Par

Thomas Blanc

Publié le

31 juil. 2025 à 6h04

Les chauffeurs de taxi sont déjà descendus plusieurs jours dans la rue au mois de mai pour dénoncer la réforme de leur convention avec la Caisse nationale de l’assurance maladie et la « submersion » des VTC. On en compte plus de 1 500 à Marseille d’après les statistiques de la Ville et ils sont désormais extrêmement remontés face à travaux de la nouvelle place Castellane où ils régnaient jusqu’alors en maîtres.

50 % de clients en moins

Le réaménagement de la place Castellane promettait la fin du tout voiture et cela n’a pas manqué. La place des véhicules motorisés est passée de 45 % de l’espace de la place à 16 % aujourd’hui. Ils ne roulent plus qu’entre l’avenue du Prado et le boulevard Baille.

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Les piétons y circulent et y respirent pour sûr bien mieux mais, une conséquence directe de ce changement est le déplacement de la station de taxi qui ne ravit absolument pas les principaux concernés.

Didier*, chauffeur stationné sur le nouvel arrêt, rue Louis Maurel, en retrait de la place, s’en plaint vivement. « On va mourir ici, dans cette impasse. Ils n’ont pas pensé à nous et on se retrouve coincé là », tempête-t-il. Un autre conducteur peste également : « c’était un lieu extrêmement stratégique et aujourd’hui nous faisons 50 % de clients de moins qu’avant, je suis garé là depuis trois heures et je n’ai fait aucun client. »

Les taxis « y meurent à petit feu »

Cette nouvelle station, à l’est de la place, n’est rien comparée à ce que les taxis ont pu connaître. En effet, la place Castellane, vieille de 113 ans, a continûment, même à une époque où l’automobile n’était pas aussi développée que de nos jours, vu en son sein une station de taxis.

Cette ancienne halte, directement sur la place, dans le rond-point que formait avant la fontaine Cantini trônant en son centre, comptait quinze places pour les taxis, à la vue de tout le monde, et était « l’une des plus importantes, si ce n’est la plus importante de Marseille » d’après le syndicat Alliance Taxi qui précise à actu Marseille que « ce nouvel emplacement, personne n’en voulait ».

Aujourd’hui, la nouvelle station, où seulement trois véhicules peuvent stationner est « non visible et enclavée dans la rue Louis Maurel » et les taxis « y meurent à petit feu », appuie Sami Benfers, conseiller municipal (GRS) délégué aux taxis de la Ville de Marseille. Il explique s’être battu pour rendre aux taxis un espace de travail convenable à Castellane.

Des réunions qui n’ont servi à rien

Pour faire avancer ce sujet, l’élu a, dès sa prise de fonction, alerté celui qui était en charge du dossier à la Métropole Aix-Marseille : Philippe Ginoux, délégué entre autres à la voirie, aux infrastructures, aux parcs et aires de stationnement. Ce dernier s’est montré « très positif en acceptant mes propositions de réunion de travail entre lui, les représentants des taxis et moi » d’après l’élu de la Ville.

Lors de ces réunions, plusieurs solutions ont été envisagées pour permettre aux taxis de continuer de travailler sur ce secteur. « Nous avons notamment réfléchi à faire repartir les taxis sur l’avenue du Prado depuis leur nouvelle station directement par la place Castellane (actuel espace totalement piétonnisé NDLR) », éclaircit Sami Benfers.

Il a également été pensé que la station rue Louis Maurel soit une station de réserve et que trois taxis à la fois puissent stationner directement sur la place pour être visibles. Les voitures se seraient donc relayées, quand une serait partie avec un client, une autre serait sortie de la station de réserve pour la remplacer.

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D’après lui, Philippe Ginoux s’est montré « animé par l’envie de trouver une solution de consensus », lui laissant donc bon espoir de sortir par le haut de cette histoire. Malheureusement il n’en sera rien, « au-dessus de nous, il a été décidé que rien ne serait fait et que les taxis seraient enfermés là, sans solution », bredouille Sami Benfers.

Le contre-exemple Aix-en-Provence

« Sur cette place il y a le métro, le tramway, le bus mais pas les taxis. Les exclure ainsi, de manière non réfléchie, en dit long sur la déconnexion des décideurs de la métropole, à l’exception de Philippe Ginoux », poursuit le conseiller municipal de Marseille.

Pourtant lors du réaménagement d’autres grandes places, la métropole a su trouver des solutions. À Aix-en-Provence, au nord de Marseille, où la place du Général de Gaulle (plus communément appelée La Rotonde) a également fait peau neuve très récemment pour restreindre la place de la voiture, la moitié de la place qui formait également un rond-point n’est accessible qu’aux seuls taxis et bus, ne les ayant donc aucunement invisibilisés.

Vue de la Rotonde à Aix où les véhicules motorisés partant sur la droite tandis que les taxis stationnent et chargent leurs clients sur la gauche.
Vue de la Rotonde à Aix où les véhicules motorisés partent sur la droite tandis que les taxis stationnent et chargent leurs clients sur la gauche. (©Capture d’écran Google Maps)

La mairie de Marseille essaie désormais de savoir si elle peut donner une autorisation de circulation sur la place Castellane aux taxis pour leur faire rejoindre l’avenue du Prado plus facilement. Même si cela peut leur assurer une activité, cette décision dénaturerait tout l’intérêt du nouvel aménagement de la place.

Contactée à ce sujet, la métropole Aix-Marseille n’a pas répondu aux sollicitations d’actu Marseille avant la publication de cet article.

*Le prénom a été modifié

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