La Société nationale des chemins de fer français (SNCF) et les collectivités persistent et signent : le train express régional (TER) entre Nantes et Rennes est un exemple de régularité ! Côté transporteur, SNCF Voyageurs indique que 89,5 % des TER sur la ligne Quimper – Nantes – Rennes sont à l’heure, admettant à demi-mot que la « qualité de régularité est un peu moindre sur cette ligne ».

Côté collectivités, seule la Région Pays de la Loire a répondu aux sollicitations du Télégramme : reconnaissant « un nombre de suppressions et de retards inhabituels, bien plus conséquents que les précédentes années », elle impute principalement les problèmes sur cette ligne « à des causes externes au transporteur SNCF Voyageurs », tels que « des évènements climatiques, des bagages délaissés, des divagations d’animaux… ou incidents liés aux infrastructures, gérées par SNCF Réseau ».

Des usagers en colère et désarmés

C’est justement là que le bât blesse, à en croire des usagers réguliers. Le réseau ferroviaire vieillissant et le manque d’entretien seraient les raisons de ces retards et suppressions en cascade. « Les derniers travaux de modernisation ont été réalisés en 2018 et 2019 », nuance toutefois SNCF Réseau.

En colère et désarmés face à l’enlisement de la situation, les usagers interrogés disent rencontrer des problèmes récurrents sur cette ligne « depuis deux, trois ans » et regrettent le manque de « réponses concrètes » apportées par la SNCF.

« Si les Régions et la SNCF voulaient torpiller la ligne Nantes-Rennes, ils ne feraient pas autrement »

L’un d’eux, Magali Morand, a d’ailleurs lancé une pétition et un « appel aux deux Régions », les implorant d’ « améliorer le service ferroviaire entre Nantes et Rennes ». Seulement, celle-ci n’a récolté que soixante signatures en deux mois, faute de visibilité. Trop peu pour inciter les élus à se saisir de cette problématique. Ce sujet est d’autant plus complexe et épineux que Rennes – Nantes « n’est pas une ligne de desserte fine du territoire (LDFT ») et qu’elle est donc « du ressort de l’Etat », rappelle la Région Pays de la Loire.

Parfois le double ou le triple de temps

« Si les Régions et la SNCF voulaient torpiller la ligne Nantes – Rennes, ils ne feraient pas autrement », s’emporte Rozenn Kervella, enseignante à l’école d’architecture de Rennes. Cette usagère régulière, à raison de quatre trajets par semaine, estime que « les périmètres d’action de chacun sont mal définis » et qu’il n’y a « pas de jonction entre les différents acteurs ». « C’est presque une fatalité, tout le monde reste très courtois, même quand ça s’emballe dans le train », poursuit-elle.

Mettre le double voire le triple de temps à relier les deux métropoles (1 h 20 en voiture, sans embouteillage), en plus de créer « une pagaille pas possible dans [son] activité professionnelle et d’être une source de stress énorme », pourrait l’inciter à renoncer à ce mode de transport durable, qu’elle avait pourtant privilégié par choix et écoresponsabilité.

Attendre « l’horizon des années 2040 »

Présidente de l’association des usagers des transports en Ille-et-Vilaine (Autiv), Isabelle Le Roux-Meunier planche sur ce sujet depuis un long moment déjà. Le sujet a été abordé maintes et maintes fois lors des comités de ligne, réunissant des représentants des Régions, des élus et la SNCF, mais rien n’y fait. Il faudra sûrement attendre, au mieux, « l’horizon des années 2040 », selon la Région Pays de la Loire, pour de réelles améliorations, avec le projet de Ligne Nouvelle Bretagne Pays de la Loire (LNOBPL).

« Outre la création d’une voie nouvelle », ce projet « prévoit des rénovations et améliorations d’infrastructure », poursuit la Région, prenant le soin de rappeler que cette ligne Nantes – Rennes a « atteint à peine la moitié de sa durée de vie ».

Pas de remboursements ni de compensations financières en cas de retard
Les usagers regrettent l’absence de remboursement ou de compensations financières liés aux retards ou aux suppressions des TER, contrairement aux TGV inOUI. La Région Pays de la Loire rappelle « que s’il y a une solution de report dans l’heure ou les deux heures alors il n’y a pas de remboursement » : elle considère que les voyageurs « pourront tout de même réaliser [leur] déplacement ». À quels prix et dans quelles circonstances, c’est encore une autre question…