La Russie a dévoilé un nouveau drone naval lors des exercices militaires « Tempête de Juillet » qui ont eu lieu en mer Baltique du 23 au 27 juillet 2025. Ulrich Bounat, analyste géopolitique et spécialiste de l’Europe centrale et de l’Est, a décrypté cette vidéo pour Midi Libre.
Lors de son opération Tempête de Juillet sur la mer Baltique du 23 au 27 juillet dernier, la Russie a présenté un nouveau drone naval inconnu.
Dans une vidéo partagée par le ministère russe de la Défense, on voit un drone naval orange filer sur l’eau puis disparaître avant de détruire un navire de guerre factice. L’explosion est impressionnante.
Un drone inédit, vraiment ?
Plusieurs experts et le site Militarnyi évoquent un nouveau drone ou navire de surface sans pilote (USV), jamais vu auparavant. « Les forces de la flotte de la Baltique ont été capables de détruire le navire d’un ennemi fictif grâce à l’utilisation combinée de systèmes maritimes sans pilote », précise le ministère russe de la Défense.
La nouvelle arme intrigue, mais Ulrich Bounat, analyste géopolitique et spécialiste de l’Europe centrale et de l’Est, appelle à la prudence : « On voit un engin qui va tout droit frapper un navire immobile, dans des conditions idéales. Ça ne dit rien de sa réelle capacité en combat », souligne l’expert.
L’Ukraine doit-elle craindre cette nouvelle arme ?
Le modèle présenté par le ministère de la Défense russe ressemble toutefois davantage à un jet-ski militarisé qu’à une arme révolutionnaire, constate Ulrich Bounat : « Le vrai enjeu, ce sera sa vitesse, la masse de sa charge explosive, sa résistance au brouillage et sa navigation autonome. Aujourd’hui, rien ne prouve que la Russie puisse en produire en série ou à un niveau technologique avancé ».
Mais il faudra voir dans le temps, si ce drone n’est pas un simple démonstrateur de plus : « S’il est capable de faire mal par exemple aux marines de l’Otan, de viser un bâtiment de surface ou un porte-avions occidental », ajoute l’analyse en géopolitique.
Depuis 2022, Moscou a multiplié les annonces d’équipements présentés comme des « game changers » : « Ils étaient censés bouleverser l’équilibre militaire et se révéler inarrêtables mais finalement, ils n’étaient peut-être pas si performants que ça », indique Ulrich Bounat.
On se souvient notamment du char T-14 Armata qui a défilé sur la place rouge en 2015 mais qui n’a jamais été déployé, faute de fonctionner correctement.
Une arme du faible au fort
En se lançant dans cette course aux drones maritimes, la Russie ne fait que rattraper un retard. Les drones ukrainiens, notamment ceux du Service de sécurité ukrainien (SBU), ont infligé de lourdes pertes à la flotte russe en mer Noire, forçant Moscou à replier ses navires vers l’est.
« La marine de surface russe est dans un état catastrophique, très inférieure aux marines occidentales. Dans cette situation, développer des drones maritimes est logique », explique Ulrich Bounat.
La vidéo du ministère de la Défense russe est une démonstration interne pour montrer que la flotte russe innove et qu’elle est toujours capable. Le message s’adresse également à l’Otan : « Les Russes ont bien conscience que les drones sont extrêmement importants, mais surtout qu’ils sont une arme du faible contre le fort », analyse Ulrich Bounat.
L’Otan est en train de cadenasser plus ou moins la Baltique, la marine russe n’a plus du tout accès désormais à la mer Noire, les détroits turcs sont fermés… D’où l’objectif de Moscou avec cette vidéo : « Il faut que les Russes soient capables de projeter de la puissance pour montrer aux flottes de l’Otan qu’effectivement ils sont encore capables de faire mal », détaille le spécialiste.