Actuellement, un employé britannique qui tombe malade doit attendre trois jours avant de toucher des indemnités, dont le taux minimum légal est fixé à 118,75 livres (136 euros) par semaine, pour 28 semaines maximum. Et tout le monde n’y est pas éligible : pour y prétendre, il faut gagner au moins 123 livres par semaine (141 euros). Ce système, peu généreux, contribue à exclure et à précariser les plus fragiles.

Des congés maladie bientôt « améliorés »

Le gouvernement Labour, élu en juillet 2024, avait promis de faire des travailleurs la priorité de son mandat et de renforcer leurs droits. L’Employment rights bill (projet de loi sur le droit du travail), qui doit passer une dernière fois devant la Chambre des lords, en septembre, et s’appliquer à partir d’avril 2026, prévoit des améliorations en matière de congé maladie. D’abord, en les rendant accessibles aux petits salaires avec l’annulation du plafond minimum de revenu. Ensuite, en faisant disparaître les jours de carence.

En tout, 1,3 million d’employés supplémentaires pourront prétendre à ces aides, selon les chiffres du Centre for progressive change et de l’organe syndical TUC. Ce dernier s’appuie sur des études américaines pour affirmer qu’un accès facilité aux indemnités tend à réduire la fréquence des absences car les employés contagieux qui restent chez eux contaminent moins leurs collègues. Et ont moins d’impact sur la productivité et le moral de ces derniers.

Les entreprises sollicitées mais… gagnantes ?

Pour le TUC, si les entreprises risquent de payer jusqu’à 425 millions de livres (481 millions d’euros) supplémentaires en congés maladie, elles pourraient enregistrer jusqu’à 2,4 milliards de livres (2,75 milliards d’euros) en gains de productivité – un indicateur pour lequel le Royaume-Uni est à la traîne, comparé aux autres économies développées.

Une partie de la presse nationale a souligné ce coût supplémentaire pour les entreprises, qui ont déjà vu le taux du salaire minimum et des cotisations sociales augmenter cette année. La Federation of small businesses (Fédération des petites entreprises) a averti que les changements « feraient réfléchir les employeurs à deux fois avant de prendre des décisions d’embauche ».

Le Guardian souligne, pour sa part, que l’Employment rights bill pourrait plutôt faire remonter la popularité en chute du gouvernement. Parmi les autres mesures du projet de loi, il faut noter les droits au congé paternité ou au congé parental non-payé dès le premier jour travaillé (et non plus au bout de deux ans) ou la fin des contrats zéro-heure. Ainsi, il flotte comme un petit air de révolution dans le système de santé britannique. À contre-courant de ses voisins européens.