Pour Séverine et Philippe, le couperet vient de tomber. Depuis des années, ce couple de Rennais se bat contre le projet Ecotones. Devant chez eux, près du rond-point des Gayeulles, deux tours de 11 et 15 étages, dont la plus haute culminera à 48 mètres, doivent être construites. Les deux riverains avaient attaqué le permis de construire accordé par la mairie en 2022, avec trois autres voisins. Sans succès : le Conseil d’État les a déboutés, ce mardi 29 juillet 2025. Juridiquement, plus rien ne s’oppose au lancement du chantier.

« On est plutôt fiers d’être allés au bout de ce qu’on pouvait faire, même si le résultat ne va pas dans notre sens », confie Philippe. Séverine ajoute : « Ce qui ressort de notre démarche, c’est qu’à partir du moment où les élus ne nous écoutent pas, il faut faire entendre sa voix en justice. Et informer les Rennais que ça peut leur arriver à eux aussi, vu le rythme de constructions dans la ville. »

Une inquiétude toujours vive

Ces dernières années, les chantiers se sont multipliés à un rythme impressionnant dans la capitale bretonne. Pour répondre à la pénurie de logements, la municipalité fait le choix de « reconstruire la ville sur elle-même ». Mais cette densification, à l’œuvre sur les friches industrielles ou le long des grands boulevards, ne passe pas toujours auprès des riverains. Perte d’ensoleillement et d’intimité, saturation du stationnement, services de proximité sous-dimensionnés… Résultat : les recours se sont multipliés.

Pour les futurs voisins d’Ecotones, la justice vient de passer mais l’inquiétude reste : « Que va devenir notre quartier ? », s’interroge Philippe. D’autant que le secteur a déjà largement contribué aux constructions de logements, selon Suzie, autre habitante. « Quand je suis arrivée il y a 14 ans, il n’y avait que des maisons autour de chez moi », se souvient-elle. « Depuis, beaucoup ont été détruites pour construire des immeubles à la place ». Impliquée dans la vie du collège du secteur, elle note déjà des classes surchargées. « Je me demande comment on va faire pour accueillir des élèves supplémentaires. Et la même question se pose, sur les crèches, les écoles, les cabinets de médecin… »

Pas encore de date annoncée

Du côté du porteur du programme, Pierre Promotion, on salue au contraire « une bonne nouvelle ». Et on insiste sur la qualité esthétique du projet, qui a fait l’objet d’un concours d’architectes en 2014. « Il a fallu être patient, souligne Sandra Blot », la directrice. « Mais il y a eu de l’inquiétude de la part des habitants et cela peut se comprendre. En tout cas, nous nous réjouissons de pouvoir réaliser ce programme, en respectant à la fois les futurs occupants et les riverains. »

Pour l’heure, aucune date n’est avancée pour le début des travaux. Le projet ayant été mis sur pause en attendu l’issue des recours juridiques, les équipes de Pierre Promotion doivent « se remettre au travail à la rentrée ».