Silence de mort, ce mardi, dans la grande salle du CMA Les Lices (7e). Peter Svidler, grand maître international d’échecs et ancien numéro 4 mondial, calcule son prochain coup. Pour mieux se concentrer, la légende du jeu de stratégie déambule entre les dizaines de tables. Le visage tendu, l’ancien champion du monde ne peut s’empêcher de jeter un coup d’œil aux plateaux des jeunes joueurs marseillais, aussi en lice pour la 18e édition du Festival international d’échecs de Marseille.

Des champions internationaux aux prises avec des débutants. L’image est surréaliste mais elle incarne une volonté, celle de Laurie Delorme, présidente du club Marseille Echecs et co-organisatrice du festival : « Les échecs sont une discipline inclusive par essence. Avec ce festival on s’engage à respecter une diversité totale en termes de nationalité, de genre, d’âge et de niveau. » Agencée sur toute la semaine, la 18e édition du Festival international d’échecs de Marseille doit sacrer ses champions d’ici dimanche prochain. L’initiative prévoit deux tournois officiels, réservés à tous les titulaires d’une licence d’échecs, mais elle se veut aussi ouverte au grand public : « On essaye aussi de toucher un public non échiquéen, en proposant des activités d’initiation ouvertes à tous », précise Juliane Romain, responsable du pôle inclusion à Marseille Echecs. Débarqués d’Inde, de Turquie, de Finlande, de Russie ou encore d’Algérie, une large partie des 140 compétiteurs vient de l’étranger, et donne à l’événement sa carrure internationale.

Gagner ensemble

Dans une ambiance feutrée, les parties sont rythmées par le cliquetis des pions. Matéo, 12 ans, livre son secret pour décrocher la victoire : « C’est un tournoi lent, il faut savoir gérer son temps. » Aucune barrière ne semble séparer les joueurs, si ce n’est celle des ELO, l’indice qui départage le niveau de chacun. À la table 24, Lou, 11 ans, affronte Yvan, retraité. Tous les deux ont dépassé les 1800 ELO. À quelques rangs de là, un jeune joueur chuchote dans l’oreille de son adversaire, déficient visuel, pour lui indiquer la case où son cavalier vient d’atterrir. Pour Jade, 10 ans, le festival est aussi l’occasion d’apprendre la défaite : « J’aurais pu gagner mais j’ai fait nul, c’est déjà ça », s’esclaffe-t-elle, avant de courir vers son prochain adversaire.