C’est l’histoire d’un défi un peu fou. Le genre de challenge qui, sur le coup, parce qu’il ne nécessite qu’un clic sur un site Internet, paraît attrayant. Mais dont on réalise l’ampleur plus tard, à mesure que le jour J approche. À Quimper, c’est peu ou prou ce qui est arrivé à Malo Bonny, Erwan Bernard et Pierre Salaün.

En fin d’année 2024, ces trois collègues du bar Le Finistère, à Quimper, ont décidé de participer au marathon de Paris. 42,195 kilomètres de course dans les rues de la capitale, parsemés de points de vue à couper le souffle sur les plus beaux monuments de Paris. Sur le papier, le défi est alléchant. Mais dans les faits, franchir la ligne d’arrivée s’apparente à une aventure. Surtout quand on ne l’a jamais fait !

Deux novices du marathon

« De nous trois, Erwan est le seul à avoir déjà participé à des marathons », expose Malo. « C’est lui et un autre collègue, habitué à la course, qui nous ont encouragés, Pierre et moi, à participer. » Pour le jeune serveur de 22 ans, le défi est de taille : « Personnellement, je n’avais pas du tout l’habitude de courir. J’ai commencé à m’entraîner fin novembre. Malheureusement, j’ai dû tout arrêter fin janvier pendant deux mois après un accident de ski. Je n’ai repris mon entraînement que fin mars ».

« En réalité, dans la vie de tous les jours, je suis plus “barathon” que marathon… J’y suis allé quasi sans préparation, avec pour seul objectif de franchir la ligne d’arrivée »

S’il a davantage l’habitude d’enchaîner les foulées, Pierre, 37 ans, doutait lui aussi de sa capacité à franchir la ligne d’arrivée : « À la base, j’aime bien courir, mais ça faisait longtemps que je n’avais pas participé à une course. En réalité, dans la vie de tous les jours, je suis plus “barathon” (*) que marathon… J’y suis allé quasi sans préparation, avec pour seul objectif de franchir la ligne d’arrivée ».

« L’ambiance est tellement dingue… Ça vaut les courbatures ! »

Le jour J, c’est ensemble que les trois Quimpérois s’élancent sur les Champs-Élysées. À mesure qu’ils avalent les kilomètres, le stress relatif à l’enjeu du moment disparaît. Les trois serveurs filent de la place de la Concorde vers le Palais Garnier, dépassent la place de la Bastille puis celle de la Nation, traversent le bois de Vincennes et rallient Notre-Dame-de-Paris et le bois de Boulogne. « Passé le 30e kilomètre, mes jambes ont commencé à être vraiment lourdes », se souvient Erwan, 38 ans. « Je n’avais plus de force… Il a fallu que je m’accroche pour continuer. »

C’est à peu près à la même distance que Malo a lui aussi failli laissé tomber. Mais c’était sans compter la ferveur du public ! « À un moment donné, j’avais des crampes tous les deux kilomètres. J’aurais clairement pu m’arrêter. Mais au marathon de Paris, tout est fait pour que tu continues : les gens crient ton prénom, il y a de la musique, des fanfares, on t’acclame quand tu passes… C’est tellement grisant, on y prend goût ! »

« J’avais un petit drapeau de la Bretagne sur mon dossard et tous les Bretons du public m’ont soutenu ! »

Prêt à remettre le couvert

C’est aussi la clameur qui a poussé Pierre quand il n’en pouvait plus : « J’avais un petit drapeau de la Bretagne sur mon dossard et tous les Bretons du public m’ont soutenu ! » Résultat des courses : Erwan a bouclé le marathon parisien en 3 h 42, Pierre en 4 h 09 et Malo en 4 h 23. « À la fin, c’était de la joie pure », confie Malo. « Je me suis dit : “On l’a fait” ! » Le jeune serveur, qui ne connaissait rien à la course il y a encore quelques mois, est bien décidé à revenir fouler les pavés parisiens : « Ça m’a clairement donné envie de me réinscrire. L’ambiance est tellement dingue… Ça vaut les courbatures ! ».