Née il y a 50 ans dans un garage, la menuiserie Genevrier s’est depuis transformée en entreprise de pointe, incarnant un savoir-faire local. Présente à Andrézieux-Bouthéon et Annecy, la structure profite de ce demi-siècle pour renouveler son identité visuelle, et ne manque pas de projets pour les 50 années à venir…

Fondée en 1975, l’entreprise familiale n’a cessé d’évoluer depuis, tout en préservant son savoir-faire. ©JT/ If Saint-Etienne.

« Quand on a annoncé à notre père notre volonté de reprendre son entreprise, il a mis une semaine à réaliser, et plusieurs mois à digérer, mais il était content », se souvient Rémi Genevrier. La belle histoire commence en 1975. Le père de famille, Paul Genevrier, crée sa société après des débuts dans son garage, à fabriquer des éléments de cuisine. Il s’installe dans un premier local de 70 mètres carrés dans le centre d’Andrézieux-Bouthéon et embauche son premier apprenti au bout d’un an, qui fera la totalité de sa carrière dans l’entreprise, avant de prendre sa retraite il y a cinq ans.

En 1981, il fait construire un bâtiment de 200 mètres carrés derrière la maison familiale, que l’entreprise intègre en 1982. Cela permet de diversifier l’offre vers la menuiserie intérieure en général. Mais, au début des années 2000, Paul Genevrier commence à se mettre en quête d’un repreneur voyant la fin de sa carrière approcher, sans penser une seconde que cela peut intéresser ses fils qui évoluent chacun dans des secteurs différents…

Repreneurs inattendus

A l’époque, Rémi est technicien dans l’agro-alimentaire, et Guillaume ingénieur en informatique. « J’ai fait une licence pro Recherche et développement et création d’entreprise, détaille Rémi Genevrier. Je me suis rendu compte à ce moment-là que la partie création et gestion me plaisait plus que le produit en lui-même. J’étais dans les produits de salaison, dans l’agro-alimentaire, et j’avais 21 ans. Guillaume était beaucoup plus bricoleur, à l’aise sur la partie bois… alors je lui ai parlé de reprendre. Il m’a dit qu’il rêvait de le faire, mais pas seul, parce que la gestion n’était pas son truc et qu’il ne s’en sentait pas capable à l’époque ».

Nous sommes alors fin 2004 et les deux frères montent leur projet, avant d’en parler à leur père au début de l’année 2005. « Ça a changé toute sa façon de voir sa retraite. Il s’était mis dans la tête de vendre, d’accompagner quelque temps son repreneur, mais pas trop longtemps pour ne pas l’asphyxier, puis de profiter. La transition a duré un peu plus longtemps… ». Ainsi, Rémi Genevrier refait un BTS Productique bois, tandis que son frère intègre directement l’entreprise.

Cap sur la Haute-Savoie

Le père rempile alors pour deux ans, tandis que l’entreprise déménage dans ses locaux actuels de l’avenue Benoît Fourneyron, où elle avait déjà un dépôt. « On est passé de 200 mètres carrés à 400 mètres carrés en plus du stockage, puis il m’a formé une fois mon BTS en poche. Cela a duré trois ans ». Lorsque les deux frères reprennent, Genevrier Menuiserie compte une dizaine de salariés pour un chiffre d’affaires qui avoisine le million d’euros. Ils choisissent de s’orienter vers la menuiserie extérieure, principalement les fenêtres bois et aluminium. L’entreprise s’agrandit. En 2015, elle compte une vingtaine de salariés avec un chiffre d’affaires situé entre deux et trois millions d’euros.

« On commençait à être une structure suffisamment importante pour que ça devienne difficile de suivre les chantiers à deux. On a décidé de recruter un conducteur de travaux, et pour, ça on s’est rapproché d’un ancien apprenti, Julien Achin, qui travaillait en Haute-Savoie. En parallèle, on avait un projet d’agrandissement de bâtiment. Lui nous a dit que sa vie était en Haute-Savoie, qu’il souhaitait se lancer, mais là-bas. On a dit banco, associons-nous ! Entre temps, il est parti un an en Australie, le temps pour nous de finir notre bâtiment, pour passer de 400 à 1 300 mètres carrés. Il est revenu, et cinq mois plus tard, nous avons notre premier chantier sur place ». C’est ainsi que Genevrier Menuiserie ouvre un atelier d’appoint à Poisy, avec de gros chantiers à la clé comme la Cité administrative d’Annecy et ses 1 300 fenêtres.

Et l’avenir ?

Pour la quasi-totalité de son activité, l’entreprise répond à des marchés publics. Aujourd’hui, elle souhaite développer la vente aux professionnels. Autre objectif visé : intervenir plus en amont auprès de ses clients, en conseil, avec des produits deviennent de plus en plus techniques. « Le bois a le vent en poupe et on travaille avec des bois locaux, on est labellisé pour travailler dans une gestion durable des forêts, c’est-à-dire on coupe, on replante… Donc il faut continuer à développer des produits toujours plus techniques, sans pour autant le faire pour être précurseurs, on travaille à la demande. Par exemple, une station huppée de Haute-Savoie qui installait un hôtel près d’un aéroport avait besoin d’un vitrage spécifique pour que l’on n’entende rien ».

La menuiserie continue de mettre l’accent sur la formation avec en moyenne un apprenti par an, mais veille aussi à un âge de départ à la retraite qui s’allonge, dans des métiers qui sont physiques. « On accompagne les seniors en les faisant évoluer à des postes moins physiques, comme magasinier, ou formateur pour sensibiliser nos salariés aux bonnes pratiques. Quand c’est expliqué par un collègue, c’est abordé différemment. Donc on utilise la compétence et l’expérience au bénéfice des plus jeunes, mais cela a un coup et j’ai conscience que tout le monde ne peut pas le faire ».

Nouvelle identité

Les frères travaillent même avec des ergonomes afin de préserver la santé de leur personnel et d’éviter les troubles musculosquelettiques. A l’occasion de ses 50 ans, Genevrier Menuiserie a dévoilé sa nouvelle identité visuelle. Pas question de renier son passé, mais un désir d’être dans son époque. « Nos métiers ont évolué. On travaille sur commande numérique, l’atelier est propre, ce n’est pas Zola chez nous, il y a des gens qui s’imaginent encore que tout est fait à la main. On change nos fenêtres, nos gammes, il fallait donc que notre identité visuelle corresponde à ce que l’on fait aujourd’hui. On est reparti sur un logo bleu, blanc, rouge, parce qu’on fabrique en France, on veut le revendiquer. On a aussi le G et ce M qui nous suivent depuis des années. On voulait moderniser notre image ».

Aujourd’hui, l’entreprise compte une soixantaine de salariés, dont 45 à Andrézieux-Bouthéon, pour un chiffre d’affaires total de 9 millions d’euros, pour l’ensemble des sites.