Donald Trump n’a jamais fait dans la délicatesse. Et quand il s’agit des relations internationales, le président américain est adepte d’une stratégie : la loi du plus fort. Ces dernières semaines, il a trouvé son arme ultime pour tenter de faire plier ses adversaires, voire ses alliés : la menace d’imposer des droits de douane toujours plus importants. Elle semble s’adapter à toute sorte de situations, de la guerre en Ukraine à la reconnaissance d’un Etat palestinien en passant par le soutien à Jair Bolsonaro. Mais cette carte « maîtresse » est-elle si efficace ?

Pourquoi sort-il la carte « droits de douane » à tout-va ?

Donald Trump ne l’a jamais caché : il ne souhaite plus que les Etats-Unis s’engagent dans des conflits extérieurs. Le président américain préfère échapper aux confrontations diplomatiques. « Pour éviter de s’engager dans des négociations compliquées, il applique ses menaces de taxes à peu près à tout et n’importe quoi et de manière très incohérente », résume Nicolas Tenzer, spécialiste des questions stratégiques et internationales et enseignant à Sciences Po.

« Ça me fait penser à l’expression « Toute chose ressemble à un clou pour celui qui ne possède qu’un marteau » », résume Nicolas Tenzer. Autrement dit, Donald Trump ne connaît qu’une manière de discuter : en tapant sur les autres. Et c’est avec cet « outil miracle qui fait monter en puissance son pays » que le chef d’Etat s’impose dans le jeu des relations internationales, enchaîne l’enseignant à Sciences Po.

Des sujets qui « n’ont rien à voir »

Après les succès revendiqués face à différentes puissances – UE, Japon, Royaume-Uni, Vietnam, Indonésie, Philippines… , Donald Trump a continué de surfer sur la vague en mélangeant des sujets qui « n’ont rien à voir », remarque Nicolas Tenzer. Il a ouvertement menacé son voisin canadien jeudi : « Wow ! Le Canada vient d’annoncer qu’il soutient la création d’un État palestinien, a écrit le président américain sur sa plateforme Truth Social. Cela deviendra très difficile pour nous de conclure un accord commercial avec eux. »

Même chose pour le Brésil, contre lequel il a mis en application ses menaces d’imposer des droits de douane à 50 %. La raison ? Il estime que le juge supervisant le procès de son allié d’extrême droite Jair Bolsonaro a engagé une « chasse aux sorcières ». Selon le décret en question signé mercredi, la surtaxe se justifie par « la menace inhabituelle et extraordinaire que constitue le Brésil pour la sécurité nationale, l’économie et la politique étrangère des Etats-Unis ».

Un atout réellement efficace ?

Mais la mise en place de ces taxes souvent exorbitantes peut être plus ou moins efficace selon le contexte. En ce qui concerne la guerre en Ukraine, par exemple, voyant que les négociations patinent et que Vladimir Poutine n’a pas l’intention de mettre un terme aux combats, Donald Trump a agité un chiffon rouge qui pourrait nuire à l’économie russe : sanctionner les partenaires économiques de Moscou par des taxes dites « secondaires ».

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L’idée est de taxer à 100 % les importations indiennes ou chinoises si Pékin et Bombay continuent d’acheter du pétrole russe. « Cela pourrait priver la Russie de ses ressources fondamentales mais pas mettre fin à la guerre, développe Nicolas Tenzer. Ces sanctions sont difficilement manœuvrables ». Et risquées.

Un jeu dangereux ?

Pour l’heure, les Etats-Unis ont tiré un certain avantage de ces taxes douanières. Les recettes du premier semestre 2025, de 87 milliards de dollars, dépassent à elles seules celles de l’année 2024. Les droits de douane rendent « les Etats-Unis GRANDS et RICHES à nouveau », s’est d’ailleurs enthousiasmé le républicain sur sa plateforme Truth Social.

Le pari est toutefois périlleux, notamment si certaines puissances prennent des mesures de rétorsion à l’encontre des Etats-Unis. Mais surtout pour le porte-monnaie des citoyens américains, alors que l’inflation poursuit sa remontée. Au bout d’un moment, cette stratégie unique risque de s’essouffler, d’autant plus « si les consommateurs et électeurs de Trump en souffrent », analyse Nicolas Tenzer. Donald Trump sera bien obligé de trouver autre chose, surtout devant l’évidence que ces menaces, finalement, « ne résolvent aucun conflit ».