« Avec le retour de la chaleur, ça va commencer à poser problème pour les odeurs », s’inquiète Charly devant les détritus qui s’amoncellent devant son restaurant de la rue Victor-Massé (IXe), ce jeudi 31 juillet. La veille, les poubelles sont restées sur le trottoir. Et pour cause, dans les arrondissements de Paris où la collecte des ordures ménagères est assurée par la régie de la Ville – les IIe, Ve, VIe, VIII, IX, XIIe, XIVe, XVIe, XVIIe et XXe – les conducteurs de camion-poubelles ont fait grève.

200 agents, soit 90% des effectifs, ont pris part au mouvement en soutien à leur collègue suspendu quelques jours plus tôt, selon les informations de la Ville de Paris. Laquelle indique que les poubelles ne devraient pas rester longtemps pleines sur les trottoirs : « La collecte a repris ce jeudi et l’impact de la mobilisation a été minime », fait-elle valoir.

Le conducteur suspendu est impliqué dans l’accident qui a coûté la vie à Omar, 3 ans, son pied écrasé par la roue d’un camion-poubelle dimanche 20 juillet dans le XIIe arrondissement. Après ce drame, le conducteur a été mis en examen pour homicide routier.

Suspendu « le temps de l’enquête »

L’homme est « placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de conduire, interdiction de contact avec la famille de la victime, obligation de soins », indiquait le parquet de Paris quelques jours après le drame.

Proche de la retraite, il a été suspendu par la Ville de Paris « le temps de l’enquête, car la procédure l’exige lorsqu’un agent est mis en examen », justifie la municipalité. Qui précise que « le conducteur est actuellement en arrêt maladie » et que sa suspension ne sera par conséquent effective « qu’à la fin de son arrêt ».

Dans une lettre adressée à Olivia Polski mardi, maire adjointe en charge des Ressources Humaines de la Ville de Paris, la branche de la CGT représentant notamment les éboueurs et conducteurs dénonce cette suspension. « Il s’agit d’une remise en cause grave de la présomption d’innocence (…). C’est mettre en difficulté l’agent pour assurer le soutien psychologique dont il peut avoir besoin », dénonçait notamment le syndicat.