Robert Fico a déclaré mardi 29 juillet lors d’une conférence de presse que Londres aurait payé « des journalistes, des militants et des influenceurs » pour influencer l’opinion publique contre son parti, le SMER-SD, et en faveur du parti d’opposition Slovaquie progressiste lors d’élections parlementaires que son parti a finalement remportée. Pour appuyer son propos, il a cité un article publié le 16 juillet par le média d’investigation britannique Declassified UK.
Sans donner d’autres éléments de preuve, le Premier ministre a évoqué un « acte délibéré et intentionnel d’une puissance étrangère avec certains journalistes et influenceurs politiques » visant à influencer le vote.
Le ministère slovaque des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur britannique pour une réunion mercredi 30 juillet.
Robert Fico a averti que si l’ambassadeur ne fournissait pas d’explication satisfaisante, il écrirait une lettre ouverte à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et contacterait personnellement d’autres dirigeants de l’UE. « Notre intérêt n’est pas d’aggraver les tensions, mais de clarifier la situation », a-t-il déclaré.
Mardi dans la soirée, l’ambassade britannique en Slovaquie a publié un démenti.
« Toute affirmation selon laquelle le Royaume-Uni aurait cherché à influencer le résultat des élections ou à encourager les citoyens à voter pour ou contre un parti politique particulier est totalement fausse », a déclaré la porte-parole de l’ambassade, Monika Holečková, au média slovaque Aktuality.sk.
« Cette action visait à encourager les jeunes à participer au processus démocratique dans leur pays en prenant part aux élections, indépendamment de leur affiliation politique ou de leurs opinions », a-t-elle poursuivi.
L’auteur de l’article rejette l’interprétation de Robert Fico
L’article cité par le Premier ministre avance que l’agence de presse Zinc Network Ltd, financée par le Royaume-Uni, a payé des influenceurs d’Europe centrale et orientale pour encourager les jeunes à voter, une région qu’elle décrit comme « un champ de bataille clé dans la guerre de l’information avec la Russie ».
Les influenceurs ont été invités à publier des contenus approuvés par le ministère britannique des Affaires étrangères. Mais s’adressant au média Denník N, l’auteur de cet article, le journaliste d’investigation britannique Martin Williams, a rejeté les allégations selon lesquelles le Royaume-Uni aurait tenté d’influencer les élections slovaques en faveur d’un parti politique spécifique.
« Mon enquête a montré que des influenceurs sur les réseaux sociaux ont été payés pour publier des vidéos visant à mobiliser les jeunes électeurs avant les élections de 2023. Il ne s’agissait pas d’une campagne partisane explicite ni d’un soutien à un parti en particulier », a expliqué Martin Williams.
Il a également rejeté l’affirmation de Robert Fico selon laquelle des journalistes auraient été impliqués : « À ma connaissance, aucun journaliste n’a participé à cette opération. Il serait donc erroné d’accuser des journalistes dans cette affaire ».
Martin Williams a ajouté que la campagne britannique semblait plutôt constituer un appel à la participation électorale et au soutien à la démocratie.