Le ministère de l’Enseignement supérieur a annoncé, lundi 28 juillet, suspendre à titre conservatoire le directeur général du Centre régional des œuvres universitaires et scolaires (Crous) de Bordeaux-Aquitaine, en raison de « comportements inappropriés » envers des membres féminins du personnel.
Une enquête administrative le visant avait été lancée en février dernier, suite au à un signalement à son encontre de faits de harcèlement et d’agressions sexuelles. Selon une source proche du dossier, quatre collaboratrices à Bordeaux avaient signalé des agressions sexuelles et une « relation forcée qui a abouti sur des rapports sexuels à plusieurs reprises ».
Trois autres victimes auraient été identifiées à Grenoble, où le directeur en question était en poste précédemment. Interrogé par l’Agence France-Presse (AFP) sur cette affaire, en mai dernier, l’accusé avait affirmé contester « fermement » les témoignages.
Des « tentatives de baisers forcés »
Une victime, qui a requis l’anonymat, avait alors accusé ce dernier d’être à l’origine d’un flirt insistant, et ce, pendant plusieurs années. Le directeur du Crous de Bordeaux-Aquitaine lui aurait ainsi envoyé à de nombreuses reprises des invitations au restaurant ou à des événements divers. La situation aurait ensuite basculé lors d’une soirée, durant laquelle la victime présumée affirme avoir subi « des caresses dans le bas du dos et au niveau des fesses » et des « tentatives de baisers forcés ».
Après avoir alerté la direction des ressources humaines, sans qu’une procédure soit ouverte, cette dernière a saisi la cellule Violences sexistes et sexuelles (VSS) du Crous, en 2023, qui avait alors reçu « au moins cinq ou six signalements » similaires. Mais cela a débouché, selon elle, sur un simple « recadrage » du directeur, « pour lui dire d’arrêter les invitations nocturnes ».
Elle déplorait ainsi une « absence de réaction à la hauteur des faits », jusqu’à l’ouverture de l’enquête de l’Inspection générale de l’Éducation, du Sport et de la Recherche (IGESR), à la suite de l’envoi d’une lettre en décembre. Cette « lenteur administrative ne va pas dans le sens de la reconnaissance des victimes », déplorait-elle auprès de l’AFP.
L’enquête, dont les conclusions ont été dévoilées fin juillet, a « démontré que la plupart des mentions relatives à de potentielles violences sexistes et sexuelles évoquées dans le courriel anonyme sont en grande partie inexactes », indique le ministère chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
Des comportements inappropriés confirmés au Crous de Bordeaux
Les « affirmations relatives à sept signalements qui auraient été effectués auprès du Cnous (Centre national des œuvres universitaires et scolaires, NDLR) sont fausses et les accusations à l’égard de son président infondées », poursuit le communiqué.
Cependant, l’enquête a permis d’identifier des « comportements inappropriés » de la part du directeur général « envers plusieurs personnels féminins du Crous de Bordeaux », conduisant à sa « suspension immédiate à titre conservatoire » et au « lancement d’une procédure disciplinaire à son encontre ».
L’enquête de l’IGESR « ayant établi des faits susceptibles de revêtir une qualification pénale », le rapport a été transmis au procureur de la République de Bordeaux conformément à l’article 40 du code de procédure pénale, précise le ministère. Dominique Froment, directrice générale du Crous de Toulouse, est nommée directrice générale par intérim de celui de Bordeaux.
Avant de partir, une dernière chose…
Contrairement à 90% des médias français aujourd’hui, l’Humanité ne dépend ni de grands groupes ni de milliardaires. Cela signifie que :
- nous vous apportons des informations impartiales, sans compromis. Mais aussi que
- nous n’avons pas les moyens financiers dont bénéficient les autres médias.
L’information indépendante et de qualité a un coût. Payez-le.
Je veux en savoir plus