de famille
Elle va vivre dans une famille recomposée de l’Illinois, avec une adolescente de 12 ans, Kaley, et une autre lycéenne, Sophie, 15 ans également, venue, elle, d’Allemagne et avec qui le contact passe déjà. « On parle tous les jours ensemble sur Snapchat depuis février. »
Le lycée, construit en 2019, est à proximité. Claire et Sophie iront en bus.
Mais le jour de la rentrée, dès le 11 août 2025, la mère d’accueil a promis d’accompagner les jeunes européennes dans leur nouvel établissement.
Entre Saint-Louis et Louisville
À quelque 300 kilomètres au sud de Chicago, 150 kilomètres de Saint-Louis et Louisville, elle va vivre, en pleine campagne, au cœur des États-Unis, dans un petit village, seulement 600 habitants. Le lycée ne compte que 130 élèves, « avec des classes de 14 », se réjouit la maman de Claire, enseignante ! La ville d’Alençon lui paraîtra peut-être grande à son retour…
Groupe WhatsApp
Depuis des mois, Claire, Sophie et leur future famille échangent régulièrement par messages et appels vidéo.
Un groupe WhatsApp a même été créé avec les parents : « Quand j’ai eu mon brevet, ils m’ont tout de suite envoyé un message pour me féliciter ! »
Il faut dire que Claire l’a obtenu avec mention Très Bien.
De grands rêves et de petites craintes
Claire se dit prête. Mais elle ne cache pas deux sources d’inquiétude très précises : « Les piqûres pour les vaccins, c’était vraiment dur. Et ce qui me stresse le plus, c’est le moment de l’embarquement à l’aéroport. Pas l’avion lui-même, juste le check-in. »
La jeune fille évoque surtout ses attentes liées à cette année : les rencontres, la langue, la culture : « Parler anglais, vivre Thanksgiving, les bals de promo, les matchs, se faire de nouveaux amis pour la vie… j’ai envie de vivre tout ça de l’intérieur. » Quoi qu’il en soit : décollage le 8 août.
Les retrouvailles… de Friends
Fan de séries américaines, Claire a découvert, en version originale, Friends, feuilletons à succès diffusés entre 1994 et 2004, après avoir vu les retrouvailles des acteurs en 2021.
Elle a regardé les dix saisons, d’abord avec sous-titres, puis sans aide.
Elle pratique aussi le théâtre depuis l’âge de 8 ans au sein de la compagnie Bleu 202 à Alençon et le twirling bâton. Plus tard, elle rêve d’une carrière d’actrice. Avec, cette fois, la Californie en ligne de mire ?
« On verra plus tard »
En septembre 2026, après cette parenthèse américaine, elle doit poursuivre sa scolarité à Alençon. Avant de repenser à l’Université. « Mais les études supérieures aux États-Unis, c’est très cher. On verra plus tard. »
Benjamine d’une fratrie de quatre, bien dans ses baskets, Claire sait ce qu’elle laisse ici et ce qu’elle va chercher là-bas : « Si on a un rêve, il ne faut pas hésiter, il faut se donner les moyens de le réaliser. » Le sien est clairement américain.
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