Ce que cette découverte dit sur notre façon de jouer… et ce qu’elle pourrait changer demain.

Adolescent concentré sur un jeu mobile, avec visualisation d’ondes cérébrales et d’un cerveau en surimpressionJeux vidéo et cerveau : une activité ludique qui stimule certaines zones neuronales, tout en interrogeant les neurosciences – DailyGeekShow.com

On le sait, les jeux vidéo activent notre concentration. Ce qu’on ignorait jusqu’ici, c’est à quel point ils impactent notre cerveau en profondeur. Une étude du Salk Institute, menée sur 200 participants et publiée en juillet dans la revue PNAS, révèle un phénomène neuronal rare. En jouant à des jeux pourtant simples, notre cerveau réagit comme s’il faisait face à un danger réel.

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Ce mécanisme pourrait bien expliquer ce que certains appellent déjà “l’effet Flappy Bird”.

Une réaction cérébrale primitive déclenchée par des jeux sans danger

Les chercheurs ont voulu comprendre ce qui se passe dans le cerveau pendant une partie. Pour cela, ils ont enregistré l’activité cérébrale de volontaires pendant deux phases : des tâches neutres de laboratoire, puis des sessions de jeux. Le choix s’est porté sur Flappy Bird, un jeu mobile ultra simple mais notoirement difficile à lâcher.

Et les résultats ont surpris tout le monde. Lorsqu’un joueur échoue dans le jeu, par exemple quand l’oiseau percute un tuyau, le cerveau déclenche une signature neuronale appelée P300‑CE. Cette onde apparaît environ 300 millisecondes après l’impact. Elle est connue pour refléter un événement critique non anticipé.

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Autrement dit, même si le joueur sait qu’il s’agit d’un jeu, le cerveau réagit comme s’il vivait un stress réel. Cette signature a aussi été détectée dans d’autres jeux : un jeu de tir spatial (Space Escape) ou un jeu pour enfants avec un crocodile mécanique.

Pourquoi cette réaction explique notre tendance à jouer… encore et encore

Ce phénomène, selon les auteurs, pourrait expliquer pourquoi certains jeux captivent pendant des heures. La stimulation cérébrale constante générée par les “événements critiques” maintient le joueur dans un état d’alerte douce. Un peu comme si son attention ne pouvait jamais redescendre complètement.

De plus, cette activation semble universelle. Elle ne dépend ni du type de joueur, ni du niveau. Elle se produit aussi bien chez les experts que chez les débutants. C’est probablement ce qui rend certains jeux, même très simples, aussi addictifs et engageants.

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Certes, ce mécanisme n’explique pas à lui seul tous les comportements liés à l’addiction. Néanmoins, il fournit une base neurologique concrète à un phénomène souvent flou.

Vers des jeux plus éthiques ? Ou une meilleure compréhension de nos limites cognitives

Ce que révèle cette étude, au-delà de l’effet de surprise, c’est la puissance des mécaniques de jeu bien conçues. Elles peuvent provoquer une réaction émotionnelle intense sans jamais menacer réellement l’intégrité du joueur.

Cela ouvre deux pistes majeures. D’un côté, des usages potentiellement thérapeutiques, si l’on parvient à utiliser ces mécaniques dans des jeux de stimulation cognitive ou d’aide à la concentration. De l’autre, une nécessaire réflexion éthique : jusqu’où peut-on “tromper” le cerveau sans en assumer les conséquences ?

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Aujourd’hui, l’addiction aux jeux vidéo n’est toujours pas pleinement définie sur le plan médical. Pourtant, des millions de joueurs ressentent un attrait puissant, souvent incompris. Ce type de recherche pourrait enfin offrir des explications plus nuancées, plus scientifiques, mais aussi plus humaines.