Les vingt premières minutes de There Will Be Blood, le portrait lyrique de Paul Thomas Anderson d’un magnat du pétrole impitoyable qui accède au pouvoir et au prestige dans l’Amérique du début du 20e siècle, sont pratiquement silencieuses. Le Daniel Plainview de Daniel Day-Lewis est un jeune prospecteur qui trouve de l’argent dans un puits au Nouveau-Mexique. Pendant les fouilles, son harnais se rompt et il plonge dans l’obscurité, se cassant la jambe. Se révélant être un survivant déterminé, il se traîne à quatre pattes jusqu’à la ville. Comme l’a dit Quentin Tarantino, “aussi salaud que cet homme se révèle être, ce courage lui donne en fait le droit d’être un héros, pour presque tout ce qu’il fait”. C’est l’un des prologues les plus puissants du cinéma, qui établit que cet homme est prêt à faire (et à endurer) n’importe quoi pour assurer son pouvoir et son héritage.
À voir sur Paramount+.
2. Inglourious Basterds (2009)
C’est la scène qui a valu un Oscar à Christoph Waltz et qui a révélé le talent de l’acteur français Denis Ménochet sur la scène internationale ; un moment à deux voix captivant dans lequel un homme est forcé de choisir entre la vie de sa famille et celle des Juifs qu’il héberge sous son plancher. (Avec aussi des pointes d’humour noir : quand le détective nazi Hans Landa, interprété par Christoph Waltz, sort son énorme pipe, ou avale une pinte de lait). La guerre des mots entre Hans Landa, pour qui le génocide n’est rien de plus qu’un sport, et le simple éleveur de vaches laitières de Denis Ménochet, est empreinte de terreur et, en fin de compte, d’une profonde tragédie.
À voir sur Prime Video et HBO Max.
1. Il faut sauver le soldat Ryan (1998)
Au fil des ans, de nombreux films de guerre ont rendu compte de manière adéquate de l’horreur des conflits. Mais aucun n’a atteint les sommets techniques de Il faut sauver le soldat Ryan, notamment en ce qui concerne la reconstitution du débarquement d’Omaha Beach. C’est un film hyper-immersif, hyper-réaliste et hyper-brutal ; c’est Steven Spielberg dans un mode similaire à celui de La Liste de Schindler, choisissant de ne pas reculer devant l’effusion de sang et la barbarie, mais en se concentrant sur les détails. Un soldat hébété et confus ramasse son bras arraché dans le sable comme s’il ramassait une canette de coca au Monop’, et le chaos règne tout autour, tandis que le capitaine John H. Miller (Tom Hanks) se démène avec son escouade pour esquiver les tirs de mitrailleuses et attaquer la ligne de défense allemande. La guerre, c’est l’enfer, mais rarement un film ne vous a placé de manière aussi convaincante dans ses tranchées brûlantes.
À voir en VOD.
Initialement publié sur British GQ