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Marc, si je vous dis qu’on est à l’arrivée du Tour de France 2025 et que votre équipe n’a pas été vernie, on est d’accord ou pas ?
On est d’accord. Surtout qu’hier, on a été victime d’une chute alors qu’on jouait la gagne de l’étape, donc c’est frustrant, décevant, mais c’est la course.
Pas de victoire depuis 2019, ça agace ? Quel est le sentiment ?
Non. Quand on fait quatrième du Tour avec Gaudu ou neuvième, ce sont quand même des bilans intéressants. C’est un peu facile et réducteur de résumer notre Tour à zéro victoire d’étape depuis 2019.
Vous connaissez forcément ceux qui critiquent. Qu’est-ce que vous leur répondez ?
Je ne leur réponds rien. On trace notre chemin, on construit, on développe, et on essaie d’être les plus performants possible avec nos moyens.
Tadej Pogacar, quatrième Tour de France. Normal ?
C’était le meilleur, le plus fort, le plus complet. Ce n’est pas illogique qu’il soit le vainqueur.
Quand on entend les critiques de ces derniers jours, ça agace ?
Non. J’ai vu quinze jours de Tour attrayants, punchy, sexy, excitants. La dernière semaine était plus dans le contrôle, la modération, mais c’était logique vu le classement.
Ce n’est pas un cru exceptionnel, mais un bon cru. Il aurait pu l’être si l’intensité avait duré toute la dernière semaine. Mais on ne peut pas demander l’impossible aux coureurs, et c’est mieux ainsi.
Et maintenant ? La suite pour Groupama-FDJ ?
Le Tour d’Espagne. Avec des ambitions pour Gaudu, Martin, Küng, Gruel et d’autres. J’espère qu’on fera un grand Tour d’Espagne.
David Gaudu, sa résurrection en 2024 a marqué. Il repart sur les bons rails ?
Oui. J’ai de bons retours de ses stages en ce moment. C’était une bonne décision de ne pas le mettre sur le Tour cette année, pour lui laisser le temps de se reconstruire et retrouver confiance et sérénité.
Qu’est-ce qui vous a manqué sur ce Tour ?
Un peu de réussite, notamment hier (samedi). Mais sur les étapes décisives, on avait Romain Grégoire. Il est encore en développement, il a 22 ans. Quand on est face à Pogacar ou Van der Poel, il lui manque encore un petit cran. Mais il est en train de le prendre, en progression. Il faut garder le cap.
Quelle image vous gardez de ce Tour de France 2025 ?
La dernière : Wout van Aert. J’ai une grande admiration pour ce coureur. Il est en opposition permanente avec Van der Poel à qui tout réussit. Il a été en capacité de se reconstruire, de se redévelopper, de retourner au combat, il revient de moments difficiles. Et qu’il gagne aujourd’hui sur les Champs, avec cette étape un peu spéciale, c’est un signe du destin. Je suis en admiration.
Comme un heureux hasard, il y a un an, un autre Belge gagnait ici, un certain Remco Evenepoel…
Oui, mais franchement, ce que j’ai vécu cette après-midi… Il y avait un petit côté « cirque » que je n’aime pas, mais aussi la victoire de ce qu’est intrinsèquement le cyclisme : l’abnégation, la détermination, l’expérience, l’engagement. Et ce qu’on a vécu aujourd’hui (dimanche) avec Wout Van Aert, c’est à méditer.
Vous parlez du « pari » tenté par ASO. Qu’est-ce qui vous a plu ou déplu ?
Ce qui m’a plu, c’est Van Aert. Ce qui m’a déplu, c’est le côté prise de risques. On joue avec le feu. Et il ne faut pas trop jouer avec le feu.
Avec l’expérience, vous relativisez certaines années sans grands résultats ?
Oui. Le résultat du Tour dépend de nous, mais pas que de nous. Il y a les circonstances de course et l’adversité. Il faut rester objectif, que ça aille bien ou non, et retrouver des équilibres.
C’est un bon cru, ce Tour 2025 ?
Oui, un bon cru. Pas un cru exceptionnel. Ça l’aurait été si Vingegaard avait pu être en opposition plus franche avec Pogacar. Mais ça n’a pas été le cas. On a eu 15 jours palpitants. Si ça avait duré sur le même rythme, je vous aurais dit « cru d’exception ». Mais ce n’est pas le cas.
On a vu plus de spectacle sur les étapes dites « de transition » et accidentées…
Ce n’est pas nouveau. Une étape moins difficile permet à plus de monde de s’exprimer. Il faut garder un bon équilibre : baroudeurs, moyenne montagne, chronos, sprints. Il en faut pour tout le monde.
Pogacar, quatrième Tour à 26 ans. Il va dépasser les légendes qui comptent 5 Tour de France ?
Si on se fie à la situation présente, on a envie de dire que oui, que ça va être facile et simple à se réaliser. Mais méfiez vous du temps, de l’habitude, du relâchement. Rien n’est acquis à l’avance. Rappelez-vous, par le passé, on avait prédit de nombreuses victoires à certains coureurs : Jan Ullrich, à qui on prédisait plusieurs victoires, n’en a gagné qu’un seul. Donc : observation et prudence, c’est le mot qui convient.
Tour de France – Classement général