« Le tsunami ne sera pas aussi dévastateur » que celui de 2011 au large du Japon, « mais il faut mettre la population en sécurité pour éviter tout problème », estime Christophe Voisin, sismologue au CNRS et à l’Institut des sciences de la Terre de l’université Grenoble-Alpes, mercredi sur franceinfo.

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Publié le 30/07/2025 09:50

Temps de lecture : 3min

Des secouristes près d'un bâtiment endommagé par le séisme, le 30 juillet 2025 dans l'oblast de Sakhaline (Russie). (HANDOUT / RUSSIAN EMERGENCIES MINISTRY)

Des secouristes près d’un bâtiment endommagé par le séisme, le 30 juillet 2025 dans l’oblast de Sakhaline (Russie). (HANDOUT / RUSSIAN EMERGENCIES MINISTRY)

Le séisme dans l’océan Pacifique survenu dans la nuit de mardi à mercredi au large de la péninsule russe du Kamtchatka est « l’un des cinq ou six plus gros tremblements de terre qu’on ait pu enregistrer », a estimé Christophe Voisin, sismologue au CNRS et à l’Institut des sciences de la Terre de l’université Grenoble-Alpes, mercredi 30 juillet sur franceinfo.

franceinfo : On parle là d’un séisme particulièrement puissant, l’un des plus puissants du XXIe siècle ?

Christophe Voisin : Absolument. Avec une magnitude estimée à 8,8, cela le place dans les cinq ou six plus gros tremblements de terre qu’on ait pu enregistrer. C’est presque normal, c’est un séisme de subduction et les cinq, six plus gros tremblements de terre ont toujours lieu sur des zones de subduction. Ici, l’océan Pacifique vient s’enfoncer sous le continent eurasiatique. Donc on a des grandes zones de failles qui permettent le développement de ruptures comme celle-ci. Avec une magnitude de 8,8, cela fait une rupture qui se développe sur plusieurs centaines de kilomètres de longueur.

Le séisme s’est déclenché à 19 km de profondeur dans l’océan Pacifique, selon l’institut américain d’études géologiques (USGS). La propagation du séisme dépend de cette profondeur ?

La propagation ne dépend pas de la profondeur. En revanche, le tsunami qu’on observe actuellement, lui, dépend de la profondeur. C’est-à-dire qu’on a une profondeur de démarrage de la rupture qui est estimée entre 20 et 30 km. Avec un séisme de cette taille-là, la probabilité que la rupture atteigne le fond marin est très forte. Et si la rupture atteint le fond marin, elle le décale, et l’eau qui était en place se retrouve poussée. Et c’est l’origine du tsunami qui déferle à l’heure actuelle dans le Pacifique.

Mais ce n’est pas dévastateur, en tout cas à ce stade. On est loin des niveaux atteints et des dégâts atteints en 2011, date du dernier séisme de cette ampleur.

Absolument. En 2011, on avait eu un séisme au Japon avec une magnitude de 9. Ça n’a pas l’air énorme, mais il faut bien retenir que cette échelle de magnitude est une échelle qui est logarithmique. Même une petite différence d’un dixième de point, ou de deux dixièmes de points en l’occurrence, en termes d’énergie et de dimension de la rupture, c’est quelque chose qui est éminemment différent. Donc, le séisme de 2011 était bien plus grand encore que celui-ci.

Cette onde océanique qui se propage, rien ne l’arrête ?

Rien ne peut l’arrêter. Elle va se propager à travers tout le Pacifique. Les seules choses qui se trouvent sur son chemin, ce sont les îles : Hawaï par exemple, et puis les côtes de la Californie et jusqu’au Chili. C’est l’ensemble de l’océan Pacifique qui est affecté. Évidemment, le tsunami ne sera pas aussi dévastateur. Mais il faut mettre la population en sécurité pour éviter tout problème.

Avec des répliques, comme c’est souvent le cas, à craindre ?

On a déjà enregistré plusieurs dizaines de répliques avec des magnitudes qui frôlaient la magnitude 7. C’est tout à fait normal. Ces répliques se dispersent. À l’heure actuelle, on est sur une distance de plusieurs centaines de kilomètres déjà, donc cela nous donne une indication déjà très tôt de la taille de la rupture du premier séisme de ce matin.