Cinq ans après Shuni, Naomi Fontaine nous invite chez les aînées de Uashat mak Mani-utenam pour son quatrième roman Eka ashate, Ne flanche pas.
Elle y raconte surtout la vie de sa mère, son héroïne.
« Ce n’est pas facile d’écrire sur ses parents, sur sa mère en particulier. Je suis contente de l’avoir fait avec authenticité », confie-t-elle.
C’est d’ailleurs une photo de sa mère qui orne la couverture du roman. L’image la fige à 19 ans, alors qu’elle veille sur son bébé, le grand de frère de l’autrice, lors d’un rassemblement chrétien.
« Il y a quelque chose dans son regard, pour moi c’est de la détermination », dit-elle avec admiration.
Au fil d’entrevues avec les aînées de Uashat mak Mani-utenam, Naomi Fontaine a tenté de retracer les actes de résistance quotidiens.
« Comment est-ce que les coutumes et notre langue ont pu résister à autant de colonialisme et de mépris », s’est-elle demandé.
L’écriture s’est étendue sur une période de quatre ans, durant laquelle l’autrice cherchait le fil de « lumière » pour relier ces récits de vie.
« À l’intérieur des maisons, c’est là que s’est faite la résistance, par des gestes simples, des gestes de transmission », raconte-t-elle.
On y retrouve notamment une page de l’histoire de sa grand-mère paternelle, ancienne enseignante et conseillère au conseil de bande. Noami Fontaine s’est aussi penché sur des histoires de « cycle » qui traversent les générations.
« Il travaillait pour le territoire innu, mais il n’avait jamais vraiment été dans le bois. Maintenant, c’est son fils qui le guide pour aller dans le bois », raconte-t-elle, à propos d’un aîné.
« C’est ainsi que les choses devaient se passer »
La philosophie que les aînés lui ont transmise se résume par la chanson de l’auteur-compositeur-interprète innu, feu Philippe McKenzie. Epame nuentan est « l’hymne national innu », la mélodie qui fait automatiquement danser les kukum pour le makusham. Selon Naomi Fontaine, le refrain se traduit par « C’est ainsi que les choses devaient se passer ».
Elle y voit un message d’acceptation combative. « Les aînées m’ont appris de dire: le passé, c’est le passé. […] tu dois miser sur ce que tu as reçu », explique-t-elle.
Selon l’autrice innue, cette « résistance tranquille » découle du mode de vie nomade dans le Nitassinan, où les aînées devaient se battre chaque jour pour survivre.
Eka ashate, Ne flanche pas, publié aux éditions Mémoire d’encrier, sera dans les librairies dès le 4 août. Un lancement se tiendra au Musée Shaputuan le 1 août.