Le cancer du pancréas pourrait provoquer un diabète en détruisant les cellules productrices d’insuline. © Adobe Stock
Dans l’imaginaire collectif, le cancer du pancréas est souvent perçu comme un “cancer silencieux”. Et pour cause, plus de 80 % des cas sont découverts à un stade avancé, souvent inopérable. En France, on compte près de 16 000 nouveaux cas par an, avec un taux de survie à 5 ans qui plafonne tristement à 11 % selon Santé publique France.
Mais une série d’études internationales, relayées notamment par le National Cancer Institute américain et l’université de Yale, commence à dessiner une piste précieuse : le diabète de type 2 d’apparition récente pourrait être un signe d’alerte précoce. En clair, chez certains patients, le diabète ne serait pas une simple coïncidence… mais un effet secondaire direct de la tumeur pancréatique en développement.
Diabète et cancer du pancréas : ce que montrent les études 1 personne sur 4 atteinte d’un cancer du pancréas avait un diabète récent
Une méta-analyse publiée dans Gastroenterology en 2020 révèle que près de 25 % des personnes diagnostiquées d’un cancer du pancréas avaient développé un diabète dans les 6 à 36 mois précédents. Mais attention, cela ne signifie pas que tous les diabétiques risquent un cancer.
En réalité, moins de 1 % des personnes diagnostiquées d’un diabète après 50 ans développeront un cancer du pancréas. Le risque absolu reste donc faible, même si le risque relatif est, lui, multiplié par 6 à 8 dans les deux premières années après l’apparition du diabète selon le Journal of the National Cancer Institute.
Trois signes cliniques qui doivent alerter
Tous les diabètes ne sont pas suspects, loin de là. Mais certains profils cliniques doivent inciter à creuser :
- Un diabète qui apparaît soudainement après 50 ans. Si vous n’aviez aucun antécédent, pas de surpoids majeur, et que vous déclarez un diabète après 50 ans, c’est déjà un petit signal.
- Une glycémie qui grimpe très vite. Un taux de sucre dans le sang anormalement élevé, qui se dégrade rapidement en quelques mois, est atypique pour un diabète classique.
- Une perte de poids inexpliquée. Et surtout, si vous perdez du poids sans régime, tout en ayant une glycémie haute, c’est paradoxal. Cela peut indiquer que le pancréas souffre bien plus qu’on ne le pense.
Ces trois critères sont réunis dans un score clinique utilisé en recherche, le score ENDPAC, pour aider à repérer les cas suspects.
Vers un dépistage ciblé, mais pas généralisé Le dépistage systématique : pas pour tout de suite
Aujourd’hui, aucun pays ne recommande de faire une IRM ou un scanner pancréatique à tous les diabétiques de plus de 50 ans. Pourquoi ? Parce que le cancer reste rare, et que les examens coûtent cher, exposent à des risques inutiles, et peuvent générer de l’angoisse.
Mais chez les patients à risque élevé, la situation évolue.
Des projets pilotes en cours
Des centres de recherche américains et européens testent des approches ciblées, avec des IRM proposées uniquement aux diabétiques présentant plusieurs facteurs de risque à la fois.
Une étude menée à Yale sur 109 patients a permis de détecter un cancer du pancréas au stade 1 chez une patiente, grâce à ce dépistage sélectif.
Et les tests sanguins alors ?
Un test sanguin appelé Avantect est en cours de validation au Royaume-Uni. Il cible les diabétiques de plus de 50 ans récemment diagnostiqués.
Il affiche des performances intéressantes :
- 68 % de sensibilité (détecte les cancers présents),
- 97 % de spécificité (évite les faux positifs).
S’il est validé, ce test pourrait devenir une solution simple et accessible pour filtrer les personnes vraiment à risque avant d’envisager un scanner.
Et en France, que fait-on ?
En France, des projets comme PRISM ou les recherches du centre Gustave Roussy visent à identifier les profils à haut risque. Pour l’instant, la priorité reste de sensibiliser les professionnels de santé.
Le réflexe est encore trop rare. Dans de nombreux cas, le diabète est traité sans creuser davantage… alors qu’un petit examen pourrait sauver une vie.
À SAVOIR
Chez certaines personnes, le diabète n’est pas une coïncidence mais un effet direct du cancer : on parle alors de diabète de type 3c, lié à une atteinte du pancréas. Selon une étude publiée dans Pancreas (2021), jusqu’à 38 % des diabètes récents chez les patients atteints d’un cancer du pancréas relèveraient de ce type particulier, souvent confondu avec un type 2 classique.
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