En guerre contre la taxe de solidarité sur les billets d’avion, la compagnie aérienne irlandaise Ryanair a annoncé ce mercredi une réduction de 13 % de sa capacité en France pour l’hiver 2025, soit 750 000 sièges en moins, l’annulation de 25 lignes et l’interruption de la desserte de trois aéroports, dont celui de Strasbourg-Entzheim.
Ryanair quittera l’aéroport dès la fin octobre 2025
La première compagnie à bas coûts européenne a donc annoncé « l’arrêt de ses opérations » aux aéroports de Strasbourg-Entzheim, mais aussi de Bergerac (Dordogne) et Brive (Corrèze), sauf revirement du gouvernement français. La compagnie avait déjà quitté Vatry (Marne) au printemps.
À Strasbourg-Entzheim, Ryanair exploite actuellement deux lignes : l’une vers Agadir (depuis avril 2023 ; 2 allers-retours par semaine) et l’autre vers Porto (depuis novembre 2022 ; 2 allers-retours par semaine). Pour la plateforme bas-rhinoise, l’impact prévisible de ce départ, soit la suppression de huit vols par semaine, est loin d’être anodin : en 2024, Ryanair a transporté 6 % des passagers ayant embarqué et débarqué à Strasbourg-Entzheim.
« Cette décision fait suite à l’échec du gouvernement français à annuler l’augmentation excessive de la taxe aérienne, qui a été augmentée de 180 % en mars 2025 », a expliqué dans un communiqué la compagnie aérienne irlandaise. La taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA) est passée à 7,4 euros contre 2,63 euros auparavant pour les vols intérieurs ou vers l’Europe.
« Cette taxe astronomique rend la France moins compétitive par rapport à d’autres pays de l’UE comme l’Irlande, l’Espagne ou la Pologne, qui n’imposent aucune taxe aérienne », a poursuivi Ryanair. La compagnie avait menacé de réduire ses opérations en France depuis le triplement de la taxe de solidarité sur les billets d’avion appliquée dans le budget 2025. Le patron de la compagnie Michael O’Leary avait cependant assuré fin mars qu’il ne couperait pas de desserte régionale.
Des menaces pour l’été 2026
La compagnie s’est aussi fait menaçante pour l’été 2026. « Sans action urgente, la France risque de perdre encore plus de capacité et d’investissements au profit de marchés plus compétitifs à l’horizon de l’été 2026, laissant les aéroports régionaux à moitié vides, tandis que d’autres pays de l’UE continueront d’attirer les investissements des compagnies aériennes, devenus rares en raison de la pénurie d’avions », a-t-elle souligné.
Au contraire, si le gouvernement décidait de supprimer complètement cette taxe, Ryanair pourrait envisager une croissance ambitieuse en France dans les années à venir, incluant un investissement de 2,5 milliards de dollars (25 nouveaux avions) et un doublement du trafic à plus de 30 millions de passagers par an.
L’Union des aéroports français (UAF) avait mis en garde contre le risque de voir les compagnies aériennes à bas coûts, qui pèsent plus de 99 % de l’activité de Beauvais, Carcassonne, Béziers et Nîmes, se détourner de la France en raison de l’augmentation de cette taxe.
Troisième volte-face depuis 2003
« Nous allons travailler pour compenser cette baisse d’offre et pour que l’impact soit le moins important possible », a assuré ce mercredi la direction de l’aéroport. Localement, il ne s’agit pas de la première volte-face de la compagnie dirigée par Michaël O’Leary : en septembre 2003, Ryanair avait quitté Strasbourg-Entzheim à la suite d’un jugement du tribunal administratif de Strasbourg annulant les subventions qui lui avaient été accordées par la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de la ville. Elle était revenue en avril 2013 pour à nouveau repartir cinq ans plus tard, fin 2018.
Ryanair est également active à l’aéroport de Bâle-Mulhouse où elle exploite cet été trois lignes au départ du secteur suisse. La compagnie reste le premier partenaire de l’aéroport de Baden-Baden où elle a ouvert une base en 2003 et où elle propose cet été pas moins de 26 destinations.