Par

Jean-Marc Aubert

Publié le

29 juil. 2025 à 13h34
; mis à jour le 29 juil. 2025 à 18h19

Vous souhaitez brûler vos déchets végétaux dans votre jardin malgré l’interdiction posée par un arrêté préfectoral ? Vous jetez votre mégot par la fenêtre de votre voiture en pleine forêt ? Attention, si votre comportement engendre la destruction, la dégradation ou la détérioration d’un bien, comme une forêt, vous pouvez être condamné à de la prison et à une amende. En effet, le fait de détruire, de dégrader ou de détériorer de façon involontaire un bien, comme de la végétation, peut constituer un délit.

Ce lundi 28 juillet 2025, vers 17h, un propriétaire terrien de Cournonsec, à l’ouest de Montpellier, est soupçonné d’avoir entrepris des travaux de soudure avec une meuleuse sur un grillage, et dont les étincelles ont enflammé les herbes sèches, au lieu-dit Les Devèzes, avant que les flammes ne se propagent dans la garrigue et à une forêt de chênes verts, attisées par une forte tramontane : 150 hectares de végétation sont réduites en cendres sur les 300 hectares parcourus, entre Cournonsec et Montbazin, les pompiers et les bombardiers d’eau ayant réussi à stopper la progression virulente de la tête de feu vers l’autoroute A9 et vers le massif de La Gardiole. Le brasier s’est étendu sur plus de 3 kilomètres. 

Un camion-citerne abandonné à la hâte

Un incident s’est produit : alors qu’ils combattaient le front de flammes, une langue de feu s’est brusquement rapprochée et les pompiers, affolés, ont préféré abandonner à la hâte leur CCF -camion-citerne feux de forêt- et fuir plus loin pour se mettre en sécurité, tandis qu’un bombardier d’eau effectuait un largage sur le véhicule, ainsi récupéré intact. Un gros coup de chaud pour ces pompiers sains et saufs. Dans un premier temps, en fin d’après-midi, un message émanant d’un équipage sur zone et transmis sur les ondes du Sdis 34, mentionnait qu’un CCF avait pris feu, mais cette information s’est fort heureusement révélée sans fondement. Sollicité par Métropolitain, le cabinet du préfet de l’Hérault dément effectivement la destruction d’un camion-citerne par le feu, sans en dire plus.

Une enquête est ouverte à la compagnie de gendarmerie de Castelnau-le-Lez visant cet Héraultais qui n’a pas tenu compte de l’arrêté préfectoral en vigueur, car le risque incendie était très élevé, en rouge même dans certaines zones du département.

Infraction involontaire 

Que risque t-il si des poursuites judiciaires sont engagées, après son audition à la brigade de gendarmerie de Pignan ? D’abord, l’infraction est involontaire, parce que l’auteur des faits n’a pas souhaité provoquer volontairement cet incendie, il s’agit d’une imprudence. Il n’y a pas besoin de démontrer qu’il a voulu détruire, dégrader ou détériorer le bien pour que l’infraction existe. C’est parce que l’auteur a agi de manière imprudente qu’il commet une infraction.

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Pour connaître les peines maximales pouvant être prononcées contre l’auteur des faits, il faut distinguer la violation involontaire de la violation manifestement délibérée. Dans le cas d’une violation manifestement délibérée, l’auteur des faits sait qu’il ne respecte pas une obligation de prudence ou de sécurité imposée par la loi, en l’occurence un arrêté du préfet de l’Hérault. Il agit donc en connaissance de cause. Exemple : la personne brûle ses déchets végétaux dans sa propriété, alors qu’elle sait qu’un arrêté interdit strictement les feux dans les jardins par mesure de sécurité. Ou autre exemple, la situation de ce lundi à Cournonsec, avec des travaux de soudure près d’une zone boisée : la peine peut aller jusqu’à 1 an de prison et 15 000 € d’amende. S’il provoque la destruction de la végétation (broussailles, garrigue, forêt) la condamnation est portée à 2 ans de prison et 30 000 € d’amende.

La secrétaire générale de la préfecture de l'Hérault échange avec des pompiers, à Cournonsec
La secrétaire générale de la préfecture de l’Hérault échange avec des pompiers, à Cournonsec (©Sdis 34)Plaintes de la Ville de Cournonsec et du Sdis 34 ?

En cas d’incendie involontaire de nature à exposer des personnes à un dommage corporel, comme les sapeurs-pompiers, ou à créer un dommage irréversible à l’environnement, la peine grimpe à 3 ans de prison et à 45 000 € d’amende. C’est le parquet de Montpellier qui décidera du sort de cet habitant de Cournonsec. Le maire de cette commune pourrait déposer plainte, ainsi que le Département de l’Hérault et le Sdis 34.

Ce mardi 29 juillet, le Sdis de l’Hérault indique que le feu de Cournonsec est fixé et que 350 sapeurs-pompiers sont restés sur place durant toute la nuit pour une longue opération de noyade et pour surveiller des points chauds. Estimée lundi soir à 150 hectares, la surface calcinée exacte sera définitivement arrêtée après des mesures qui seront réalisées ce mardi, notamment par l’Office national des forêts, l’ONF.

Le dispositif est allégé depuis 7h, mais des casqués et de engins restent sur zone jusqu’à ce mardi soir. La RD 5 et les autres routes du secteur, fermées depuis 18h, lundi, sont de nouveau accessibles.

5 hectares de pins brûlent à Villeveyrac

Si l’incendie de Cournonsec est accidentel, deux autres départs de feu font l’objet d’une enquête de gendarmerie : vers 19h15, lundi, la garrigue s’est embrasée entre l’aire de repos de l’autoroute A9 de Gigean Sud et l’abbaye Saint-Félix-de-Montceau, mais deux Canadair engagés à proximité, à Cournonsec, ont très rapidement fait des largages, stoppant la propagation et limitant à quelques dizaines de mètres carrés la surface calcinée.

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Puis, vers 22h30, l’alerte était donnée pour un feu de pinède et de garrigue au niveau du Mas de Siau, une zone isolée dans la commune de Villeveyrac, sur le plateau d’Aumelas. Six groupes d’intervention -Giff- étaient dépêchés depuis le site en feu de Cournonsec, ainsi qu’une colonne qui était positionnée à Gignac, en cas de renfort ou de nouvel incendie. Une forte tramontane soufflait quand les « soldats du feu » sont arrivés sur place, fort heureusement avec des moyens conséquents.

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5 hectares de pins ont brûlé sur un ancien terrain de production de bauxite, où des incendies de végétation ont déjà eu lieu ces dernières années, ainsi que non loin de là, près du parc d’éoliennes. L’origine de cet incendie étant suspecte, pour ne pas dire volontaire, la compagnie de gendarmerie de Pézenas mène une enquête, la cellule technique départementale des causes d’incendie est attendue sur zone.

> Pour tout connaître sur le dispositif dans l’Hérault, la réglementation et la carte des 14 massifs qui fermeront en cas de vigilance rouge, ou risque très élevé, c’est ici : urlr.me/uaghwB

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