« L’Europe ne doit pas être le porte-drapeau » de la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, attaque, d’emblée, l’eurodéputé tchèque Ondrej Knotek. Membre du groupe d’extrême-droite des Patriotes pour l’Europe (PfE), il a été désigné rapporteur au Parlement européen pour piloter l’amendement à la loi sur le climat, qui fixe à 90 % les objectifs de réduction des gaz à effet de serre à l’horizon 2040.

« L’objectif de 2040 vient s’ajouter aux deux objectifs existants, ce qui n’est tout simplement pas nécessaire », a-t-il déclaré à Euronews. Ondrej Knotek fait alors référence à l’objectif final de l’Union européenne d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 et à l’objectif intermédiaire d’une réduction de 55 % d’ici 2030.

L’eurodéputé indique qu’il s’efforcera de rejeter entièrement et sans alternative la proposition de la Commission, formulée au sein de la Commission de l’environnement, du climat et de la sécurité alimentaire (ENVI).

Remise en cause du Pacte vert

Ondrej Knotek estime que l’UE a déjà fait beaucoup dans la lutte contre le réchauffement climatique par rapport aux autres régions du monde. Il soutient également que les risques économiques et sociaux pour l’Europe seraient « bien plus importants » que les bénéfices attendus en matière de lutte contre le changement climatique à l’échelle mondiale.

« Attendons que les autres aient les mêmes deux objectifs. Attendons que les autres aient ce troisième objectif. Et alors, nous pourrons les accompagner », a-t-il également déclaré.

Au-delà de l’objectif de 2040, l’eurodéputé tchèque remet également en question l’ensemble du Pacte vert, le plan à long terme de l’UE visant à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. « L’objectif en tant que tel semblait réaliste en 2020. Mais aujourd’hui, après cinq ans, nous savons qu’il n’est probablement pas si réaliste que cela », a-t-il assuré, appelant à un « fort recalibrage » des engagements de l’UE.

« Nous ne devons pas investir dans une réduction plus rapide des émissions, mais dans ce que l’on appelle l’adaptation au changement climatique. Le rôle de l’adaptation devrait être bien plus important que celui de la réduction des gaz à effet de serre », a-t-il poursuivi.

Le PPE comme groupe pivot

Dans son combat contre la réduction des gaz à effet de serre, Ondrej Knotek sera soutenu par son groupe politique, qui s’oppose fermement à l’action climatique de l’UE, et probablement par d’autres partis de droite au Parlement.

Mais le démantèlement de la politique climatique de l’UE ne sera pas une tâche facile. La nomination de Ondrej Knotek comme rapporteur, fruit d’un système complexe d’attribution permettant aux grands groupes de s’emparer de dossiers stratégiques, a déjà suscité des réactions négatives de la part des députés de gauche et du centre du Parlement.

Les Socialistes et démocrates, Renew Europe, les Verts/ALE et la Gauche plaideront pour le maintien de l’objectif 2040. Par conséquent, la position du Parlement sur le dossier dépendra du choix du groupe le plus important, le Parti populaire européen (PPE).

« Les eurodéputés du PPE sont divisés sur cette question. Je suis convaincu que si on les laisse voter librement, la majorité d’entre eux sera contre l’objectif 2040 », croit savoir Ondrej Knotek.

L’eurodéputé tchèque assure que ses collègues du PPE suivront la direction de leur chef, Manfred Weber. « Au sein du PPE, si vous ne suivez pas la ligne, vous êtes mis à l’écart et vous n’obtenez aucune mission. Donc, s’il y avait un vote secret, ils pourraient faire diversion, sinon ils s’en tiennent à la ligne », poursuit l’eurodéputé tchèque.

Mais, en janvier dernier, les eurodéputés du PPE ont déjà rejeté la proposition de Jordan Bardella de suspendre temporairement le Pacte vert.

Un vote prévu en septembre

Le rapport d’Ondrej Knotek sera voté par la commission ENVI le 23 septembre. Les autres députés de la même commission auront jusqu’au 8 septembre pour ajouter des amendements. La session plénière du Parlement doit ensuite confirmer le résultat au cours de la deuxième semaine d’octobre.

Après le vote du Parlement, la disposition doit être négociée avec les 27 États membres de l’UE, qui doivent adopter une position commune au sein du Conseil. Certains, dont la France et la Pologne, ont déjà exprimé leur scepticisme à l’égard de la proposition.

Le calendrier des négociations est sensible, car la Commission espérait que l’objectif 2040 serait inscrit dans la loi avant la conférence internationale sur le climat COP30 au Brésil, qui aura lieu en novembre.