C’est l’histoire d’un conflit entre un propriétaire et ses locataires qui vire au drame. Claude R., 65 ans, et sa fille, Livia, 25 ans, ont été abattus dimanche à Labastide-Gabausse (Tarn), dans la campagne albigeoise. L’auteur des tirs, Alain A., 56 ans, qui leur louait des terres pour leur élevage de chevaux, s’est dénoncé aux gendarmes, qui l’ont trouvé mort chez lui. Mais que s’est-il passé entre eux pour que le quinquagénaire en vienne à tuer le père et sa fille ? Dans cette communauté rurale où tous les protagonistes étaient connus, la question tourne en boucle dans les esprits.

Après le décès de l’auteur présumé du double meurtre de Claude et Livia R., les enquêteurs des sections de recherches d’Albi et Toulouse tentent, eux, encore d’éclaircir les circonstances du drame, selon la procureure de la République Stéphanie Bazart.

Leur enquête a débuté dimanche à la mi-journée lorsqu’Alain A. a appelé la gendarmerie et avoué avoir tué ses locataires. À leur arrivée chez lui, les forces d’intervention ont trouvé le quinquagénaire, inconnu de la justice jusqu’à ce jour, décédé. Il semble avoir mis fin à ses jours.

Selon le parquet d’Albi, un conflit existait « entre les victimes et le mis en cause au sujet d’un terrain appartenant à ce dernier et loué par les victimes. Le mis en cause s’opposait, en effet, à l’exploitation du terrain par les victimes, malgré une décision de justice récente confirmant leurs droits sur ce terrain. »

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ÉcouterLivia devait reprendre l’élevage de pur-sang

Selon La Dépêche du Midi, Claude et Livia, éleveurs de pur-sang et de demi-sang arabes au sein du haras El Jawahir, situé à Virac, à une poignée de kilomètres de Labastide-Gabausse, louaient depuis plusieurs années cette parcelle à Alain. Depuis quelque temps, Claude, à la retraite, transmettait son savoir-faire à Livia pour qu’elle puisse reprendre les rênes de l’affaire. Pour ce faire, la jeune femme avait créé son entreprise en janvier 2024. Elle postait aussi régulièrement des annonces en ligne de vente de chevaux. Sur les réseaux sociaux du haras El Jawahir, des vidéos montrent l’élevage et la probable dernière balade à cheval de Livia samedi avec une amie.

Mais selon des habitants du village, cette reprise de l’exploitation aurait déplu à Alain A., qui aurait refusé de mettre le bail au nom de Livia. Cette dernière travaillait pour l’heure, selon son profil LinkedIn, dans des laboratoires. Des travaux de tronçonnage menés la veille sur son terrain n’auraient pas été appréciés non plus. Des pistes que les enquêteurs doivent exploiter. « Les gendarmes (..) sont chargés de déterminer le déroulé exact des faits, ainsi que les motivations du tireur », indique ainsi la procureure de la République.

Claude R., selon un témoin à Ici, était « passionné par ce qu’il faisait » : « C’était une très forte personnalité, il savait ce qu’il voulait, comme beaucoup d’entre nous. » Selon cet élu municipal, l’éleveur avait « un très très fort caractère » : « Il pouvait être très sympathique comme odieux (…), il pensait que par la procédure on pouvait avoir tout ce que l’on veut. »

Moins jovial, plus solitaire, Alain A. vivait seul dans une maison du village. Selon l’un de ses voisins, le quinquagénaire aurait eu l’impression qu’on lui forçait la main en le poussant à céder sur le bail de ses terres.