À partir du 24 septembre prochain, le Louvre-Lens propose une exposition évènement consacrée à l’histoire du gothique. Pour la première fois, un musée français offre un panorama complet de ce mouvement artistique et culturel, depuis son émergence au XIIe siècle jusqu’à ses multiples réinventions contemporaines.
Né au Moyen Âge avec l’essor des cathédrales, le gothique a été l’un des premiers courants artistiques à se diffuser à l’échelle européenne. Il a profondément marqué l’histoire de l’art, l’architecture et notre imaginaire collectif. L’exposition du Louvre-Lens retrace son histoire, de son âge d’or médiéval à son renouveau romantique au XIXe siècle, jusqu’à la culture populaire (musique, cinéma, fantasy, jeux vidéo, etc.) et l’art contemporain. L’exposition « Gothiques » s’interroge sur la persistance du gothique dans le monde actuel, entre fascination pour l’étrange, goût du sublime et réinterprétation de l’imagerie médiévale.
Une traversée chronologique
Conçue par Annabelle Ténèze, la directrice du Louvre-Lens, l’exposition « Gothiques » s’organise selon un parcours chronologique, composé de huit étapes et de quatre salles thématiques, rassemblant plus de 250 œuvres. Elle retrace l’histoire du gothique tout en explorant ses langages visuels, issus à la fois de prouesses techniques et d’une pensée humaniste. Le parcours débute par les origines de cet art né d’une rupture avec le style roman. Entre 1150 et 1200, un nouvel élan artistique se diffuse à travers l’Europe, combinant les innovations de la sculpture gothique d’Île-de-France et le raffinement de l’art de la vallée de la Meuse (actuelle Belgique).
Maître du Codex de st Georges, La Vierge et l’Enfant sur un trône, Paris, Musée du Louvre © GrandPalaisRmn (musée du Louvre) – Franck Raux
C’est à cette période que naît ce que l’on appelle le « style 1200 », ou « gothique classique », qui témoigne d’un premier langage artistique commun à l’Europe. Le parcours se poursuit avec la redécouverte du gothique au XVIIe siècle, marquée par une certaine nostalgie de l’architecture médiévale. Le XIXe siècle est ensuite abordé, notamment à travers la notion de patrimoine national français et l’essor des collections d’œuvres médiévales, comme en témoigne la création du musée de Cluny (1844). L’ère industrielle et le « Gothic Revival », en réaction au classicisme dominant, sont également explorés. Enfin, l’exposition se clôt sur l’évolution du gothique aux XXe et XXIe siècles et ses représentations dans la culture populaire, allant de la figure de Batman à Mercredi Adams en passant par la culture punk et métal, jusqu’aux églises néogothiques des designs de jeux vidéo.
Iris Van Herpen, Robe cathédrale © Iris van Herpen – photograph © Yannis Vlamos
Les periods rooms
L’exposition se distingue par ses salles thématiques qui mettent en lumière des aspects précis tels que l’écriture gothique du Moyen Âge ou les couleurs emblématiques du mouvement, notamment le noir et blanc. Cette approche permet d’allier un parcours chronologique à une exploration thématique approfondie. De plus, l’exposition propose des period rooms qui témoignent de l’héritage gothique. La première « Vivre néogothique : objets et intérieurs néogothiques », reconstitue un intérieur néogothique avec un mobilier de bureau complet, récemment acquis par le musée de Strasbourg, ainsi qu’une chambre-salon gothique contemporaine.
Maximilien-Henri Hiolle, Ensemble de mobilier néo-gothique du docteur Jean-Chrétien Heiser, vers 1865, Strasbourg, Musée d’arts décoratifs © Musées de la ville de Strasbourg / M. Bertola
La seconde period room, intitulée « Être goth », restitue l’univers de la culture « goth » né à la fin des années 1970, qui se caractérise par un côté sombre et théâtral dans la musique et le style vestimentaire. Au sein de cet espace il est possible de découvrir, grâce à un banc d’écoute, des artistes emblématiques de la scène musicale gothique tels que Joy Division, The Cure ou The Banshees.
Exposition « Gothique »
Musée du Louvre Lens, 99 rue Paul Bert 62300, Lens
Du 24 septembre 2025 au 26 janvier 2026
Un chef-d’œuvre dans le noir : La Vanité