Les radiologues sont remontés. Très remontés. Dans un rapport publié le 15 juillet dernier, l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) et l’Inspection générale des finances (IGF) pointent du doigt la « pertinence » et l’ « efficience des dépenses de radiologie ». En gros : cette spécialité coûterait trop cher (3,8 milliards d’euros en 2024, en hausse de 22 % depuis 2019) et les radiologues seraient trop payés.

Le rapport indique que les radiologues sont « les médecins les mieux payés de toutes les spécialités médicales si l’on exclut deux spécialités dont les effectifs sont nettement moindres, les médecins nucléaires et les radiothérapeutes ». Il évoque « une rémunération deux fois supérieure à celle des autres médecins spécialistes ». Mais les 9.140 radiologues exerçant en France sont-ils si bien payés ?

De 100.000 à 212.700 euros par an

Dans leur rapport, l’IGF et l’Igas se basent sur des données de la Drees, notamment une mission publiée en 2024 intitulée « Les revenus libéraux et salariés des médecins ayant une activité libérale en France en 2021 ». Il y est rapporté un revenu moyen de 124.000 euros par an pour les médecins. Un chiffre qui monte à 153.300 euros pour les spécialistes et à… 212.700 euros pour les radiologues.

« Personnellement, j’aimerais bien gagner autant ! », lance Jean-Philippe Masson, président de la Fédération Nationale des Médecins Radiologues (FNMR). Feuille d’imposition sous les yeux, il assure avoir gagné 105.000 euros l’année dernière, malgré son statut d’associé dans une clinique de Carcassonne.

D’importants frais de fonctionnement

« Je ne sais pas comment ils font leurs calculs, mais on est très loin de la réalité », assure le médecin. Le radiologue préfère se baser sur les chiffres de la Carmf, la Caisse autonome de retraite des médecins de France. Cette dernière s’appuie sur les avis d’imposition envoyés par les médecins pour calculer les revenus moyens par spécialité. Selon les données de la Carmf, les bénéfices non commerciaux des radiologues vont de 112.000 à 142.000 euros par an. « Ce chiffre est on ne peut plus transparent et c’est la moitié de ce qu’annonce la Dress », rétorque le président de la FNMR.

Mais alors, pourquoi de tels chiffres de la Dress ? D’après le docteur Masson, c’est parce qu’ils « intègrent dans les revenus des radiologues le montant des forfaits techniques ». Remboursé par l’Assurance maladie, ce forfait vise à couvrir les coûts d’acquisition et d’entretien du matériel de radiologie. « Mais ce forfait ne va pas dans notre poche, il sert notamment à payer la maintenance des machines, les salaires des manipulateurs et des secrétaires et l’électricité », énumère le médecin.

Des disparités entre hôpital et libéral

Qui dit revenus déclarés ne dit donc pas somme qui tombe dans la poche. « Un appareil d’échographie vaut entre 100.000 et 200.000 euros et on doit le changer tous les 5 ans en moyenne, illustre le radiologue. Le coût de notre matériel est colossal et on ne peut pas comparer cela avec un psychiatre qui n’a pour matériel qu’un éventuel dictaphone. » La psychiatrie et la pédiatrie font, a contrario, partie des spécialités situées au bas de l’échelle des revenus. Selon Jean-Philippe Masson, 70 % de son revenu part dans ces frais de fonctionnement.

« Les radiologues gagnent bien leur vie, mais il y a une différence entre les hospitaliers et les libéraux », rappelle de son côté le professeur de radiologie Louis Boyer, responsable du pôle de radiologie du CHU de Clermont-Ferrand et président du Conseil national professionnel (CNP) de la radiologie. « A l’hôpital, le salaire est le même peu importe la spécialité. Il varie selon l’ancienneté, les responsabilités et le nombre de gardes. » A noter qu’en 2024, 58 % des radiologues exerçaient exclusivement dans le secteur libéral et 22 % exclusivement dans le secteur hospitalier.