En 2019, Marc Márquez réalisait une saison éblouissante, pratiquement jamais absent des deux premières marches du podium. Il décrochait son huitième titre de champion du monde, le sixième dans la catégorie MotoGP (en l’espace de sept ans), et s’ancrait un peu plus encore parmi les très grands de ce sport. À seulement 26 ans, il était promis à un avenir radieux et tous les records de Giacomo Agostini et de Valentino Rossi semblaient à sa portée.
C’est là que la plus grave blessure de sa carrière a stoppé l’Espagnol dans son élan, dès le premier Grand Prix de la saison suivante. Un accident qui l’a poussé à un arrêt forcé et à une très longue phase de réhabilitation entrecoupée de quatre opérations. Il a malgré tout encore gagné durant cette période, mais n’était plus le Márquez dominateur que l’on avait connu.
Après une transition chez Gresini, également marquée du sceau de la victoire, il est aujourd’hui revenu au sommet et voit aboutir les efforts de ces dernières années pour renouer avec son niveau d’antan. À 32 ans, le voici en passe de remporter un neuvième titre mondial et peut-être de devenir le plus grand pilote de l’Histoire et l’un des meilleurs athlètes de tous les temps, par son palmarès autant que par l’ampleur de la tâche qui aura été la sienne.
Lui-même fait désormais le lien entre ce qu’il est en train de réaliser et l’année de son dernier titre. Mais où se situe le Marc Márquez de 2025 par rapport à celui de 2019 ?
Marc Márquez le jour de son huitième titre de champion du monde, en 2019.
Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images
Après les 12 premiers Grands Prix de la saison 2019, il avait accumulé six victoires et cinq deuxièmes places, soit un total de 11 podiums, ainsi que huit pole positions. Il menait le championnat avec 78 points d’avance sur le second, Andrea Dovizioso. Au total, celui qui était pilote Honda avait amassé 250 points, soit 83,3% du maximum disponible, sachant que chaque Grand Prix en rapportait à l’époque 25.
Six ans plus tard, après les 12 premiers Grands Prix, Marc Márquez a remporté huit victoires le dimanche sur un total de dix podiums (avec une deuxième place et une troisième place) et sept poles. La grande différence par rapport à 2019, ce sont les courses sprints disputées chaque samedi, or il en a gagné 11 sur 12 à ce stade, et décroché la deuxième place de la seule qui lui a échappé.
Tout cela mis ensemble fait que Marc Márquez a empoché 381 points jusqu’à présent, soit 120 de plus que son dauphin au championnat, qui n’est autre que son frère Álex Márquez. Cela représente 85,8% du total des points ayant été mis en jeu jusqu’à présent, sachant que le maximum possible par week-end est désormais de 37. Ce score parfait, le pilote Ducati l’a obtenu à huit reprises !
Au regard du contexte, l’Espagnol est donc en train de réaliser un championnat encore plus fort que celui de 2019. Il y a six ans, il avait établi le record de points marqués en une saison. Depuis l’introduction des sprints, la nouvelle référence est celle des 508 points marqués par Jorge Martín l’an dernier ; or Marc Márquez est sur une meilleure lancée car il a déjà marqué 381 points alors que le Madrilène en comptait 299 au même stade de la saison, il y a un an.
Combien d’autres trophées pour Marc Márquez cette saison ?
Photo de: Ducati Corse
Les statistiques parlent clairement : Márquez domine cette saison, d’autant qu’il est invaincu depuis Aragón, début juin. La question désormais n’est plus de savoir s’il sera champion, mais quand il pourrait décrocher ce neuvième titre mondial…
Lui habituellement si prudent, il a accepté de répondre aux questions portant sur ce sacre annoncé, avant de partir en vacances après un énième succès à Brno. Avouant que sa seule crainte à présent est de se blesser et de lui-même « perdre » ce titre qui lui paraît promis, il a aussi insisté sur la nécessité de mettre son expérience à profit pour suivre la bonne stratégie.
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« Il reste beaucoup de Grands Prix, avec les courses principales et les sprints… J’ai l’expérience de 2014, où j’ai essayé de continuer à gagner, gagner, gagner pour valider le titre le plus tôt possible et où finalement je suis tombé à Misano et en Aragón. Il faut que je fasse attention à tout ça », a-t-il prévenu.
« C’est vrai que j’ai une grosse avance mais il va y avoir beaucoup de courses qui vont s’enchaîner, alors il faut rester concentré. Pas de stress ! J’ai eu assez de pression à gérer dans cette première partie de la saison, et maintenant qu’on a cette avance, ça me permet d’avoir moins de pression et de gérer cette situation. Je vais évidemment essayer de marquer les 37 points à chaque week-end, mais ça n’est pas toujours possible. »
Ses atouts ? Sa polyvalence et son adaptabilité
Son avance lui permet en tout cas de commencer à se projeter et de réfléchir au chemin parcouru depuis sa blessure. « Il est difficile de dire si c’est le meilleur Marc Márquez de l’histoire », a-t-il réfléchi à Brno, après avoir remporté sa huitième victoire de la saison. « Je dirais que c’est l’une de mes meilleures versions, ou que j’ai renoué avec ce que j’avais laissé avant la blessure, en 2019, c’est-à-dire un grand contrôle sur la moto et sur les situations de course. On fait des erreurs, on est tous humains, mais j’aborde tout ça avec une sérénité différente, tout en ayant gardé la même faim. C’est ce qui fait la différence. »
Les chiffres pourraient laisser penser que Márquez gagne aujourd’hui avec facilité et en écrasant ses adversaires, au lieu d’aller au combat et de briller par un style agressif comme celui qu’il était autrefois. Pourtant, lorsqu’on lui a demandé si sa victoire à Brno lui avait paru facile, il a répondu en riant qu’il s’agissait plutôt d’une course « contrôlée ».
« Après la blessure, j’ai adopté un style de pilotage différent, qui me permet de rester rapide, mais avec un rythme cardiaque moins élevé », a expliqué le pilote espagnol. « L’une des victoires que j’ai le plus appréciées cette saison a été celle du sprint en Allemagne », a-t-il ajouté, rappelant qu’il avait alors dû sortir du peloton puis dépasser Marco Bezzecchi dans le dernier tour pour l’emporter. « L’adrénaline est différente. Gagner dans le dernier tour ou dans le dernier virage apporte un tout autre genre de sensations. Mais si on peut gagner comme ça, avec de l’avance, c’est mieux. On se sent un peu plus détendu. »
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